Tempt Fate a impressionné dès sa première galette par sa justesse, sa violence et son propos sans concession. Cinq ans après un premier album acclamé par tous, les toulousains reviennent avec le successeur et nouveau rejeton, « Holy Deformity ». Pilou, guitariste mais aussi fondateur du groupe, a accepté de revenir sur une génèse de cet opus, certes longue, mais bien plus aboutie.
Metal-Actus : Il s’est passé près de cinq ans depuis la sortie de votre premier album « Human Trap ». alors certes, il y a eu des singles entre temps, mais quelle est la raison de cette longue absence studio ?
Pilou (guitares/backing vocals) : Depuis notre création, et la sortie de notre EP, nous avons du faire face à différents mouvements de line-up. On voulait tout d’abord le stabiliser, et trouver une certaine cohérence entre nous, en tant que groupe mais aussi en tant qu’amis. De plus, on a une production live plus massive, et effectivement, la crise du Covid nous a particulièrement impacté. Et en studio, on a toujours été plus lents (rires). Et puis il faut savoir que Tempt Fate n’est pas notre premier métier, et que nous avons des vies bien remplies à côté !
Même s’il s’éloigne de votre premier album, on voit bien encore les influences sur « Holy Deformity », en particulier celle de Benighted !
Il est vrai que Benighted est toujours bien présent, mais nous avons pu y ajouter pleins d’autres éléments, en particulier grâce à l’arrivée de Jean-Phi (guitares), qui a pris le relai sur certaines compositions. Du coup, il bosse en particulier sur les harmonies et nos riffs de guitare, et notre son a naturellement évolué. Le plus difficile, c’est de tous se trouver dans un style, mais grâce à notre amitié, on a pu y arriver facilement !
Pourquoi d’ailleurs ce titre, « Holy Deformity » ?
Parce qu’il est brutal, tout en restant très sain (rires). Il est un peu dérangeant, mais tout en restant uniforme. Il renvoie à la question du corps : cela résume le fait qu’il nous suffit, la plupart du temps, d’un regard pour avoir beaucoup de choses à penser.
Que peux-tu me dire sur « Erlebnis » avec ce surprenant cri ?
C’est un mot en vieil allemand/autrichien. Le morceau porte sur une expérience freudienne : il est vif tout en étant empêtré dans des longueurs mortifères. Concernant ce cri, qui n’a pas été marrant à faire pour le chanteur (rires), c’est le résultat de cette chose qui, depuis le début de la chanson, lutte pour la vie jusqu’à ressentir, à la fin, un profond déchirement interne. C’est un truc lié à la psychiatrie – je suis dans la vraie vie psychiatre – qu’on tient en fil conducteur : on voulait s’en servir pour mettre en scène une tranche de vie fictive.
Que peux-tu me dire sur « Purge » ?
C’est un morceau très rapide, opaque, oppressant, et suffocant par son aspect grind. Le tempo court juste tout le temps. Elle porte sur un monde maternant. D’ailleurs, le morceau est construit à la manière d’une ritournelle qui tourne mal (rires).
Quoi de prévu niveau concert ?
On a, sans devoir annoncer quoi que ce soit, de belles dates pour l’année à venir : on va pouvoir se faire plaisir et roder notre set avec, entre autres, des morceaux exclus en live.
Vous avez, d’ailleurs, remporté un concours sur Facebook pour être sur l’affiche du festival From The Dust ! Vous vous y attendez, à ce succès ?
Oh que non ! Personnellement, les réseaux sociaux, ça me fait chier (rires), mais on a vu le concours et on s’est dit « Eh bah pourquoi pas ! » (rires). C’était la première fois qu’on participait à ce genre de chose, on s’est dit que cela ne nous coûterait rien, mais on s’attendait absolument pas à gagner ! (rires). On a bien fait d’aller emmerder les gens sur Messenger ! (rires). Cela nous a fait de la visibilité, et on est très content d’aller jouer dans ce festival !
Un dernier mot ?
Chantez des berceuses à vos enfants ! (rires) Et n’hésitez pas à venir nous voir en concert, et à nous donner vos retours : on est toujours ouverts pour entendre vos avis et les tranches de vie que cela vous inspire.