Alors que les grecs amorçaient un virage plus tribal avec « Aealo » (sorti en 2010), Rotting Christ pousse le concept encore plus loin avec « Rituals ». Pari réussi pour les grecs ?
Dans « Rituals » réside un concept : chacune des chansons traite d’un rituel en particulier, et forcément, connaissant le groupe Rotting Christ, ce n’est pas franchement traité du côté positif de la chose. Paradoxalement, Cet aspect ancien que revêtir ces « rituels » est bien amené dans la musique et les paroles en grec.
Et c’est un aspect qui nous saute aux yeux dès qu’on découvre l’artwork : cet homme, qui prie les yeux fermés, a un air apaisé. Mais dans le même temps, on découvre son visage gris, comme s’il était recouvert de poussière. Il a l’air ainsi de sortir d’un livre d’Histoire, d’appartenir au passé
Tout comme l’opus précédent, le rythme est tribal, parfois à la limite de la marche militaire. La voix de Sakis Tolis se fait rauque (un peu comme si elle venait d’outre-tombe), et tellement qu’elle vous retournera les tripes. Les textes restent recherchés, travaillés pour chaque « rituel » : on voit que le sieur Tolis a bossé son sujet, les paroles ayant une grande importance sur cet opus.
A noter la présence d’un texte en français, « Les Litanies de Satan » (avec Vorph de Samael au chant, ce qui aide certainement à la prononciation de la langue), traduction d’un texte hindou et déclamé à la manière d’un poème … ou d’une prière démoniaque.
Moultes autres guests sont présents sur cet opus : l’actrice du théâtre national grec Danai Katsameni, qui donne un aspect tragique à « Elthe Kyrie », presque effrayant, comme si elle tenait le rôle d’une sorcière. Nick Holmes (Paradise Lost) nous surprend puisque son chant, presque parlé, se rapproche plus de son autre groupe, Grand Morbid Funeral, ce qui donne au morceau un aspect beaucoup plus sombre que les autres, presque même mystique (notamment via le travail sur la voix du sieur Holmes, parfois amplifiée par exemple).
Les deux guitares du groupe viennent véritablement construire tout un squelette autour de ces morceaux, parfois très mélodiques, parfois très brutauxs. On entend parfois des instruments plus traditionnels, à l’image des flûtes que nous entendons le long de « Ze Nigmar » ou dans « Thou Thanatou »
Quant à la production, elle est toujours aussi impeccables. On pourra juste regretter un petit manque d’originalité par rapport aux deux précédents opus sur deux titres, notamment sur « Konx Om Pax »
Bref, c’est un album dans la stricte continuité du précédent, regorgeant de pépites musicales à chaque chanson et aux paroles lourdes de sens. Il vous fera bien secouer les tifs. Un indispensable de cette année !
Note : 9/10