Archives par mot-clé : Interview

[INTERVIEW] Etienne (Shaârghot) : « S’il n’y a plus de créature, il n’y a plus d’univers »

Après leur succès, surprise pour eux, de leur premier album, les Shaârghot nous offre une petite friandise, l’EP « Break Your Body » ! Etienne, chanteur de la formation, est revenu sur cette courte galette mais aussi sur l’avenir de son enfant terrible, sa créature …

Metal-Actus : Votre nouvel EP, « Break Your Body », est sorti au mois de novembre dernier. Avez vous eu des premiers retours ?

Etienne (chant) : Oui. Les retours ont été positifs, mais à chaque fois pour des raisons différentes : les gens y trouvent un peu ce qu’ils veulent dedans, que ce soit par rapport à l’aspect visuel, aux sonorités … les gens ne sont jamais d’accord sur cet EP ! (rires) A chaque fois que je rencontre des gens, je découvre de nouvelles choses sur ce qu’on a fait ! Alors c’est bien, ça me donne de nouveaux points de vue !

Sur cet EP, j’ai l’impression que vous vous êtes bien lâchés par rapport au premier album !

Cela a toujours été le cas, Shaârgot étant une sorte de chimère. Et je dirai que le premier album est aussi dans le même ton. En fait, il ne devait même pas avoir de suite : c’était quelque chose de très brut qu’on voulait poser. On ne pensait pas qu’il aurait rencontré le succès. On avait très peu de moyens, très peu de bandes de synthés différentes, donc on s’est retrouvé très vite limités mais on a essayé de créer quelque chose. Sur le deuxième, on s’est retrouvé avec beaucoup plus de matos qu’avant, notamment grâce à l’arrivée de Clémix dans nos rangs, et là on a pu expérimenter vachement plus de choses. On reste toujours dans quelque chose de dance-floor électro avec des sons de grattes, et à chaque fois, on a exploré des choses très différentes. Tout bonnement parce que je n’aime pas faire deux fois le même truc.

Un deuxième album est donc prévu ?

Un deuxième album est prévu, cette année normalement. Il devrait se composer de 14 titres.

Pourquoi alors avoir choisi de sortir « Break Your Body », un EP ?

Il y a eu de la demande. Beaucoup de demande. On a joué le titre « Break Your Body » pour la première fois il n’y a pas loin d’un an maintenant, pour voir simplement comment ces nouveaux titres passaient sur scène. Et on s’est pris un formidable retour des gens qui nous disaient, « vas-y, où est-ce qu’on peut l’écouter ? » (rires). Donc voici un EP avec quatre titres et un cinquième bonus qui ne figurera pas sur l’album. Voilà. Biscuit quoi ! (rires). Donc rongez-le jusqu’à l’os car on ne pourra pas sortir le reste tout de suite. On ne va pas faire de deuxième EP en attendant l’album, non, non (rires),

Pourquoi avoir choisi de mettre en avant « Break Your Body » ? Est-ce parce que vous l’avez joué il y a un an et qu’il a été fortement demandé ?

Pour plusieurs raisons : pour ce côté dancefloor que j’aimais bien, qui lui donne ce petit côté single. Après il y a le message qu’on veut faire passer : nous ce qu’on veut voir en live, ce sont des personnes qui se « break their body » (NDLR : « Se casser le corps » en français) justement. On veut des gens qui bougent, qui soient vivants, qui dancent, qui pogotent, qui font des walls of death, qui font des circles pits, qui se retrouvent dans des situations intenses et violentes. Lâchez-vous ! Pour le troisième sens, c’est plus lié à la créature elle-même, et c’est directement destiné à son créateur : « si je te retrouve, je t’éparpille façon puzzle ». Voilà (rires)

C’est ce sens qu’on retrouve dans l’artwork ?

Alors l’artwork est, ni plus ni moins, qu’une scénette de la vie quotidienne du Shaârghot.

Il a une vie fort trépidante ce garçon !

(Il prend le CD)

Donc on est dans la petite cave du Shaârghot. On voit de nouveaux Shadows en cours de création. On voit Scarskin qui se fait maltraiter comme d’habitude….il s’en prendra toujours plein la gueule (rires). Le pauvre ! Mais il a signé pour ! Il n’est pas malheureux de son sort (rires).

Il aime ça donc ?

Je ne veux pas savoir pourquoi, mais oui, il doit aimer ça (rires) Et depuis longtemps ! Trois ans qu’il s’en prend plein la tronche, il est même déjà arrivé que le public s’y mette aussi, mais bon, il survit (rires).

Que peux-tu me dire sur « Doomsday » ?

C’est une référence, ni plus ni moins au jeu « Doom ». Je pense que ça se retrouve un peu dans les sonorités. Au début, les espèces de sons sourds que tu entends c’est un peu comme un appel, une invitation à ouvrir les yeux, à ouvrir la porte de chez toi et à te rendre compte qu’en fait, le monde entier est littéralement en flammes. On est rentré dans la tête du Shaârgot : on est enfin dans son rêve ultime, on est au moment de l’apocalypse, où la terre s’ouvre, d’où les Shadows vont envahir la ville. Ils peuvent faire tous ce qu’ils veulent, dans la liberté la plus totale. Et le Shaârghot se balade dans les cendres du monde, qui est en train de s’écrouler sous ses pieds. C’est vraiment son plus grand fantasme, c’est le moment de destruction qu’il attendait. C’est un rêve du Shaârghot. On n’y est pas pour de bon.

Cela ne m’étonne absolument pas de lui (rires)

Oh il commence de moins en moins à m’étonner le bonhomme. Il va falloir qu’il fasse des efforts.

Est-il possible un jour pour ton groupe de laisser de côté ce personnage du Shaârghot ?

Non, ce n’est pas envisagable. Le groupe va de pair avec la créature. S’il n’y a plus de créature, il n’y a plus d’histoire, il n’y a plus d’univers. Je ne pourrai me détacher de lui. Si je m’en détache, c’est que le groupe sera terminé. L’histoire évoluera, sur les différents albums, à chaque fois, il y aura un pas de franchi, dans sa psycologie ou dans son univers. L’univers restera le même avec des ajouts à chaque fois. Et il y aura une fin, même si je ne sais pas encore laquelle.

Tu parlais d’un deuxième album en préparation. Tu peux nous lâcher quelques infos dessus ?

On en est à un stade où la psycologie du Shaârghot … enfin il va littéralement péter les plombs une bonne fois pour toute (rires). Dans le premier album, il était plus dans un stade découverte du monde qui l’entourait, il cherchait un peu ses repères, il venait de naître faut dire ! Il faut savoir qu’il est vierge de souvenirs mais avec toutes les capacités motrices d’un humain de son âge. Il était dans une découverte plus ou moins malsaine, comme l’enfant qui découvre la fourmilière autour de lui, et qui écrase les fourmis par plaisir pour jouer. Jusqu’au moment où il découvre que certaines fourmis peuvent mordre, et ça ne lui plaît plus du tout. Et il part chercher le spray et le briquet pour en finir avec la fourmilière. C’est pareil pour le Shaârghot : il veut passer à la vitesse supérieure et de tout démolir une bonne fois pour toute. Donc les thèmes abordés sont beaucoup plus violents, les sonorités sont plus dures, le chant est vachement plus agressif, … On retrouvera toujours quelques trucs à la Buster Keaton, bien entendu. Mais ce sera plus « In Your Face »;

On peut l’attendre pour fin 2018 ?

Il y a des chances. On est en train de se faire un bon petit programme de travail, et à mon avis, il y a bien moyen que vous l’ayez cette année.

Pour la scène, qu’avez-vous prévu ?

On est toujours en évolution permanente, à chaque live, on fait le point et on cherche quelques petits trucs qu’on peut rajouter de çi de là. Alors, après, les contraintes qu’on rencontre sont liés au budget, bien entendu, à ce qu’on peut amener dans une salle ou non : la pyrotechnie, c’est bien compliqué surtout pour un groupe qui n’est pas encore une machine de guerre du niveau de Rammstein. On est donc obligés de composer avec ça : on essaie d’expérimenter de nouvelles choses à chaque fois sans pour autant piquer dans le budget de ce qui va servir pour la production de l’album … On a de nouvelles idées donc avec notamment Mr Scarskin pour la mise en scène sur les prochaines dates.

Que penses-tu de ces groupes qui veulent à tout prix donner du professionnalisme au détriment du sourire, et de ceux qui sont dans la contestation contre le système ? Bref, ceux qui ne comprennent pas les autres ?

Alors j’ai un message tout con, on peut faire n’importe quoi mais pas n’importe comment : de la rigueur et de la discipline, oui, ça, il en faut, surtout si tu fais de l’indus qui est une musique particulièrement carrée avec pleins de machines dont tu es tributaire – une fois que tu as fait « Play », elles jouent ce qu’elles doivent jouer et elles ne t’attendront pas. Une fois que tu es sur scène, tu peux faire le grand guignol, il n’y a pas de soucis … Mais il faut qu’il y ait du travail derrière. Sinon tu seras juste un abruti. Alors après oui il ne faut pas oublier qu’on est là aussi pour s’amuser. Faire les choses sérieusement, c’est très bien, mais avant tout, la musique, c’est un métier, mais aussi un plaisir et une passion. Il ne faut pas perdre de vue que si on est là, c’est qu’on a des choses à transmettre aux gens, on est là pour leur donner du plaisir, un instant de bonheur. Il faut leur permettre d’oublier leur quotidien et de venir s’amuser ensemble. On n’est pas là pour faire un concours de technique .
Pour ce qui est des groupes politiquement engagés, alors on a toujours eu un peu de mal avec ça, je n’aime pas le côté moralisateur et donneur de leçons qu’ont certains groupes. Très souvent, je trouve ça assez démago. C’est un petit peu dommage car entre chaque morceau tu vas te taper cinq minutes de discours anticapitaliste. Si je voulais un meeting de Mélanchon, j’irai, pourquoi pas (rires), mais là je suis venu écouter de la musique. Il y a un temps pour la politique, et un temps pour la musique. On peut faire les deux effectivement mais moi ce n’est pas ma came. Dixit un mec qui a fait un titre qui s’appelle « Traders Must Die », mais bon (rires).

Un dernier mot ?

Dindon. (rires)

22886202_1353172511471618_8494994971787492775_n

Clip de « Break Your Body » :

[INTERVIEW] Yves Campion (Basse/voix) – Nightmare : « Quand tu accueilles des nouvelles personnes, tu as de nouvelles envies, une nouvelle dynamique »

Après les départs des frères Amore, on ne donnait pas cher de la peau de Nightmare. Pourtant le groupe a su rebondir très rapidement et nous sort, plus d’un an après ces événements, une nouvelle galette, « Dead Sun ». Et avec l’arrivée de Maggy Luyten (ex-Beautiful Sin, Virus IV) au chant, un nouveau souffle semble s’être emparé des grenoblois. Retour avec Yves Campion (basse/voix) désormais le plus ancien mambre du groupe, sur ce nouvel album plein de promesses et sur l’avenir du groupe, qui semble plus serein.

nightmare_cover_2016

Metal-Actus : Nous sommes là pour la sortie de « Dead Sun », le nouvel album de Nightmare. D’abord, pourquoi ce titre ?

Yves Campion (basse)
: A la base, le titre de l’album ne devait pas être « Dead Sun » mais « Serpentine », un autre morceau du tracklist. On a voulu faire la cover : nous étions partis sur quelque chose de minimaliste et nous n’étions pas satisfait du rendu. C’était un thème assez fermé, dont il n’était pas facile de ressortir des choses : « Serpentine », ça pouvait être un serpent, mais aussi un chemin sinueux … Et puis la maison de disque n’aimait pas trop, et on s’est retrouvé un peu coincé. On est donc parti sur autre chose. « Dead Sun » a donc été choisi car c’est une chanson qui représente aussi beaucoup de chose. On a travaillé avec un artiste belge, Julien Spreutels, un artiste de grand talent qui bosse notamment avec Epysode. On lui a filé le son en lui disant : « Voilà tu te démerdes » (rires) « ça s’appelle « Dead Sun », fait un truc qui colle avec ! » Et il a fait justement cette proposition de pochette actuelle. Et tout le monde a bien apprécié ce qu’il a fait. On va donc dire que c’est l’artwork qui a été décisif du titre et non l’inverse.

Et justement, comment tu expliquerais cet artwork ?

Il n’y a pas de concept particulier en fait : on a cette gamine qui se balance dans le vide en fait, avec le soleil qui est en train de mourir. C’est peut-être aussi une image qui représente un peu là où on va aujourd’hui, donc pas très positive. Maintenant, l’interprétation est libre à chacun. On a toujours été dans des thèmes assez forts. On n’a jamais été trop dans l’eau de rose. Du coup on a essayé de garder ces types de sujets, mais différemment amenés puisque Nightmare a aujourd’hui des nouveaux membres, donc une interprétation nouvelle. On n’a pas voulu casser les directions qu’on avait même si aujourd’hui on a une nouvelle identité. On n’est pas passé du coq à l’âne (rires).

Tu parles de ces changements qui ont eu lieu au sein même de Nightmare. N’ont-ils pas été trop durs à vivre ?

Non. On s’est tout de suite entendus avec les nouveaux venus (NDLR : Magali « Maggy » Luyten au chant et Olivier Casula à la batterie) . Le plus dur c’était de se demander, au mois de juillet, après le départ de David et Joe Amore, comment on allait rebondir et surtout pendant combien de temps. Si on m’avait dit que l’année d’après on aurait un album complet, fini, masterisé avec une date de sortie d’album et plus une première date au Hellfest et dans d’autres festivals, j’aurai pas cru, j’aurai dit qu’on se fout de ma gueule (rires). Je pense qu’il faut toujours croire, même quand on est dans le négatif, que des jours meilleurs peuvent arriver.

Quel a été votre processus de création autour de « Dead Sun » ?

On a gardé plus ou moins le même système, c’est-à-dire que le guitariste va amener des riffs et après chacun met sa sauce. Nous n’étions pas pris par le temps mais c’était tout de même assez rapide, car nous avions pas mal de titres en stock. Quand tu accueilles des nouvelles personnes, tu as de nouvelles envies, une nouvelle dynamique, nous ne voulions rester au stade de démo et avancer dans les compositions. Tout ça s’est fait super naturellement et finalement, on est rentré en studio au printemps 2016, ce qui est énorme quand on pense qu’en juillet 2015, nous n’étions plus que trois, et qu’on se demandait ce qu’on allait devenir.

Pourquoi avoir choisi « Ikarus » pour votre premier clip ?

Tourner un clip avec un storyboard, des acteurs et tout ça demande énormément de travail avec en amont une préparation, si on veut le faire correctement. On n’arrive pas comme ça, même avec une équipe de production. On ne voulait pas se lancer là-dedans, et on voulait trouver un titre assez généraliste, pour faire quelque chose de simple. Sur les conseils de notre producteur, on s’est mis à la quête d’un beau site naturel, histoire de se différencier des groupes qui font ça sur fond vert et insèrent des images de type Mad Max derrière. Il nous fallait des belles couleurs et une bonne qualité d’image. Cela collait pas mal donc avec le morceau. Ce dernier a, en plus, un refrain assez catchy, qui nous a conforté dans notre choix.

Peux-tu nous livrer ton ressenti son « Serpentine » ?

« Serpentine », comme c’est le duo avec Kelly Sundown Carpenter (Adagio), est un des titres phares : ça a un côté Nightmare, mais qui va bien plus loin. Pour moi, c’est vraiment le titre représentatif du groupe, tout en ayant un petit côté vieux groove. Après, il y a pleins d’autres morceaux chouettes sur l’album hein (rires), mais celui-là a quelque chose de spécial. Et c’est un titre qu’on va aussi tourner en clip. Il sortira au mois de novembre.

Le clip de « Serpentine » :



Quel est ton avis sur « City Of Agony » ? Il a un petit côté progressif assez étonnant.

C’est un titre où on a essayé des choses, pour donner un peu plus de richesse à l’album. On a notamment enregistré des choeurs de gamins à la fin du morceau – il y en a une vingtaine, de 9 à 12 ans – de la région grenobloise. Je pense que les gens qui préfèrent le côté plus thrash de Nightmare, plus rentre-dedans, plus extrême, accrocheront plus sur un morceau comme « Infected », mais à l’opposé, ce qui est bien, c’est que les gens qui préfèrent le côté plus « prog » du groupe, me parlent toujours de ce titre là. Cela veut dire qu’on a réussi à proposer quelque chose d’assez varié, et c’est cool.

Vous prenez le contre-pied de tout le monde car contrairement à la majorité d’autres groupes, vous restez local et faites votre release party à Grenoble.

Je pense que Paris est déjà assez saturée de concert, parfois on se retrouve avec deux voir trois concerts le même soir. Et puis on a une super salle, qui a ouvert depuis deux ans, La Belle Electrique, et elle est vraiment géniale, on peut y faire un putain de show ! Donc il y a de quoi faire chez nous, on aurait pas pu avoir l’accès à une telle salle à Paris, pour en plus, ne pas avoir un retour sur investissement valable. L’idée était vraiment de préparer quelque chose de conséquent pour les fans, pour les gens car on est un peu de là-bas, et puis parce qu’on a toujours eu un bon retour à chaque fois qu’on jouait « à la maison ». Donc on s’est vraiment dit qu’il fallait faire quelque chose là-bas. Et puis, surtout, les deux groupes qui ont joué avant nous, CFFT et Rising Steel, bougent pas mal dans la région, et ils sortaient leurs albums ce jour-là. Donc c’était la fiesta.

Et sinon vous avez d’autres dates de prévues ?

Notre agence est en train de travailler sur pas mal de choses en même temps, on attend des dates qui devraient tomber sous peu. C’est sûr qu’on va prévoir une date à Paris, c’est quelque chose d’impératif qu’on ne peut pas zapper, mais on attend la bonne opportunité pour ne pas se retrouver en concurrence avec, par exemple, In Flames le même soir. Les choses vont j’espère se décanter.

Comment s’est passé l’arrivée de Maggy au sein de Nightmare ?

On l’a bien accueilli mais on la connaissait déjà : je l’avais kiffé en 2006 quand elle chantait dans Beautiful Sin parce que justement, elle ne chantait pas comme une nana à une époque où les groupes symphoniques au chant haut perché ont explosé. Elle avait ce truc différent. Je l’avais contacté en 2012 pour faire un guest et on avait gardé contact. Et quand il s’est passé ce qu’il s’est passé en juillet 2015, on s’était posé la question de prendre un mec, mais on aurait souffert de la comparaison de gens qui préféraient avant; ou alors tu changes de registre vocal, mais ça peut être risqué. J’étais d’ailleurs en contact avec Daniel Heiman, un ancien du groupe suédois Lost Horizon, qui est un super chanteur qui peut monter très haut. La cassure dans ce cas-là est assez primordiale et alors pourquoi ne pas être stratégique et tenter le coup avec une nana. Maintenant, il fallait que ce soit Maggy, on ne voulait absolument pas d’une chanteuse lyrique. On l’a appelé et ça a collé tout de suite.

14680720_1279479718742895_8661150148729279158_n

Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?

Déjà que pérenniser avec ce line-up, de franchir des étapes car c’est un tout nouveau groupe quelque part ! On a signé un contrat pour trois albums, donc on n’est pas là pour jouer ensemble six mois ! (rires). Après il faut vivre au jour le jour les choses, je me dit que tout ce qu’on a de bon à prendre il faut le prendre, et là on a eu la chance de rebondir aussi rapidement en un an. On aura des belles choses à vivre et à livrer en 2017. On a déjà quelques contacts pour des fests. Et là, on est dans la phase la plus intéressante, on va pouvoir défendre notre album en live. On a hâte de le faire découvrir aux gens et de les voir kiffer. Bon après, ça peut arriver aussi que les gens nous disent juste « bof » (rires). C’est le moment le plus kiffant, mais aussi le plus dangereux (rires). On est à fond sur chaque palier, et on verra ce que nous réserve l’avenir.

[INTERVIEW] Jonas Ekdahl (Batterie) – Evergrey : « On ne revient pas uniquement en tant que groupe, on revient aussi en tant qu’amis »

Deux ans après la sortie de « Hymn For The Broken », Evergrey revient avec « The Storm Within », publié le 9 septembre dernier. Metal-Actus a pu s’entretenir avec Jonas Ekdahl, qui nous confirme la nouvelle sérénité du groupe, et l’envie d’aller toujours plus loin.

Metal-Actus : Le nouvel album d’Evergrey, « The Storm Within », sort le 9 septembre prochain. Pourquoi ce titre ?

Jonas Ekdahl (Batterie) : C’est un concept-album : c’est tout ce qu’il peut ressentir une fois que ça arrive : tu as plein de choses différentes qui te submergent. Tu sais que tu dois tourner la page mais tu ne peux pas t’empêcher de penser à cette personne, au fait qu’elle ne partagera plus des moments avec toi. Le titre résume cette histoire.

Votre artwork résume parfaitement cette idée, deux sortes d’énergie qui viennent se percuter autour de votre personnage principal…

Ouais ! Tu as d’un côté les sentiments positifs de l’autre les négatifs. Tu sais, dans une situation telle que celle-ci, tu ne peux pas t’empêcher de repenser aux bons moments passés avec la personne. Mais tu dois aussi guérir de tes blessures, passer outre ta frustration alors que tu te sens seul au monde.

Cet artwork a été créé par Carlos Fides. Comment vous est venue cette idée ?

Nous voulions créer un endroit spécialement pour notre personnage, pour qu’il se sente le plus seul au monde, perdu dans l’espace. C’est une sorte d’allégorie pour corroborer à notre histoire. Notre histoire se déroule donc sur la planète que tu vois sur notre cover. Et ces idées nous sont venues en écoutant l’album.

A propos de votre premier clip, « Distance », pourquoi ce choix ? J’aurai plus parié sur « Passing Through » personnellement (NDLR : qui sera finalement le troisième extrait dévoilé)

Il représente mieux notre nouvel album. « Passing Through » est une excellente chanson, mais quand nous en avons parlé, il nous a semblé que c’était une bonne idée de choisir « Distance » : personne n’a encore écouté l’album et nous voulions le présenter dans sa globalité, créer un intérêt pour l’histoire. Et je pense que « Distance » est le meilleur choix, car le morceau a réussi à capturer l’essence de tous les titres de l’album.

Une sorte d’introduction à l’album donc ?

Je le pense oui ! Bien évidemment, il y aura certainement une vidéo pour « Passing Through ». On ne va pas la laisser de côté (rires). Mais qui dit premier single dit pouvoir présenter un album, rôle que « Distance » remplit parfaitement pour nous.

Comment s’est déroulée la collaboration avec Floor Jansen (Nightwish, ex-After Forever) sur le morceau « In Orbit » ?

C’est une fan du groupe, une amie proche de Tom (Englund, chanteur du groupe) et de son épouse et elle est avec Hannes (Van Dahl), qui était notre batteur avant de rejoindre Sabaton. Et c’est Carina, la femme de Tom, qui lui a suggéré « Peut-être devrait-tu demander à Floor pour le duo » (rires). Donc c’était son idée. On a demandé à Floor, elle a tout de suite dit oui. C’était génial de faire ça avec elle, elle est très professionnelle et c’est une chouette personne ! Donc tout c’est bien passé.

Et sur « The Paradoxe Of The Flame », c’est bien Carina que j’entend ?

C’est ça ! Elle chante depuis les tout débuts d’Evergrey, depuis notre premier album. Elle est devenue un membre à part entière du groupe. On a aussi la fille de Tom qui chante sur cet album !

Vraiment ? Je ne l’ai pas entendue !

Si si, elle est bien là ! (rires). Elle fait partie des choeurs sur « Distance ». Elle chante depuis deux albums maintenant. Evergrey devient vraiment une affaire de famille (rires)

Maintenant à propos de la tournée, vous allez assurer la première partie de Delain cet automne. Vous allez passer à l’Elysée Montmartre de Paris…

Oui, et nous étions surpris d’apprendre que nous serons un des premiers groupe de metal à y jouer !


En fait, la salle a fermé suite à un incendie il y a quelques années. Vous serez effectivement l’un des premiers groupes à y jouer après sa réouverture.

Ce sera donc un chouette concert ! On jouera aussi à Toulouse et Lille. J’ai vraiment hâte d’y être ! Bon, on est aussi très anxieux, mais on a hâte quand même(rires)

Vous pensez faire quelque chose de différent sur vos concerts ? A l’exception de la nouvelle setlist bien sûr !

Je ne pense pas. On voudrait bien convier quelques personnes avec nous sur scène, mais en fait, on aura pas le temps nécessaire pour proposer quelque chose de différent. On va se concentrer sur les morceaux qu’on va jouer sur cette tournée, et faire la meilleure setlist possible. Pour le reste, on verra quand on sera headliner, quand on aura notre propre tournée. Là, on pourra faire ce qu’on voudra.

Tom a tenu à réagir sur les réseaux sociaux à propos de ce qui est arrivé à la dernière édition du Bråvalla Festival en Suède (NDLR : viol sur une jeune festivalière). Avez-vous été surpris par ce déchaînement de commentaires négatifs ?

Ouais, on a été surpris. Tom a été dégoûté de voir ces commentaires négatifs. Les gens ont cru que ce post leur était directement destiné, alors que c’est faux. Et ils sont passé à côté de ce qu’on voulait dire. Ouais putain, vous êtes passés totalement à côté ! C’est enrageant, et effrayant, de voir que des gens peuvent agir de cette manière devant ce type de situation qu’est le viol. Parce que dans nos société, on doit s’en occuper, le dénoncer, le combattre. C’est inacceptable de voir que certains puissent passer à l’acte, et en plus s’en sortir.

A l’occasion de la sortie de votre dernier album, « Hymn For The Broken » (2014), j’ai pu interviewer tes collègues qui m’ont dit que le groupe est passé par des phases très difficiles. Avec la sortie de « The Storm Within », dirais-tu que vous devenez de plus en plus fort?

Oh que oui. Et ce depuis qu’on est revenu ensemble. La première fois qu’on s’est réuni, on a parlé de tout ce qui nous gênait, et nous a gêné. Et une fois ces problèmes mis sur la table, on a travaillé et on est devenu de plus en plus forts comme tu as dit. Je ressens maintenant une nouvelle forme de respect pour mes comparses : on s’écoute plus, on sort plus souvent ensemble, on se serre les coudes. Le fait d’être de nouveau ensemble, je ne pensais pas que ça arriverait il y a quelques années, quand j’ai décidé de quitter le groupe (NDLR : en 2010, pour mieux revenir en 2014) : qu’on se sentirait aussi bien, qu’on aurait l’impression de tout réussir que ce soit personnellement pour moi ou musicalement, je n’aurai jamais cru. On ne revient pas uniquement en tant que groupe, on revient aussi en tant qu’amis.

C’est ce qu’on peut vous souhaiter donc pour votre avenir, être encore plus forts ?

Ouais. C’est super. On mesure la chance d’être ici, à Paris par exemple en train de donner des interviews, après ce qu’on a traversé. A ce niveau c’est incroyable.

Un dernier mot ?

Juste merci pour votre soutien, merci d’avoir lu cette interview. Ecoutez notre nouvel album et à bientôt sur les routes en France.

evergreythestormwithincd

[INTERVIEW] Johan Söderberg (guitare) – Amon Amarth

Amon Amarth a sorti hier son nouvel album « Jomsviking ». A cette occasion, Metal-Actus a pu s’entretenir avec Johan Söderberg, l’un des deux guitaristes du groupe, pour évoquer cet album qui se révèle un peu différent du reste de leur discographie.

Metal-Actus : Quel est ton ressenti par rapport à ce nouvel album de Amon Amarth, « Jomsviking » ?

Johan Söderberg (guitare):
J’en suis très heureux. En interview, on entend toujours que le nouvel album est le meilleur d’un groupe … jusqu’au suivant (rires). Là, pour nous, c’est probablement le cas.

Peut-tu nous expliquer le terme « Jomsviking » ?

« Jomsviking » est un groupe armé composé de mercenaires vikings. Tout ceux qui veulent en faire partie doivent passer des tests, comme des assassinats. Ils étaient engagés par différents rois pour s’occuper d’affaires nébuleuses. L’histoire est centré sur un mec, qui veut rejoindre ce groupe.

C’est donc un concept album sur le voyage initiatique de votre personnage principal ?

Oui. Après « Deceiver Of The Gods » (NDLR : sorti en 2013), on était parti sur l’idée d’un concept-album, mais on avait besoin d’un fil rouge, d’une histoire à raconter. On l’a écrit à la manière d’un script de film, ce qui est pour nous une manière tout à fait différente de travailler. Johan a passé quelques temps dessus, puis on a composé en suivant ce qu’il avait écrit.

Vous avez eu des difficultés du coup, avec cette méthode différente de vos habitudes ?

On pensait qu’on en aurait au début. Notre façon de composer allait être différente car nous devions suivre l’histoire. Mais au final, c’était plus facile que prévu, nous avions déjà quelques idées basiques de morceaux avant la composition de l’album, que nous avons pu adapter aux paroles. Pourtant, on pensait qu’on allait se retrouver avec 25 titres, tellement l’histoire nous semblait longue !! (rires).

Donc les différents passages parlés par Johan sont indispensables à l’histoire ?

Oui, c’est pour faire une sorte de lien entre les différents morceaux, assurer la continuité de l’histoire.

Pour le morceau « A Dream That Cannot Be », vous avez décidé de faire appel à Doro Pesch. Pourquoi ce choix, et pourquoi avoir décidé d’intégrer une voix féminine ?

Dans ce morceau, notre héros va utiliser l’amour de sa vie pour sa quête, et donc perdre sa bien-aimée. On pensait qu’il serait judicieux de faire appel à une voix féminine, afin de créer une sorte d’interaction avec notre personnage. Mais on ne voulait pas n’importe quelle chanteuse : il nous fallait une personne qui puisse s’opposer à Johan, s’adapter à la brutalité de notre musique. Et a pensé immédiatement à Doro Pesch . Quand on l’a contacté, elle s’est montré très enthousiaste et à accepté tout de suite de collaborer avec nous. Et on est contents car elle apporte quelque chose de nouveau, un son inédit à notre musique. C’est ce qu’on essaie de faire, sur chacun de nos albums.

Avez vous fait appel à la même équipe pour enregistrer cet album ?

Oui, nous avons fait appel une nouvelle fois à Andy Sneap pour l’enregistrement et la production de cet album. La même fine équipe du studio, qui nous suit depuis plusieurs disques maintenant, s’y est enfermée avec nous pendant 6 semaines. Bien entendu, on avait tout écrit avant (rires).

Vous vous êtes séparé de Fredrik Andersson . Qui l’a remplacé en tant que batteur sur ce nouvel opus ?

On s’est séparé de Fredrik avant la composition de ce nouvel album. On voulait avoir un batteur à nos côtés bien sûr, qui puisse nous comprendre et s’impliquer dans cette galette. C’est pourquoi nous avons fait appel à un vieil ami, Tobias Gustafsson. On le connaît très ben et on était content de l’impliquer dans la composition. Il avait une attitude très positive.

Et il ne vous accompagnera pas durant la tournée ?

Non, car il a seulement été engagé pour travailler sur notre album. Bien sûr, s’il avait pu nous accompagner, on aurait été super contents !Mais cela n’a pas marché, pour certaines raisons … On est donc à la recherche d’un nouveau batteur qui pourrait devenir, on l’espère, un membre permanent de notre groupe. Avec la tournée qui arrive, cela va prendre un peu de temps, puisqu’il faut qu’on se sente bien les uns avec les autres. (NDLR : Jocke Wallgren du groupe October Tide, occupera le poste durant la tournée européenne d’Amon Amarth)


Vous avez prévu des apparitions à plusieurs grands festivals européens cet été. Ces festivals, y être, c’est important pour vous ?

Cela nous apporte un public plus sauvage, et quelques nouveaux fans dans le tas (rires). Et puis ce sont en général des grosses productions, donc on peut jouer sur une scène plus grande, y mettre toute la pyrotechnie qu’on veut (rires). On aura bien sûr le drakkar ! Ce sera épique pour sûr ! Au niveau de la tournée elle-même, je peux déjà confirmer qu’on tournera pendant deux ans pour « Jomsviking ».

Amon Amarth est né en 1992, et toi tu es dans le groupe depuis 1998. Peux-tu nous raconter une anecdote, qui t’a peut-être surpris, déçu .. ?

Je pense que le moment le plus bizarre est quand tu rencontres les musiciens qui étaient tes héros quand tu étais gosse, et que tu te rends compte que ce sont juste des mecs normaux (rires). Tu sais, ces gens que tu admirais tellement que tu les considérais comme des dieux ! (rires) Alors que quand tu partages la même scène avec eux, tu prends conscience qu’ils font la même chose que toi.

Un dernier mot ?

J’espère que vous aimerez notre album, et qu’on vous verra une nouvelle fois en concert ! A bientôt !

AmonAmarth_int2016

[INTERVIEW] Maël Hébert – Akentra

Cela fait depuis le mois d’avril 2014 qu’est sorti « Alive », la dernière galette d’Akentra. Nous avons pu récemment nous entretenir avec Maël Hébert, le nouveau guitariste de la formation, qui nous a raconté son intégration, sa vie au sein du groupe.


Metal-Actus : Peux-tu brièvement te présenter?


Maël Hébert (guitare) :
Je suis Maël, dernier arrivé dans Akentra, très exactement en février 2014. Je suis également le plus jeune. Mon approche s’est faite grâce à Steve, le batteur. On m’a annoncé que Habib (NDLR : guitariste sur le premier et second opus) n’était plus dans Akentra et Steve m’a demandé de faire un test, pour voir si j’étais capable de le remplacer et si ça me plairait. Et j’ai fini par intégrer le groupe : visiblement, j’étais au niveau (rires).

Donc ton intégration s’est faite sans problèmes ?

Aucun problème du tout. C’est génial de bosser avec des gens motivés et fort sympathiques tels que Akentra.

Tu es arrivé en février 2014, après que l’album « Alive » soit composé (NDLR : l’opus est sorti en avril 2014) Comment as-tu su prendre le train en marche ?

Et bien j’ai la chance d’avoir un professeur de guitare merveilleux (rires). Il s’appelle Hervé Raynal et il a une expérience
live conséquente, il a fait beaucoup de choses dans sa vie et dans le metal, des albums un peu de Néo des trucs comme ça. Du coup,
il a une façon particulière d’enseigner : il ne va pas tout de suite rentrer en théorie, il va surtout jouer sur notre motivation, sur l’envie et la découverte, la progression … C’est un apprentissage sur le tas malgré sa présence. Il nous forme à aller sur scène, à aller de l’avant et à ne pas avoir peur; donc j’ai pu acquérir une petite expérience avec différents projets, notamment avec le collège. Et il n’y avait pas que du hard rock ! Au moment de rentrer dans Akentra, j’avais déjà commencé à travailler de mon côté pour des projets solos, j’avais déjà enregistré quelques trucs, notamment un flamenco, pour un événement. Mais ce groupe, c’est quand même un cran au-dessus (rires). Ils m’ont réellement donné l’envie d’apprendre, la musique me plaisait évidemment (rires). Chacun y allait de son petit conseil pour capter la façon de jouer les morceaux, la façon de les interpréter. Et après on a enchaîné avec les lives. Donc prendre le train en marche n’a pas été trop dur en fait.

Du coup, « Alive » n’a pas été composé avec toi. Quel est ton regard sur cet opus ?

J’ai trouvé « Alive » un peu plus complexe que le précédent album « Asleep » : il y avait des choses moins évidentes d’un point de vue technique, le son était un peu plus précis que le premier, il est mieux produit … J’ai beaucoup aimé les interprétations de chacun, ça m’a frappé quand j’ai écouté pour la première fois cet opus. J’apprécie aussi le fait qu’il n’y ait pas de thème principal pour l’album : chaque titre en a un spécifique. Cela permet d’avoir une liberté de parole en une galette. Donc en gros c’est un très bon album rock-métal. Et je le pense réellement, pas parce que je suis le nouveau guitariste du groupe (rires).

Vous êtes dans une période de concerts. Tout se passe bien ?

Tout se passe bien. On a eu un concert au mois d’octobre qu’on a organisé nous-mêmes avec des groupes qu’on connaît bien, et on en a profité pour filmer notre prochain clip.

Sur le clip justement, où ça en est ?

Il est en cours de montage. On a confié nos rushs au gars qui nous a filmé. Cela devrait le faire pour début 2016.

Quel titre a été filmé ?

« Kick-Ass »

Pourquoi avoir choisi ce titre exactement ?

On était en train justement d’organiser cette soirée d’octobre et on s’est dit « Tiens ! Et si on en profitait pour faire un clip ? « . On se demandait lequel faire. Puis j’ai dit le plus naturellement du monde « Kick-Ass » et il y a eu un petit blanc de cinq secondes avant que tout le monde ne dise « Bah ouais, ok » (rires). Donc ça s’est décidé sans discussion (rires). Nos critères étaient de choisir un de nos morceaux qui attaque bien en live, et celui-là fait office d’ouverture de nos concerts car il accroche directement les spectateurs. Et au final, les gens ont vraiment apprécié, ils ont joué le jeu en concert, donc c’était vraiment top.

Quel sera l’avenir d’Akentra ?

On a quelques petits trucs, comme des morceaux en cours de composition. On bosse encore chacun chacun de notre côté, mais je pense qu’on va se diriger progressivement vers un troisième opus. Après faut avoir le temps, les moyens et l’envie. Donc pourquoi pas, mais il y a quelques nouveautés qu’il faudrait découvrir en live.

Donc vous balancerez quelques inédits en live ?

Cela peut arriver, on ne sait jamais (rires).

Peut-on attendre un nouvel album assez tôt ? Le groupe a pris son temps pour sortir « Alive »…

Il s’est effectivement passé 4 ans et ce, pour plusieurs raisons : il y a eu, en quelque sorte, une remise en cause de la musique d’Akentra. Et puis il y a toujours un aspect financier, car produire un album de qualité, ça coûte cher : il faut le faire, le presser, faire la pochette, du coup ce n’est pas évident. Il y a même eu une demande de don pour financer « Alive ».

Une demande de don ?

Quelques personnes nous ont aidé.

Pourquoi une demande de don privée, et non, comme le fait de plus en plus de groupes, une campagne de crowdfunding ?

C’est ça en fait. Mais de manière moins officielle. Ce n’était pas non plus aller voir quelqu’un qu’on connaît pour lui dire « Vas-y steuplè,
file-nous de la tune quoi » (rires). C’était une demande publique, mais à moins grande échelle.

As-tu quelque chose à ajouter ? Un message à faire passer ?

Il faut venir nous voir en concert. On travaille comme il faut, on sort de répète en sueur (rires) pour donner au public un des meilleurs rendus
possible en live. Le public voit qu’on en veut, qu’on se donne à fond et qu’ils en ont pour leur argent, même s’ils ne payent pas parfois (rires).
C’est un moment de plaisir mutuel. On veut passer un bon moment qui peut faire oublier l’actualité qui est parfois lourde. Et il ne faut pas hésiter à venir nous parler après le show. Et puis écoutez l’album, qui a une production excellente : ce n’est pas qu’un travail du groupe mais aussi en commun avec d’autres personnes. Et puis on remercie nos fans qui nous ont suivi jusqu’ici et on vous donne rendez-vous l’année prochaine.

1395669406_Akentra_alive_2014_CD_Cover

[INTERVIEW] Asylum Pyre – Johann et Chaos Heidi

Après une petite absence remarquée, Asylum Pyre revient avec « Spirited Away », nouvel album qui tranche avec les précédents : plus sombre, plus réfléchi, c’est peut-être même la plus personnelle des galettes que le groupe a sorti jusqu’à présent. Metal-Actus a pu leur en parler à l’occasion d’une longue entrevue.

Réalisée le 02/10/15

Metal-Actus : Comment vous vous sentez avec la sortie de cet opus, « Spirited Away » ?

Johann Cadot (guitare) : Bien, et encore mieux qu’hier car on avait peu de retours sur l’album jusqu’à ce matin. Et sur les journalistes qu’on a pu voir aujourd’hui, c’est plutôt très bon !
Chaos Heidi (voix) : On a eu pleins de points de vue très intéressants, beaucoup de réactivité et d’intérêt. C’est très positif !

Comment avez-vous procédé sur cet opus, qui semble être le plus personnel de vos albums ?

J : On a toujours voulu faire quelque chose qui sortait de nos tripes. On n’a pas forcément réussi : peut-être que les influences étaient trop présentes. C’est, notamment, le regard de Didier Chesneau, notre producteur avec lequel on travaille pour la deuxième fois, qui nous a aiguillé à faire certains choix.
CH : On est à l’affirmation de notre identité. On a fait des choix plus tranchés sur des histoires de son, sur la voie vers laquelle on voulait aller. Et on a l’expérience des albums précédents, qui fait qu’on est arrivé jusque là aujourd’hui (rires).
J : Sinon, la composition s’est passé de la même façon que l’album d’avant.
CH : J’ai pris le train dès le départ ! Sur l’opus d’avant, j’étais arrivée quelques semaines avant l’enregistrement studio, l’album n’a pas été composé avec moi.
J : Seulement Julien (NDLR : Peuch, bassiste jusqu’en 2013), qui était là sur l’album d’avant et s’impliquait beaucoup a quitté notre groupe. Du fait qu’il n’était plus là, ça a changé notre façon de procéder.

C’est-à-dire ?

J : Je me suis retrouvé à faire toutes les bases des morceaux tout seul, même si j’ai échangé dans un second temps avec tout le monde. Là, les mots sont venus tout seul. Et puis, il y a eu de la nouveauté : je compose désormais sur une guitare 7 cordes, et de nouveaux visages sont arrivés dans le groupe.
CH : Chacun des musiciens apporte sa personnalité, des sonorités, des ambiances. On apporte l’expérience de son instrument : on a beaucoup travaillé en studio les morceaux, notamment sur les guitares et les arrangements de manière générale avec l’accord de Didier Chesneau car, il reste le producteur de notre album.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre morceau « At My Door », qui traite de l’autisme ?

J : Elle parle du monde parallèle dans lequel vivent ces personnes atteinte de ce syndrome. On est parti à la base d’une émission de Josef Schovanec sur le syndrome d’Asperger, sur ces personnes qui ont un cerveau assez puissant. Après, il s’est avéré que, dans mes contact Facebook, j’avais des gens atteint d’autisme, ou qui étaient des parents, amis d’autistes. J’ai donc échangé avec eux pour en apprendre le plus possible. Pour être sûr, je leur ai même fait valider ces paroles.

Vous avez donc obtenu leur accord ?

CH : On voulait juste savoir ce qui était possible de retranscrire de l’autisme.
J : Et c’était important pour moi; par exemple, dans une discussion, j’ai utilisé le terme « maladie », mais c’est un syndrome, un état.

Qui a créé l’artwork ? Quelle est sa signification ?

CH : Il a été réalisé par Mickey (Mythrid Art), avec lequel on collabore pour la première fois. Comme on a une thématique qui change, un opus un peu différent, on a fait appel à lui. On a gardé le personnage féminin qu’on peut déjà trouver sur les autres pochettes, ce qui fait quand même un lien. Mais on a voulu retranscrire quelque chose de très abstrait, quasiment conceptuel : un esprit visible dans un corps invisible.

Pourquoi avoir choisi « Only Your Soul » en tant que premier single ?

CH : On voulait pour le single, donc pour le clip, un des morceaux les plus « catchy » de l’album parce que c’est eux qui circulent le plus. Notre choix s’est porté sur « Only Your Soul » car on avait un scénario, une histoire, quelque chose qu’on a eu envie de mettre en image. Ce titre peut parler à un maximum de gens pour un premier titre diffusé : on traite de l’enfance perdue, des rêves et des illusions qu’on perd quand on passe à l’état d’adulte.

Ce n’est pas trop pessimiste comme vision ?

CH : Justement, si on regarde le clip, il y a des images d’espoir, notamment sur la fin car, dans la nostalgie, il y a deux côtés : le joyeux et le triste.
J : C’est un sentiment très fort, ambivalent, un mélange de joie et de tristesse. Il y a aussi la discussion entre l’enfant qu’on était qui dit à l’adulte qu’on est aujourd’hui : « Bouge-toi ! Fais-le ! » est le genre de message que nous avons voulu faire passer.

Et si vous vous retrouviez devant l’enfant que vous étiez, que lui diriez-vous ?

CH : On bloque une journée entière ? (rires) (elle s’adresse à Johann) Qu’est-ce que tu lui dirais toi ?
J : Je suis en train de m’imaginer là (hésite) Je lui dirai de s’ouvrir plus vite au monde : plus petit, j’étais peut-être trop renfermé, je m’amusais tout seul. Et j’ai découvert pleins de choses en fin d’études, de scolarité, qui m’étaient inconnues avant. Donc je lui dirai « Ouvre-toi aux autres plus vite, plus tôt et découvre des choses.
CH : En fin de compte, n’importe quel auditeur, spectateur du clip, peut être amené à se poser la même question et chacun aura une réponse différente et personnelle.
J : Et on pourrait la poser aux gens en concert !
CH : Ma foi ! (rires) On va pouvoir ouvrir une psychanalyse ! (rires)
J : « Asylum Psyre » ! (rires)

Vous avez monté une campagne Ulule pour votre clip. C’est d’ailleurs le premier. C’était le meilleur moment pour vous lancer ?

CH : Pour le clip, c’est une idée qu’on avait déjà sur l’album d’avant mais au niveau du temps et des moyens, ce n’était pas trop ça (rires). Donc là, on a anticipé le truc. On est passé par ce moyen, cette campagne de financement participatif, car cela permettait de réammorcer notre retour, avec un projet concret, car on avait disparu du devant de la scène pendant un petit moment le temps de préparer l’album. A un moment donné, il faut revenir, sinon, les gens vous oublient (rires).

D’ailleurs vous faîtes preuve d’une grande transparence envers vos fans avec ce tableau détaillant vos dépenses …

CH : Cela nous a semblé normal : quand on participe à quelque chose, avec l’argent des autres et qu’on leur demande gentiment de nous faire confiance, on doit jouer la transparence en leur expliquant pourquoi on en avait besoin en détaillant les dépenses très précisément, ce qui permet de rassurer tout le monde et inciter à donner plus facilement (rires). Des projets n’inspirent pas confiance donc on a voulu faire ça de manière professionnelle et cohérente.

Vous allez assurer la première partie de Stream Of Passion. Content de cette opportunité et par la même occasion de revenir sur les routes ?

J : Cela fait un petit moment que nous n’avons pas joué sur scène, donc on a hâte de recommencer et de présenter les nouveaux morceaux. Et le faire avec un groupe comme Stream Of Passion ne change rien à notre état d’esprit : on a toujours un peu la pression car, que ce soit avec ou sans eux, on n’a jamais pris un concert à la légère. On est là pour se faire plaisir et faire plaisir aux gens.

Et vous avez des plans de concerts à l’étranger ?

J : C’est en cours : on attend des confirmations car, dans le milieu, il y a des gens qui te disent « oui, oui » alors, qu’en fait, c’est « non, non » (rires).

Aurez-vous un show plus particulier ?

J : On en a parlé hier ou avant-hier vois-tu ! (rires).
CH : On a posé une setlist : on sera dans des temps relativement courts dans un premier temps puisqu’on assure des premières parties. Il faut donc être efficace rapidement, de façon à avoir des morceaux qui vont fonctionner, interpeller les gens et qui vont leur donner envie d’en savoir plus. On ne peut pas se permettre de caser un morceau super-progressif de dix minutes où ceux qui ne nous connaissent pas vont faire « Gné ? » (rires).

Comment prend-tu soin de ta voix ?

CH : J’utilise ma voix au quotidien puisque je suis professeur de chant. Tout ce que j’ai pu apprendre sur comment prendre soin de sa voix, l’entretenir, la faire travailler, c’est quelque chose que j’applique tous les jours à moi-même et que j’enseigne à longueur de temps aux autres. Donc, j’espère que je fais ce qu’il faut ! (rires) Mais c’est une hygiène de vie, il faut que je fasse attention à ne pas aller dans des gestes dangereux car ce sont des choses que je connais maintenant.

Et pas de Jack Daniel’s ?

CH : Si, j’adore ça ! (rires) Après, il faut faire attention à la façon dont on consomme : tout le monde sait que s’enfiler une bouteille avant de monter sur scène n’est pas une bonne idée ! (rires)

Les textes étant de Johann, comment les interprètes-tu ?

CH : Cela ne me pose pas spécialement de problèmes. J’aime ce côté interprétation : on me donne un rôle et moi je fais « Ah ! Qu’est-ce que je vais jouer aujourd’hui ?  » (rires). Quand c’est sur l’autisme, je me dit qu’il faut jouer sur l’émotion, pour « Soulburst » qui est un morceau sur les nazis, on part sur la schizophrénie donc on peut aller dans des choses très extrêmes, dans un sens ou dans l’autre … Donc c’est un jeu à chaque fois en fin de compte. Après, on travaille en concertation, c’est-à-dire que j’ai ma vision des choses qui n’est pas forcément la sienne. Les seules divergences qu’on pourrait avoir serait la façon d’exprimer telle ou telle émotion.
J : Parfois, je donne des indications qui sont comprises et appliquées …que par moi (rires).
CH : Tu m’as déjà sorti des trucs assez hallucinants et marrants. (rires)

Un dernier mot ?

CH : On a hâte de voir tout le monde pour la sortie de cet opus. On a hâte de rencontrer et de revoir notre public. La prochaine échéance est en décembre et on vous attend avec impatience.
J : On va faire plaisir et se faire plaisir.

20150401_asylum_artworkRVB_400

[INTERVIEW] Chris et Pierre-Henri – The Last Embrace

The Last Embrace a su, en quinze années d’existence, s’imposer comme l’un des représentants de la scène progressive française, et comme le parfait héritier des mythiques Angel. Mais le genre reste encore trop méconnu en France, au grand dam des membres du groupe. Metal-Actus s’est adressé à Chis (batterie) et Pierre-Henri pour la promotion de leur nouvel opus, « The Winding Path ». Et ils nous livrent leur opinion sur l’état de la scène rock/metal française.

Interview réalisée dans une cave du Black Dog, le 13/04/15

Metal-Actus : Nous sommes donc ici pour la sortie de votre album, « The Winding Path »

Chris (batterie) : Qui veut dire …
Pierre-Henri (claviers) : « Le chemin sinueux ». Car les textes tournent pas mal autour des choix qu’on fait dans la vie, comment s’oriente notre futur, notre destinée.
C : Les chemins ne mène pas tous à Rome. Mais c’est la vie tout court en fait. Le parcours de la vie, avec ses hauts et ses bas, ses petits moments de soleil et ses petits moments de bad.

C’est de ces « petits moments de bad » dont vous vous êtes inspirés pour composer ?

C : Non. C’est plus le rôle de Sandy, notre chanteuse, au niveau de ses textes, qui tournent beaucoup là-dessus, sur toutes les compos. Donc, c’est à elle de mettre des mots sur ce qu’on essaie de faire.

Du coup, comment avez-vous travaillé autour des morceaux ?

PH : Notre principe de composition repose sur Olivier le guitariste et moi-même, qui amenons les squelettes des morceaux. Après, c’est réarrangé avec tout le groupe dans notre studio de répète, donc chez notre batteur, Chris, ici présent (rires). On le retravaille, et Sandy amène une ligne de chant. Puis on fait encore des modifications par rapport aux lignes de chant et de mon côté j’écris les lignes de violon. Et cela a donné ce que vous avez entendu.

Et comment cela se passe au niveau de la batterie Chris ?

C : Je profite d’être avec des gens qui ont un vrai talent de composition (rires). Je prend du plaisir à bosser sur les compos, et puis j’y met ma patte tout en me conformant à mon rôle d’arrangement. Mais les rythmiques de base peuvent obligatoirement changer, évoluer, surtout au moment des répètes où on commence à bosser le morceau. Tout se module un peu au fur et à mesure du temps, notamment le duo basse/batterie: il faut porter les morceaux. On a plus le rôle de sublimer en fait (rires). Il ne faut pas non plus bouffer tout le travail qu’il y a derrière, avec les notes de piano et de violon tu dois trouver la juste valeur, que tu sois cohérent histoire que ce ne soit pas le bordel. Donc chacun son petit rôle. (rires)

Cela fait maintenant 15 ans que The Last Embrace existe. Comment faites-vous pour garder une certaine cohésion au sein de votre groupe ?

PH : On vire les mecs (rires)
C : Pour ma part je suis arrivé il y a trois ans. Donc là pour l’instant ils m’aiment bien encore (rires).

Remarque l’amour dure trois ans en général …

PH : Ce n’est pas faux (rires)
C : On a franchi un cap ! On en reparle dans deux ans alors (rires). Je suis arrivé un peu sur le tard, avant la sortie de l’album acoustique (NDLR : « Essentia » sorti en octobre 2013). Je n’ai donc pas connu l’évolution depuis 1998. Il y a eu des changements de bassiste…
PH : On a un peu tout changé en fait (rires)
C :Le dernier gros changement a été une guitare en moins.
PH : C’est Laurent, notre deuxième guitariste, est parti. Chris a remplacé Alexis à la batterie

Et justement, comment as-tu pris le fait d’arriver dans un groupe déjà bien bâti, avec une longue carrière ?

C : C’est juste génial d’arriver dans un groupe bien établi, qui a déjà une ambiance, un passé : c’est tellement compliqué de créer un projet ou de rencontrer des gens pour faire quelque chose aujourd’hui. Si on reste des amateurs, on a vraiment besoin de s’entendre, comme des potes ou une petite famille. Donc on a tous un peu le même niveau, on s’entend tous super bien, et musicalement, c’est génial ! C’est le genre de projets qui sont un peu durs à trouver, ceux qui tiennent la route avec de l’ambition derrière. L’investissement, c’est juste le plus dur à faire dans un groupe.
PH : Surtout quand il y a les vies de chacun à côté ! Il y a le taf, la famille… Donc ça demande de bien s’entendre avec les gens.
C : Et faire de la musique naturellement, et avec du plaisir, c’est juste génial.
PH : C’est magique ! (rires)

Qui a conçu l’artwork ? Quelle est son histoire derrière ?

PH : L’artwork est de Dehn Sora, qui bosse plutôt dans tout ce qui est Metal extrême. Il se trouve que c’est également le beau-frère d’Olivier, donc ça a simplifié les choses. Il est habitué aux artworks plus sombres mais il a choisi des thèmes plutôt clairs, en adéquation avec ceux de l’album : on a ce chemin qu’on peut comparer avec la vie, avec ses espèces de « pièges » qui peuvent survenir.
C : Les couleurs sont un peu psychées. Et puis l’intérieur du livret reste très progressif.
PH : Mais oui, l’artwork montre ce côté progressif qu’on a essayé d’amener à l’album.

Est-ce que vous vous êtes inspirés de groupe dit « progressifs » comme Opeth ou Porcupine Tree ?

PH : Un minimum car ce sont des groupes qu’on écoute. On a été assez influencé par tout ce qui est seventies : on a donc trouvé un juste équilibre entre ce qu’on aime et ce qu’on faisait déjà, et apporté ces éléments dans la musique.
C : Après les influences, c’est une question un peu piège : quand on compose, on ne se dit pas « Faut que ça sonne à la Opeth ». C’est juste le fruit de notre boulot et avant tout notre musique. J’aimerai bien avoir un jour une étiquette The Last Embrace en fait : qu’on dise « Ah ouais, c’est du TLE ». Après, je comprend effectivement ce besoin de comparer, cela permet de situer les choses.
PH : Les groupes que tu citais, Porcupine Tree et Opeth, ont typiquement les même influences que nous, Pink Floyd et King Crimson. On se retrouve donc dans ces groupes-là.

Au niveau des concerts, j’ai vu que vous avez fait un showcase au magasin Gibert Joseph …

PH : Alors nous non (rires). Seuls Sandy et Olivier étaient là. Il y a vraiment deux parties à nos shows : celle électrique, où on est tous les cinq, et la partie acoustique où c’est fréquemment Olivier et Sandy, et parfois moi-même.
C : Cela permet à Olivier et Sandy de jouer assez souvent, surtout sur Paris et ses petits bars.
PH : Le problème des concerts « électriques », c’est qu’on a beaucoup de matériel sur scène. Et comme on répète à Reims, il faut mettre en place une logistique en conséquence : quatres claviers, une batterie, et les sonos c’est que ça prend de la place. C’est en partie pour ces raisons qu’on ne donne pas plus de concerts électriques.
C : D’où tous ces sets acoustiques, car on aime bien ça faut dire.
PH : D’où l’invention de la guitare acoustique.
C : D’où l’invention des petits bars pour faire des concerts
PH : D’où l’invention de la bière (rires)

Malgré ce fait, vous n’avez pas quelques concerts en prévision ?

C : Maintenant on se consacre surtout à la promo. Nous venons tout juste de terminer de construire notre set. On va rechercher le plus de dates électriques, en jonglant avec nos emplois du temps respectifs. Mais notre but est de faire des dates électriques; au moins une belle tous les deux mois ce serait une bonne chose. On a pris notre temps pour construire ce CD, élaborer notre set, répéter pour qu’on soit tous opérationnels en live. Oui, on va avoir des dates, enfin une ou deux (rires).
PH : Après, il est très difficile de trouver des dates intéressantes. Jouer dans des endroits où il n’y a que trois personnes, on
peut le faire. Il y a certains groupes qui le font, c’est un choix et je ne les critique pas, mais quand tu dois faire 300 km et que tu te
retrouves à jouer devant une salle presque vide … Ce n’est pas que je ne veux pas le faire mais ça demande tout un processus de logistique pour un retour peu rentable et satisfaisant.

Que pensez-vous justement de ces difficultés à trouver des dates ?

C : Dans ma ville de Reims, en dix ans, tous les bars-concert de la ville ont fermé. Il en reste un seul, « l’Excalibur » qui survit d’ailleurs, et bravo à eux. C’est honteux que dans une ville comme Reims il n’y ait pas plus d’endroit pour faire de la musique : ils ont tout regroupé dans un endroit qui s’appelle « La Cartonnerie » avec une salle de concert de 1200 personnes et un cabaret de 600 personnes, ainsi que des locaux pour les répètes en dessous. Sauf que la programmation est à ch*** (rires), dans le sens où ils vont vouloir des groupes vendeurs. Et puis il y a quelques associations qui vont organiser des soirées qui changent un peu. Maintenant, les gens préfèrent ouvrir un bar pour y passer un match de foot que pour y faire un café-concert. Et nous, qui faisons de la musique un peu underground, on est les premiers touchés. On a un gros public en France, mais je pense qu’il n’y a pas assez d’endroits, pas assez de gens qui pensent à nous pour faire des soirées pop-rock par exemple. On préfère payer un DJ pour mettre un peu d’ambiance en soirée. On regrette qu’il n’y ait pas plus d’endroit pour jouer. Il faut vraiment remuer ciel et terre pour faire un concert.
PH : C’est quelque chose qui s’est détérioré ses 20 dernières années. On en parlait justement avec Stephane Buriez de LoudBlast : il me disait que quand ils ont commencé, il y avait du budget pour les enregistrements, il y avait des budgets pour les tournées, que les labels mettaient de l’argent sur la table. Aujourd’hui, c’est un peu du « Do It Yourself ».
C : On a aujourd’hui le crowdfunding pour faire la trésorerie et la promotion. Après pour les concerts qu’on fera, ce
n’est peut-être plus la bonne époque pour en faire.

Après, c’est peut-être une questions de choix, car certains ne se déplacent qu’aux festivals, comme le Hellfest ?

PH : Tout à fait. Je ne dis pas qu’ils ne faut pas qu’ils y aille mais il me semble qu’on y voit juste un petit panel au sein de tous ces groupes étrangers. En Allemagne ou même en Belgique, il y a beaucoup plus de choses pour des groupes comme nous.

Cela vient de la pauvre couverture médiatique concernant votre style de musique selon vous, de la part, notamment, de médias généralistes ?

C : Johnny Hallyday a eu la bonne idée de vendre du rock alors que ce n’est pas du rock (rires). C’est le genre de truc qui marche aujourd’hui. On est un peu un pays « poubelle » dans le sens où ce qui se fait est plus orienté vers le business que vers la qualité.
PH : Des groupes comme nous, le style qu’on fait, ils n’existent pas pour eux, juste pour la presse spécialisée. Notre but reste de se faire des concerts. Mais entre le public qui ne se bouge pas, la presse qui ne nous traite pas et les labels qui n’avancent plus d’argent, ça devient plus difficile. Alors le Motocultor programme encore les groupes locaux, mais il y en a combien au Hellfest ?
C : De toutes façons, la scène française n’a jamais eu la côte.

C’est-à-dire ?

C : Pour en revenir à ma ville, Reims, il y a 30 ou 40 ans, tous les gros chanteurs y venaient faire un concert. Et c’était une date « test » : si le concert était monstrueux, on pouvait lancer une tournée car ça marcherait partout en France, et on pouvait lancer la tournée dans toute la France. C’était donc pour dire à quel point à Reims c’est froid maintenant (rires). Mais la culture de la musique ne vient pas de chez nous.
PH : Après ça dépend du style de musique : dans les années 1950/1960, tous les genres ont commencé à émerger. Et Paris était « The Place to Be ».
Encore aujourd’hui, les musiciens de jazz sont connus et reconnus en France. Pareil pour l’électro : il y a une scène française vivante. Mais pour
le rock …

Tu penses que le genre est plus accessible pour le citoyen lambda ?

PH : Je ne pense pas que ce soit une question d’accessibilité : il y a un public pour ça. Et la France n’est pas un des pays fondateurs du rock
C : Le jazz, ici, tu l’apprends au conservatoire. Pareil pour le classique. Certaines personnes qui font ça et qui considèrent ces deux genres comme la grande musique, et ne prennent pas en considération le reste. Sur Paris, le classique et le jazz, ça marche : il y a des endroits où jouer, il y a un public pour ça. Mais ce n’est pas le cas pour un style un peu underground.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour l’avenir ? Beaucoup d’albums vendus, des concerts ?

C : Ouais ! On veut juste avoir notre monde, faire de la musique, s’impliquer dans un album. On est fier de faire partie des groupes de progressifs français. On veut être reconnu, et avoir plus de facilités pour faire des concerts … Qu’on pense à nous si une soirée s’organise!

Un dernier mot ?

C : Allons prendre l’air (rires)
PH : Venez-nous voir en concert. Et venez à notre rencontre : on aime toujours rencontrer des gens et discuter avec eux.

17991

[INTERVIEW] Jordan (voix/guitare) et Sullivane (claviers) – Shuffle

Après avoir fait ses preuves sur scène, Shuffle, groupe nous venant tout droit du Mans, nous revient avec cette fois un premier opus, « Upon The Hill ». Un album sur lequel ils ont passé beaucoup de temps pour avoir un résultat à la hauteur de leurs espérances, et aussi, ils l’espèrent, des vôtres. Entretien avec Johan (voix/guitare) et Sullivane (claviers) ont accepté de nous en dire un peu plus sur cette galette, mais aussi sur l’avenir de leur groupe.

Entretien réalisé le 13 avril 2015

Metal-Actus : Comment s’est déroulé le processus de création sur cet opus ?

Jordan (chant): C’est un travail d’arrangement qu’on a débuté il y a deux ans. On a passé énormément de temps à composer : on avait presque une cinquantaine de titres, et nous devions en garder que dix, les meilleurs. L’idée était de faire un album comme si c’était celui de notre vie. On a pris donc notre temps pour faire les choses au mieux.

Sullivane (Claviers): L’enregistrement s’est passé en deux temps : en janvier 2014, on a enregistré trois premiers titres et on a fait les 7 autres en octobre. En studio, on s’est consacré au chant et à la batterie. Pour le reste, on est venu à Paris, chez notre producteur, avec nos sessions, nos pistes. Les prises étaient donc déjà faites, on a donc passé plus de temps sur le son.

J : Comme on avait du temps et que les prises étaient faites, on a ramener tout notre matériel histoire de pouvoir faire des choses si jamais on changeait d’avis. Au final, on n’a pas refait énormément de trucs à part la batterie et le chant lead.

Comment vous défineriez-vous musicalement, si on devait vous mettre une étiquette ?

J : C’est un peu difficile à dire car on essaie de se rapprocher pas mal des groupes californiens des années 1990/2000 comme Limp Bizit, Deftones, des groupes qu’on a découvert étant plus jeunes et qu’on écoute toujours maintenant. On aime également des groupes comme Porcupine Tree, Opeth, qui sont plus dans le rock progressif. On a essayé de mélanger justement les deux styles.

Donc si vous vous donneriez un nom, quel serait-il ? « Néo-progressif » peut-être ?

J : Peut-être oui (rires) C’est ce que la plupart des chroniques utilisent comme termes pour nous qualifier.

S : Mais après, si on dit « progressif », les gens vont avoir trop peur (rires)

J : Déjà qu’avec le rock alternatif et le néo ils se disent « Wow p***in » (rires). C’est pour cela qu’on reste avant tout « rock » mais on se définit nous même comme « Progressif alternatif rock ».

Qui est l’auteur de l’artwork ?

S : C’est la copine de notre bassiste qui s’en est occupé. On est parti d’un montage photo, et on a redessiné des choses par-dessus. L’idée était d’avoir un décor un peu dévasté avec une touche d’espoir.

J : C’est ce que représentent les dessins : cela insiste sur le renouvellement des choses, que rien n’est terminé. C’est dark, mais il y a de l’espoir (rires).

J’ai vu que cet album était en partie financé par le crowdfunding. Pouvez-vous nous expliquer votre démarche ?

J : On a été attiré par les nombreux avantages que pouvaient nous apporter le crowdfunding : d’abord financier, car faire un album coûte très cher, surtout quand on veut que le résultat soit à la hauteur de nos espérences. Qu’on arrête de nous dire « ouais bon, c’est bon les gars, mais maintenant, va falloir retourner dans votre garage »!(rires) On voulait vraiment un son proffessionnel, ce qui coûte cher. En plus, il y avait la promotion de l’album a assurer derrière, car s’il n’est pas vendu, cela ne sert à rien (rires). Mais on ne pouvait pas financer ça tout seul, voilà pourquoi on a monté ce crowdfunding.
Et puis on inclut les gens, ceux qui nous ont donné de l’argent, dans notre projet : donc ils deviennnent non pas producteurs, car ils n’ont pas de droits, mais acteurs, car ils sont au sein même de notre groupe. Beaucoup se sont investit dans notre projet en partageant nos posts, par exemple. On a eu des milliers de partages, c’était hallucinant ! .

S : On a touché d’autres personnes, qui ne connaissaient pas le groupe, avec cette campagne de financement participatif.

C’est à dire que cette campagne est aussi une façon de vous faire connaître, en tant que groupe ?

J : C’est ça. Du fait que ça nous rapporte également des sous, cela a apporté une certaine envergure à notre projet. On a, du coup, dû se motiver car quand on monte un crowdfunding, on a besoin de réalimenter en actus, de faire la promotion pour le groupe tous les jours. Et puis on ne voulait pas juste faire sortir la carte bleue aux gens (rires).

Du coup, reste-t-il un peu d’argent pour une éventuelle tournée ?

s : D’abord on rembourse l’album !! (rires) On a eu quelques dates depuis la sortie de l’album, on en a quelques unes qui arrivent. On attend encore une confirmation. On a également le projet de tourner en Allemagne au mois d’octobre.

Vous avez des contacts là-bas ?

S : On y est déjà allé deux fois. On voudrait idéalement bosser avec un label allemand.

Avez-vous fait un choix particulier au niveau du show ?

J : On travaille dessus justement. Depuis le lancement de l’album, on n’a plus eu trop le temps de s’y mettre, car tout a été très rapide.

S : Et justement, lundi et mardi, nous serons en résidence à Aulnay sous bois.

J : Du coup, on prépare cette résidence : on va étudier et travailler la musique lundi et mardi afin de préparer un show.

S : On est déjà en train de tester des choses, voir ce qui marche, ce qui ne marche pas, peufiner un peu notre jeu de scène …

J : Il faut aussi qu’on se produise sur scène, qu’on se trouve des dates, chose qui n’est pas vraiment évidente pour nous.

On aurait pu penser le contraire, puisque vous avez fait la première partie de quelques « gros » groupes, comme Shakaponk…

J : Le problème est que ça fait longtemps, et qu’on des nouvelles choses à présenter. Et puis on est trop irréguliers au niveau des lives.

S : Les premières parties, c’est surtout des groupes de Paris ou des groupes plus gros que nous qui sont déjà lancés qui les décrochent, ils sont même étrangers desfois. On est donc un peu obligé du coup de plus ou moins produire nos dates, de faire comme on peut sur la France.

Vous êtes un groupe « jeune » (le groupe a été créé en 2012) tout droit sorti du Mans. avez-vous eu quelques difficultés à vus imposer en tant que groupe sur la scène métal française, ou plus simplement des difficultés à être pris au sérieux ?

S : Ah ça oui ! (rires) Les principales difficultés qu’on rencontre sont liées à notre style de musique. En France, il n’y a que peu de groupes qui font comme nous : les autres sont soit à l’étranger, soit étrangers (rires). Et puis il faut en général être sur Paris si tu veux que ça marche.

Beaucoup de fans français ne se déplacent qu’aux gros concerts ou uniquement au Hellfest, sans même supporter la scène locale à deux pas de chez eux. Qu’en pensez vous ?

S : On va ailleurs, comme en Allemagne. Car en France, les gros festivals que vont-ils programmer ? Des grosses têtes d’affiche : ils privilégient les groupes à gros niveau : rien que pour le festival d’Arras, des groupes comme Incubus, Muse, … Et aucun des petits groupes. C’est pour cela, que, pour nous, les festivals, à notre stade, c’est très compliqué. On a plus de place à l’étranger qu’en France. Après on peut faire de gros trucs chez nous, dans notre ville du Mans.

J : On essaie, avec la promotion, de devenir de plus en plus gros, pour qu’on entende parler de nous. Donc on fait tout, notamment se créer de profils Facebook où on ajoute tout le monde (rires). Donc on veut toucher le plus de gens, pour qu’ils viennent nous voir. Donc au Mans, c’est facile car on connait plus de monde, mais dans les autres villes, il faut aller chercher les gens et laisser se produire le bouche à oreille.

C’est ce que vous souhaitez pour le futur de votre groupe, « grossir de plus en plus » ?

J : Ouais c’est ça. De toucher le plus de gens. D’être vrai.

S : On veut pouvoir s’exporter, faire des premières parties, … C’est ça qui nous manque aujourd’hui.

Un dernier mot ?

J : Merci à tous ceux qui nous ont soutenu depuis le début.

S : On vous encourage, si vous nous avez pas encore écouté, à nous découvrir, nous suivre sur les réseaux sociaux…

J : Et à venir nous voir quand on passe dans le coin !

Shuffle-cover-album-1440px-150x150