Fondé en 2009 et arpentant les scènes de France et de Navarre, AcoD ont bien évolué depuis quelques années : victoire au tremplin « The Voice Of Hell », tournées couronnées de succès, signature avec Sony Jive Music … « The Divine Triumph » est le premier concept-album du groupe, fait à trois. Raph, batteur de la formation, a accepté de discuter de cette galette avec nous !
Metal-Actus : Imaginais-tu en arriver à là avec ton groupe ?
Raph (Batterie) : Non, absolument pas. C’est clair que ce qui nous est arrivé depuis « Inner Light » (NDLR : sorti en 2009) est juste incroyable, c’est un « rêve de gosse » même si l’expression reste clichée (rires). C’est juste fou !
Dirais-tu qu’aujourd’hui AcoD a une vraie patte, un caractère propre ?
Je dirai qu’aujourd’hui, on a juste pu exprimer les bases de cela car ce n’est que le premier album où on est tous les trois dans le même sens. Nous ne sommes qu’aux balbutiements de ce que nous sommes réellement. On est sûrs de là où on veut aller. C’est un vrai plaisir de pouvoir, enfin, atteindre un objectif commun. Car les albums d’avant étaient un peu épars, ça partait un peu dans tous les sens. Avec « The Divine Triumph », ça nous permet d’aller plus loin.
Comment a été prise la décision de faire un concept album ?
C’est apparu très rapidement dans la création même de l’album. C’était quelque chose qu’on s’empêchait de faire. On est ultra-fans des années 1980/1990 du metal traditionnel : Horror Dissection, Morbid Angel … ça nous parle et ça nous passionne. Encore aujourd’hui, on écoute les albums et on ne les lâchera jamais. Et on s’est dit « Merde, ils l’ont fait, on va le faire ». Et il y a du contenu, il y a toute une histoire qui a été écrite et qui s’est transformé ensuite en paroles. A côté de ça, Jérôme et moi avons bossé sur la composition : on a taillé les morceaux, on est revenu dessus, chose qu’on ne faisait pas avant, on composait plus à l’instinct – Il y a un univers. Enfin on a fait quelque chose de plus réfléchi.
D’où vient cette histoire ?
C’est Fred qui a commencé à rédiger les premières ébauches de l’histoire. Pour nous, il était évident d’avoir un rapport aux mythologies. C’est l’histoire d’un mec qui a perdu sa femme et sa fille et qui petit à petit voit les abysses grandir, chose dans laquelle il refusait de tomber, mais il va tomber au coeur de ces dernières et il va rencontrer des chimères. Mais tout cela est très métaphorique, puisque tu peux le comparer avec ce qu’il se passe dans ta vie de tous les jours : tu peux te voir à travers le « héros » et te dire que ça peut être un sale moment qui se passe dans cette vie. C’est forcément quelque chose de noir.
Peux-tu nous parler de l’artwork ?
C’est Paolo Girardi, un artiste italien, qui a l’habitude de faire beaucoup dans le metal extrême, comme par exemple pour Inquisition : donc des trucs blasphématoires comme des pentacles, des Satans … Nous, on ne voulait absolument pas ça. On lui a dit quelques mots clefs, si tu veux, comme « Enfer de Dante », « Divinités », des choses simples et précises pour ne pas trop le noyer d’informations – c’est un artiste lui aussi, il a sa patte. On n’a pas eu de nouvelles pendant trois semaines et puis on a eu la pochette finie direct. Et il a tapé dans le mille directement. C’est un vrai tableau qu’il a fait, il est assez grand et il nous a envoyé la photo du tableau – le tableau lui appartenant. Donc toi tu payes le fait d’utiliser ce tableau. Pour le reste du digipack, tout est lié par trois, maintenant qu’on est trois. On avait déjà en tête le symbole du trident qu’on a choisi comme emblème. C’est aussi une arme mythologique, il y a un petit côté occulte.
Comment vous vous êtes retrouvés autour de la composition ?
Jérôme souvent apporte un premier jet et moi à la batterie, je vais l’orienter. On voit les articulations ensemble. On se voit dans notre local de répète pour un premier jet, puis après chacun chez soi bosse sur l’ordinateur, on s’envoie des choses. Petit à petit, on travaille, on revient sur des parties qui nécessitent d’y revenir, on revoit, on remodifie des choses. Fred est très indépendant de tout ça : lui est beaucoup plus sur ses paroles, sur ses textes, et il s’adapte par rapport à ce qu’on fait. Après sont venues les orchestrations.
Que penses-tu de « L’Ascension Des Abysses » ?
C’est le portail, c’est l’ouverture, c’est la découverte au loin, c’est l’accompagnement, le cheminement qui va t’amener, justement, au devant de cette pochette. Ce sont les premières secondes qui sont essentielles à ton abysse. C’est le morceau que tu dois écouter dès le début pour profiter de ton expérience. C’est une introduction pas inutile : il y en a trop qui ne servent à rien, ou qui sont là pour dire « ouais il y a une introduction » (rires) et à chaque fois tu la zappes. Si tu n’écoute pas la nôtre, l’album, ce n’est pas la même chose.
Que peux-tu me dire sur « Fleshcell » ?
C’est un de nos morceaux préférés. C’est un morceau 100% sincère, complètement différent, et c’est un gros risque qu’on a pris parce que c’est une balade limite dans les schémas black metal, mais aussi le morceau le plus noir qu’on ait pu faire. Tu peux entendre des voix féminines, un choeur qui est surtout en référence aux vieux Cradle Of Filth. Vu que c’est un concept album, si tu n’as pas une balade dedans, ce n’est pas un bon concept album : au bout d’un moment, il y a une cassure, le morceau qui va être différent, pesant, lourd, c’est un besoin, c’est nécessaire avant de pouvoir repartir.
Pourquoi avoir choisi de sortir « Road To Nowhere » ?
Pour nous, « Road To Nowhere » est le morceau le plus global de ce que peut être « The Divine Triumph ». Tu retrouve de tout dedans mais c’est aussi celui qui est le plus accessible.
Vous avez déjà sorti deux clips. D’autres sont-ils prévus ?
Pas à l’ordre du jour. Peut-être une lyrics-vidéo par la suite, mais pour l’instant non.
Au niveau concerts, qu’est-ce qui est prévu ?
Alors on l’a appris hier et notre booker, K Productions, nous a autorisé à le sortir aux journalistes : on fera la première partie de Decapitated sur les dates françaises début 2019. Et on sera également présents sur des festivals. Alors je ne peux pas trop rentrer dans les détails pour l’instant, car même nous on ne les as pas (rires); Mais on est dans le processus, c’est déjà ça.
De plus en plus de groupes sortent des concepts albums. Beaucoup pensent qu’il s’agit juste d’une énième tendance qui passera avec le temps. Que réponds-tu à ça ?
Ce n’est absolument pas volontaire. On en a rien à foutre à vrai dire de suivre une quelconque tendance. Aujourd’hui, on peut le faire ce concept album. Avant, on ne pouvait pas. Avec les membres du groupe qu’on avait, on était en quelque sorte « bridés ». On le fait donc car on en a envie, et ce n’est pas pour copier qui que ce soit. Non. Dans les années 1990, ça se faisait comme ça, c’est ce qu’il nous plaît et c’est ce qui nous a marqué au collège/lycée.
Un dernier mot ?
On a énormément de chance de tout ce qui nous arrive. On a grandement envie de dire merci à toute l’équipe qui nous entoure, Sony Jive Epic, K Productions, Replica et Roger, merci aussi à toutes les personnes qui ont acheté l’album, aussi bien sur les plates-formes qu’en physique ! Et merci pour tous vos retours positifs !