Après une période de six ans, et quelques ajustements nécessaires dans le groupe, les Herrschaft reviennent en duo et avec un nouvel opus, « Le Festin Du Lion », dans lequel ils nous présentent deux bons samaritains, Satan et son associé. Petit entretien avec Zoé, l’une des deux têtes pensantes du groupe !
Metal-Actus :Votre nouvel album est sorti depuis deux semaines (21 juin) au stand Season Of Mist du Hellfest. Avez-vous eu des premiers retours ?
Zoé H. : On a eu quelques premiers retours, même si avec cette journée promo, on s’attend à en avoir davantage par la suite. Les premières chroniques sont très positives, on est donc très contents car on aime savoir que notre album provoque les autres, que les gens en parlent. Et cela nous fait très plaisir car, tant qu’il n’est pas sorti, au sein de notre petit monde, on ne sait pas franchement ce que ça donne.
Je reviens rapidement sur le Hellfest. Vous avez fait toute la promo, et une bonne partie du festival, en tenues de scène. Pas trop chaud ? (rires).
Si mais un univers si chaud est idéal pour Satan ! Nous étions comme des poissons dans l’eau (rires). C’était parfait !
Pourquoi ce titre, «Le Festin du Lion» ?
Alors «Le Festin Du Lion» est, pour nous, le titre qui ressortait parmi les autres car c’est l’un des morceaux phares de notre album. Et bizarrement, même s’il n’a pas forcément de lien avec la pochette en apparence, on peut y trouver une forte connotation : pour nous, le lion est une entité qui attend son heure, sous son arbre, que ses ouailles et ses individus lui ramènent les résultats de la chasse et il va se servir en premier. Et sur cette pochette c’est la même chose. Alors, on n’a pas un lion à proprement parler, ce n’est pas non plus terre à terre (rires). On a ce Satan et son assistant qui regardent l’humanité, et cette dernière les implore de l’aider. Et quand tu viens voir Satan, c’est que tu arrives vraiment au bout de tout. C’est une question d’emprise d’un individu sur d’autres de son espèce. C’est ce que véhicule tout cet album, c’est le fil rouge.
Comment vous êtes vous retrouvés en duo ?
Nous avons commencé cette aventure à trois. Le noyau dur se composait de Max (qui est en promo aussi aujourd’hui) et de MzX qui était le chanteur à l’époque. Et en 2014, ce dernier a choisi de quitter le groupe et on a décidé de faire bande à part. Et avec Max, on s’est recentré à deux : on s’est beaucoup concertés pour finalement rester en binôme car on fonctionne bien mieux ainsi, que ce soit pour la composition que pour le live.
Que peux-tu me dire sur «The White Russians» ?
C’est le morceau particulier. Il a une histoire un peu moins drôle, un peu moins fun que tout les autres. «New World Order», par exemple, fait partie intégrante de notre fil rouge, avec tout ce cynisme qu’on a pu aborder. «The White Russian» est un morceau qu’on a composé en hommage à un ami, Mika Bleu, qui est décédé il y a deux ans pratiquement jour pour jour dans des conditions tragiques. Sa famille et ses amis ont décidé de créer une compilation et ont demandé à ses amis les plus proches de composer un morceau en son hommage. On a décidé donc de le créer tel qu’a été sa vie, c’est-à-dire à cent à l’heure qui se finit brutalement. Cela nous touche beaucoup, c’était quelqu’un qui avait une place immense chez Season Of Mist, il a participé aussi aux tournées de Shining … c’était un mec qui avait une joie de vivre incroyable et il fait partie des meilleurs qui sont partis trop tôt. Et ça nous tenait beaucoup à coeur de lui rendre hommage. Et ça nous tient toujours à coeur de jouer ce morceau en live pour lui rendre hommage à chaque fois, car il est un peu avec nous comme ça. C’est très important d’avoir ce morceau, même si c’est le seul qui ne suit pas le fil rouge de l’album.
Pourquoi avoir choisi de faire un clip pour «How Real Men Do» en 2015, pour lequel je perçois un petit doigt de cynisme ?
Tu as mis le doigt dessus (rires). Il y a effectivement un petit brin. Ce n’était pas forcément le cas sur nos albums d’avant mais aujourd’hui, on essaie d’aborder un univers beaucoup plus cynique, voire décapant, voire grotesque. C’est quelque chose qui nous change, alors qu’on avait cet aspect plus glacial et terre à terre. On a décidé d’assumer de faire de l’entertainment, qu’il fallait qu’on s’amuse avec ça, et si ça amuse les autres, tant mieux. On ne prend pas non plus les choses avec beaucoup plus de légèreté, ce n’est pas non plus la fête à saucisse (rires). Mais on veut prendre les choses avec plus d’amusement, c’est une petite liberté qu’on s’autorise, égoïste peut-être.
Vous allez faire une tournée en compagnie de Shaarghot. Est-il important pour vous de tourner avec des gens de votre scène locale ?
Déjà, il est important de tourner (rires). Après, ça fait 15 ans qu’on écume les salles, dont on aimerait bien pouvoir sortir un peu des frontières de la France. On a commencé l’année dernière au Wacken Open Air en Allemagne, avec le bel horaire de passage qu’est 19h. Après, l’électro-metal-indus a eu une traversée du désert durant ces dernières années où c’était très compliqué de jouer, tiraillé entre nos deux genres. Les choses sont en train de changer : il y avait un bon indicateur au Hellfest cette année avec plus d’électro représenté : Combichrist, Punish Yourself, Ice Breacher, Shaarghot évidemment … Donc on espère que les organisateurs ont été sensibles au fait que beaucoup de monde était sous les tentes pendant leurs shows. Evidemment, on adorerait y jouer l’année prochaine, mais cela n’est pas de notre ressort non plus. On aimerait jouer plus, on a d’ailleurs un nouveau tourneur, Black Speech, qui essaie de nous caler out ça. Au niveau des prochaines dates, on peut juste annoncer qu’on sera à Nantes le 1er novembre prochain à la Warehouse avec une belle affiche et on a très hâte d’y être. On apporte un effort particulier à la scénographie, avec des projections, des costumes de scènes, et on aimerait le présenter plus car cela fait à 50% partie de l’essence de Herrschaft.
Tu disais que vous avez mis six ans pour faire un nouvel album. Beaucoup d’autres groupes pensent que les gens les oublient dans ces cas-là.
Je suis d’accord, et nous-même on le vit à chaque opus puisqu’on met à chaque fois ce même temps environ, à un an près, entre deux albums. On sait que nous n’aurions pas eu la même trajectoire de carrière que si on sortait un album tous les deux ans. On a bien conscience que cela nous porte préjudice et on aurait un autre succès si on était un peu plus actifs. Mais on se doit d’attendre que notre album soit parfait, qu’on en soit à 200% satisfait pour le présenter au public. Et ça prend du temps. Et pourtant, on a pris ses six années pleines, sans aucune pause, pour bosser sur cet album !
Un dernier mot ?
Merci pour votre temps et votre intérêt. Et je voudrais dire aux gens qui lisent cette interview et qui aiment les groupes d’indus d’allez les voir en concert. C’est important pour eux, cela leur permet de continuer et d’avoir envie de refaire des albums.