Le 1er juin dernier débarquait le deuxième opus tant attendu d’Acyl, « Aftermath ». Metal-Actus a pu s’entretenir avec Amine et Reda, pour évoquer cette jolie galette et parler un peu de l’avenir.
Metal-Actus : Bien le bonjour ! Comment vous portez-vous ?
Amine (chant) : Bin j’ai un peu grossi (rires) Mais j’ai essayé les régimes, ça ne marche pas.
Reda (guitare) : C’est l’âge que veux-tu ! (rires) Mais oui, tout va bien sinon.
Vous avez sorti le 1er juin dernier « Aftermath » qui sent bon l’Algérie et l’Afrique du Nord. Vous le voyez comme un hommage à vos origines ?
A : Hommage non, car l’Algérie existe encore (rires). C’est plus une volonté de la présenter, de manière culturelle, artistique et de dire un petit peu « voilà son passé jusqu’à son présent, nous sommes les produits de cette évolution, depuis l’Antiquité ». D’où le nom de l’album, « Aftermath » : nous sommes un peu la conséquence de tout ce dont on a parlé.
Pour beaucoup, la culture algérienne reste assez mystérieuse. Pouvez-vous nous présenter les différents personnages que vous introduisez dans « Aftermath » ?
A : Alors ce sont des personnages assez différents des uns des autres, mais on n’a pas pris la même facette chacun d’entre eux : il y a deux trois guerriers qui ont fait la guerre, dont on peut prendre différents aspects. On a essayé d’étaler ça sur le temps, d’étaler ça de manière géographique, en fonction des différences qui composent l’Algérie, mais aussi des régions, qui pouvaient contenir plusieurs ethnies différentes, des hommes et des femmes bien qu’il y ait plus d’hommes que de femmes. Ce n’était pas forcément un choix de parité, ce sont juste les personnages les plus représentatifs de l’histoire de l’Algérie depuis l’Antiquité. En terme chronologique, la première personne qu’on a abordé est la reine Tin Hinan : on l’appelle « La mère des touaregs », qui sont les habitants du Sahara. C’est une femme qui a quitté le nord de l’Afrique pour s’installer dans le Sud, dans la chaîne des Hoggards, et sa descendance est ce que appelle aujourd’hui le peuple touareg. C’est une société matriarcale, où la femme possède les biens, et est mise très en avant, en tant que leader d’une tribu, d’une famille. Pour cette femme, le mythe et la vérité se mélangent. On va arriver dans les -300 -400 av JC pour parler de Numédia , cela vient de l’anglais pour Numidie : ce royaume a été unifié par le roi Massinissa, Berbère, qui a aussi réussi à faire face aux invasions romaines et carthaginoises, et qui a créé ce que nous appelons aujourd’hui Algérie. C’est la première forme historique du pays.
Comment avez-vous créé « Aftermath » ? Quel est le processus ?
R : « Aftermath » fait partie d’un projet global, celui de 5 albums, en comptant le premier, « The End Of Sins », qui a été défini en 2006. On a plus ou moins défini les grandes lignes de chaque opus.
Donc c’était déjà défini depuis 2006 ?
R : Exactement. Ce sont des grandes lignes, c’est-à-dire un sujet global pour chaque album. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais le sujet se reserre, car le but est d’aller de plus en plus dans le détail. Le premier CD fut assez général : c’est nous, notre arrivée, en tant que personne et en tant que musicien, le chamboulement dans notre vie de passer d’une société à une autre. Le deuxième est l’Algérie dans sa culture, sa société, tout le bagage qu’on porte aujourd’hui.
A : Pour le vingtième album, on va parler de notre famille ! (rires).
R : Mais cela ne veut pas dire que le groupe n’existera plus au bout de ces cinq albums ! On a juste défini le projet de cette manière là : pour les deux prochains albums, on va aller un peu plus dans le détail.
A : L’ensemble est une sorte de macro-cycle : on s’est dit « on va évoluer de cette manière » jusqu’à telle date avec tel sujet. Bien sûr, c’est toujours adaptable mais les grands axes sont déjà définis.
Comme sur le précédent album, vous avez beaucoup d’instruments traditionnels. Avez-vous fait appel à des musiciens ? Est-ce vous qui les enregistrez ?
R : Ce sont des instruments que nous connaissons, avec lesquels on a grandi, que ce soit en les écoutant ou en les jouant. Mais par souci d’authenticité, que ce soit pour le premier album ou celui-ci, on a essayé d’aller enregistrer les instruments dans les villages en question, dans les ethnies en question. Ce sont tout de même des personnes qu’on connaît, il ne faut pas imaginer des personnes en costumes traditionnels, avec des chapeaux et tout (rires). Mais effectivement, c’est dans des lieux très mythiques.Ces musiciens ont pris les choses de manière très positive, ont compris le projet. Mais tout cela demande du temps, d’où les quatre ans entre chaque album.
Du coup, comment ça s’est passé niveau logistique ?
A : Je veux juste rendre hommage à Frédéric Gervais, le patron des studios Henosis, qui a très très bien compris là où on voulait aller, qui a réussi à comprendre les spécificités de la musique traditionnelle, et puis c’est également un metalleux. On a bossé aussi avec le studio Fredman, en Suède, qui a aussi masterisé l’album et lui a donné un aspect très moderne. On a essayé d’avoir un son organique, un peu à l’américaine, car c’est le meilleur compromis entre des parties calmes et des parties puissantes. Et on a bien aimé. D’ailleurs, ça nous faisait peur, car d’habitude, on déteste ce qu’on fait (rires). Et on s’est dit « putain, pour une fois qu’on est content, ça va être de la merde en fait » (rires).
R : Et pour les parties traditionnelles, ce n’était que du one shot, à chaque fois ! On leur expliquait les grandes lignes et ils faisaient leur truc. C’était vraiment impressionnant ! Un grand hommage aussi aux musiciens, même s’ils ne sont pas encore morts (rires)
Maintenant, à propos de l’artwork, qui l’a fait ? Quelle est sa signification ?
R : Techniquement, c’est moi qui l’ai fait, mais il est issu d’une grosse discution avec tout le groupe. Et après 25 essais, on est plus ou moins tombé d’accord. C’est le même principe que l’album, en tout cas sur la signification de l’artwork, c’est un personnage qui est caché derrière un espèce de masque, on ne sait pas si c’est vraiment un masque ou si ça fait partie de sa peau, si c’est un tatouage. C’est un peu la représentation de tout ce bagage que nous avons apporté, qu’on subi et qui, en même temps nous sublime. Et à l’intérieur du livret, chaque titre a son personnage qui est traité avec un graphisme différent.
Vous avez joué il y a quelques mois au Petit Bain. Content de retrouver le public parisien ? Est-ce que d’autres dates sont prévues ?
A : Le Petit Bain, c’était chouette ! Il venait vraiment dans une période où on bossait bien au studio, et cela nous a permis de respirer un petit peu. Et le public, je dois t’avouer qu’il était exceptionnel. On a eu des super concerts à Paris, mais comme celui-là … : ils étaient réactifs, ils soutenaient, franchement c’était chouette. Pour les dates à venir, il y a une tournée qui se met en place pour la fin de l’année, pour la promotion de l’album. Notre priorité est de refaire le set, car on fait intervenir la vidéo, des instruments, des danses donc on va retravailler ça. C’est un peu notre priorité de l’été.
Pour l’avenir, on peut donc vous souhaiter succès et concerts ?
A : Ouais ! On espère que l’album plaira, car on a bien bossé dessus. On a essayé de faire un truc consistant, que ce soit sur le plan graphique, le plan musical, ou celui des thèmes et des textes. Rien n’a été laissé au hasard, à notre niveau : on a essayé d’aller au bout des choses. On espère d’ailleurs que ça pourra changer certaines mentalités, permettre de concilier certaines choses qui sont antagonistes en ce moment, parce que c’est l’objectif final, de vivre de manière paisible.
Si vous avez un dernier message à faire passer ?
R : Pas de message particulier : au risque de répéter ce qu’Amine a dit, vraiment que l’album plaise et que le travail soit apprécié.