Anciennement collectifs d’artistes, les Hrafngrímr (prononcez « Ravengrimir » soit « Celui qui porte le Masque du Corbeau) ont fait du ménage dans leurs rangs pour se consolider et acquérir une vraie cohésion de groupe. Evoluant désormais en effectif réduit, les français sortent un premier album, « NIFLHEIMS AUGA » qui convainc par sa maturité, son originalité et son authenticité. Metal-Actus a pu s’entretenir avec son fondateur et grand penseur, Mattjö Haussy , mais aussi avec la chanteuse Christine Roche.
Metal-Actus : On va revenir sur vos débuts : C’est toi Mattjö qui a décidé, à la sortie de Skald, de former ton propre collectif. Quel a été le cheminement depuis, jusqu’à devenir le groupe d’aujourd’hui ?
Mattjö Haussy : C’était une décision assez naïve que de faire de Hrafngrímr un collectif : je n’ai pas, ou pas voulu peut-être, retenir l’expérience musicale passée que cela avait été avec Skald. C’est constitué de gens différents, aux horizons différents, qui doivent prendre du plaisir et apprendre à s’amuser ensemble et avec leur public. Le collectif que nous étions nous posait quelques problèmes : pratique, déjà, puisque tout le monde n’était pas forcément disponible aux mêmes dates pour travailler et répéter ensemble. Personnel ensuite, puisque nous n’avions pas les mêmes objectifs au sein de ce même collectif, ce qui fait que nous n’avions aucune osmose entre nous.
Aujourd’hui, on a réduit notre nombre pour constituer un noyau dur. Et tous, désormais, peuvent s’impliquer d’une quelconque manière dans le groupe : j’ai appris à déléguer, moi qui faisait tout avant.
Christine Roche : Désormais, il y a de la place pour que chacun puisse s’exprimer. Je ne te cache pas que la transition entre le collectif et le groupe s’est faite dans la douleur, la tristesse et la déception. Mais aujourd’hui, on est soudés, on est tous dans le même bateau à ramer, ce qui est la métaphore la plus viking qui soit, en passant (rires).
M : Quand Skald s’est terminé pour moi, je voulais continuer dans le même univers. Mais quand j’ai fondé ce qui n’était encore qu’un collectif, je me suis enfermé dans une aventure solitaire, sans le faire exprès. Je composais tout.
Du coup, ce changement de forme, du collectif jusqu’au groupe, explique aussi pourquoi vous avez voulu repartir sur des morceaux totalement inédits pour ce premier album ?
M : Le fait de sortir, pendant le confinement de 2020, un single par mois, relève de l’exceptionnel. Mais on en a eu marre : et cela n’aurait eu aucun sens de les ressortir sur album, puisque le coeur même du groupe avait changé. Il fallait repartir sur quelque chose qui nous ressemblait, à tous.
C : On a pris plaisir à travailler nos nouvelles compositions ensemble, on a appris à jouer ensemble, à évoluer ensemble, sans pour autant trouver de recette miracle. Il fallait juste qu’on trouve le bon mix, les bons compromis entre nous, pour donner un sacré cocktail.
M : M : Il faut, comme le disait Christine, laisser à chacun sa place pour s’exprimer. Par exemple sur « Bryr », on a des passages qui sont limite orientaux, avec tout ce travail autour des percussions, de la guitare sèche et du chant, grâce plus particulièrement à l’influence de Mus (El Kamal, guitare). Cela donne une fusion et un rapprochement entre deux genres qu’on pourrait penser très différent, un mélange qui nous ressemble.
D’ailleurs, vous vous posez tout de suite en observateur du monde, jusqu’au nom de votre groupe, qui signifie « Celui Qui Porte Le Masque Du Corbeau » ?
C : Et même jusqu’au nom de notre album, « Niflheim Auga », qui signifie « Observateur du monde » en vieux norrois. C’est aussi ce qu’étaient les vikings, outre les guerriers sanguinaires que tout le monde connait : des voyageurs, des explorateurs à la découverte des cultures du monde. Notre groupe invite au voyage. On reprend les traditions, qui étaient de transmettre les origines, les vieilles histoires, à l’oral.
Mais Hrafngrímr, pour moi, ce sont des souvenirs partagés ensembles, les émotions que nous avons su recevoir et donner, quelque chose de très personnel pour moi.
Que pouvez-vous me dire sur « Bryr » et son côté très Heilung ?
C : Ce sont les ponts chamaniques, qui permet d’ouvrir des chemins entre les neuf mondes d’Yggdrasil, et de venir à Midgard (NDLR : le monde des humains dans la mythologie nordique), pour venir voir ce qu’il s’y passe. Tout est parti d’une soirée durant laquelle on a bidouillé des loopers. On s’est dit que ça rendait vraiment bien, et on a continué sur la même lancée (rires). C’était spontané ! C’est un appel à l’ouverture des mondes et des esprits.
M : On l’a d’ailleurs fait écouter à des copains lors d’un barbecue. Et c’est ainsi qu’elle a atterri sur l’album (rires).
Que pouvez-vous me dire sur « Skuggar » et son côté, très orientalisant, assez surprenant ?
C : C’est Matt et Mus qui l’ont composé. Mus a fait les premières lignes en pleine nuit, on a écouté ce qu’il avait fait, on a aimé, et on a continuer à bosser dessus. Le morceau parle des personnes qu’on laisse derrière nous, qui deviennent des ombres et ou des lumières, qui subsistent en nous.
M : C’est un hommage aux personnes qui disparaissent de nos vies. Et si le morceau reste toujours en puissance, la voix de Christelle, si forte, se fait bien plus douce. La chanson est redondante, c’est même presque une comptine ! Elle sera d’ailleurs notre prochain clip !
Qu’est-ce qu’il se passera pour vous à la rentrée ?
M : On va s’occuper d’organiser une release party ! Et on fera quelques petites apparitions dans les bars. Et on est en train de construire une tournée !
Un dernier mot ?
M : Merci pour l’intérêt que vous portez à Hrafngrímr, et de répondre à la curiosité. On a une histoire difficile, mais on est aujourd’hui apaisé et prêt à aller de l’avant.
C : Heureuse et apaisée de vivre ces moments avec mes camarades et mon compagnon à la scène comme à la ville. A très bientôt en concert !