Après avoir fait ses preuves sur scène, Shuffle, groupe nous venant tout droit du Mans, nous revient avec cette fois un premier opus, « Upon The Hill ». Un album sur lequel ils ont passé beaucoup de temps pour avoir un résultat à la hauteur de leurs espérances, et aussi, ils l’espèrent, des vôtres. Entretien avec Johan (voix/guitare) et Sullivane (claviers) ont accepté de nous en dire un peu plus sur cette galette, mais aussi sur l’avenir de leur groupe.
Entretien réalisé le 13 avril 2015
Metal-Actus : Comment s’est déroulé le processus de création sur cet opus ?
Jordan (chant): C’est un travail d’arrangement qu’on a débuté il y a deux ans. On a passé énormément de temps à composer : on avait presque une cinquantaine de titres, et nous devions en garder que dix, les meilleurs. L’idée était de faire un album comme si c’était celui de notre vie. On a pris donc notre temps pour faire les choses au mieux.
Sullivane (Claviers): L’enregistrement s’est passé en deux temps : en janvier 2014, on a enregistré trois premiers titres et on a fait les 7 autres en octobre. En studio, on s’est consacré au chant et à la batterie. Pour le reste, on est venu à Paris, chez notre producteur, avec nos sessions, nos pistes. Les prises étaient donc déjà faites, on a donc passé plus de temps sur le son.
J : Comme on avait du temps et que les prises étaient faites, on a ramener tout notre matériel histoire de pouvoir faire des choses si jamais on changeait d’avis. Au final, on n’a pas refait énormément de trucs à part la batterie et le chant lead.
Comment vous défineriez-vous musicalement, si on devait vous mettre une étiquette ?
J : C’est un peu difficile à dire car on essaie de se rapprocher pas mal des groupes californiens des années 1990/2000 comme Limp Bizit, Deftones, des groupes qu’on a découvert étant plus jeunes et qu’on écoute toujours maintenant. On aime également des groupes comme Porcupine Tree, Opeth, qui sont plus dans le rock progressif. On a essayé de mélanger justement les deux styles.
Donc si vous vous donneriez un nom, quel serait-il ? « Néo-progressif » peut-être ?
J : Peut-être oui (rires) C’est ce que la plupart des chroniques utilisent comme termes pour nous qualifier.
S : Mais après, si on dit « progressif », les gens vont avoir trop peur (rires)
J : Déjà qu’avec le rock alternatif et le néo ils se disent « Wow p***in » (rires). C’est pour cela qu’on reste avant tout « rock » mais on se définit nous même comme « Progressif alternatif rock ».
Qui est l’auteur de l’artwork ?
S : C’est la copine de notre bassiste qui s’en est occupé. On est parti d’un montage photo, et on a redessiné des choses par-dessus. L’idée était d’avoir un décor un peu dévasté avec une touche d’espoir.
J : C’est ce que représentent les dessins : cela insiste sur le renouvellement des choses, que rien n’est terminé. C’est dark, mais il y a de l’espoir (rires).
J’ai vu que cet album était en partie financé par le crowdfunding. Pouvez-vous nous expliquer votre démarche ?
J : On a été attiré par les nombreux avantages que pouvaient nous apporter le crowdfunding : d’abord financier, car faire un album coûte très cher, surtout quand on veut que le résultat soit à la hauteur de nos espérences. Qu’on arrête de nous dire « ouais bon, c’est bon les gars, mais maintenant, va falloir retourner dans votre garage »!(rires) On voulait vraiment un son proffessionnel, ce qui coûte cher. En plus, il y avait la promotion de l’album a assurer derrière, car s’il n’est pas vendu, cela ne sert à rien (rires). Mais on ne pouvait pas financer ça tout seul, voilà pourquoi on a monté ce crowdfunding.
Et puis on inclut les gens, ceux qui nous ont donné de l’argent, dans notre projet : donc ils deviennnent non pas producteurs, car ils n’ont pas de droits, mais acteurs, car ils sont au sein même de notre groupe. Beaucoup se sont investit dans notre projet en partageant nos posts, par exemple. On a eu des milliers de partages, c’était hallucinant ! .
S : On a touché d’autres personnes, qui ne connaissaient pas le groupe, avec cette campagne de financement participatif.
C’est à dire que cette campagne est aussi une façon de vous faire connaître, en tant que groupe ?
J : C’est ça. Du fait que ça nous rapporte également des sous, cela a apporté une certaine envergure à notre projet. On a, du coup, dû se motiver car quand on monte un crowdfunding, on a besoin de réalimenter en actus, de faire la promotion pour le groupe tous les jours. Et puis on ne voulait pas juste faire sortir la carte bleue aux gens (rires).
Du coup, reste-t-il un peu d’argent pour une éventuelle tournée ?
s : D’abord on rembourse l’album !! (rires) On a eu quelques dates depuis la sortie de l’album, on en a quelques unes qui arrivent. On attend encore une confirmation. On a également le projet de tourner en Allemagne au mois d’octobre.
Vous avez des contacts là-bas ?
S : On y est déjà allé deux fois. On voudrait idéalement bosser avec un label allemand.
Avez-vous fait un choix particulier au niveau du show ?
J : On travaille dessus justement. Depuis le lancement de l’album, on n’a plus eu trop le temps de s’y mettre, car tout a été très rapide.
S : Et justement, lundi et mardi, nous serons en résidence à Aulnay sous bois.
J : Du coup, on prépare cette résidence : on va étudier et travailler la musique lundi et mardi afin de préparer un show.
S : On est déjà en train de tester des choses, voir ce qui marche, ce qui ne marche pas, peufiner un peu notre jeu de scène …
J : Il faut aussi qu’on se produise sur scène, qu’on se trouve des dates, chose qui n’est pas vraiment évidente pour nous.
On aurait pu penser le contraire, puisque vous avez fait la première partie de quelques « gros » groupes, comme Shakaponk…
J : Le problème est que ça fait longtemps, et qu’on des nouvelles choses à présenter. Et puis on est trop irréguliers au niveau des lives.
S : Les premières parties, c’est surtout des groupes de Paris ou des groupes plus gros que nous qui sont déjà lancés qui les décrochent, ils sont même étrangers desfois. On est donc un peu obligé du coup de plus ou moins produire nos dates, de faire comme on peut sur la France.
Vous êtes un groupe « jeune » (le groupe a été créé en 2012) tout droit sorti du Mans. avez-vous eu quelques difficultés à vus imposer en tant que groupe sur la scène métal française, ou plus simplement des difficultés à être pris au sérieux ?
S : Ah ça oui ! (rires) Les principales difficultés qu’on rencontre sont liées à notre style de musique. En France, il n’y a que peu de groupes qui font comme nous : les autres sont soit à l’étranger, soit étrangers (rires). Et puis il faut en général être sur Paris si tu veux que ça marche.
Beaucoup de fans français ne se déplacent qu’aux gros concerts ou uniquement au Hellfest, sans même supporter la scène locale à deux pas de chez eux. Qu’en pensez vous ?
S : On va ailleurs, comme en Allemagne. Car en France, les gros festivals que vont-ils programmer ? Des grosses têtes d’affiche : ils privilégient les groupes à gros niveau : rien que pour le festival d’Arras, des groupes comme Incubus, Muse, … Et aucun des petits groupes. C’est pour cela, que, pour nous, les festivals, à notre stade, c’est très compliqué. On a plus de place à l’étranger qu’en France. Après on peut faire de gros trucs chez nous, dans notre ville du Mans.
J : On essaie, avec la promotion, de devenir de plus en plus gros, pour qu’on entende parler de nous. Donc on fait tout, notamment se créer de profils Facebook où on ajoute tout le monde (rires). Donc on veut toucher le plus de gens, pour qu’ils viennent nous voir. Donc au Mans, c’est facile car on connait plus de monde, mais dans les autres villes, il faut aller chercher les gens et laisser se produire le bouche à oreille.
C’est ce que vous souhaitez pour le futur de votre groupe, « grossir de plus en plus » ?
J : Ouais c’est ça. De toucher le plus de gens. D’être vrai.
S : On veut pouvoir s’exporter, faire des premières parties, … C’est ça qui nous manque aujourd’hui.
Un dernier mot ?
J : Merci à tous ceux qui nous ont soutenu depuis le début.
S : On vous encourage, si vous nous avez pas encore écouté, à nous découvrir, nous suivre sur les réseaux sociaux…
J : Et à venir nous voir quand on passe dans le coin !