S’il y a bien un groupe actuellement super actif, c’est Visions Of Atlantis ! Une petite année seulement après la sortie de « The Deep And The Dark », le groupe revient déjà avec « Wanderers », opus lumineux et mélodique ce mois d’août. Sa chanteuse, Clémentine Delauney, a accepté de nous en dire un peu plus.
Entretien réalisé en juillet 2019
Metal-Actus : Vous sortez «Wanderers», votre nouvel album, le 28 août prochain. Il y a une citation de J.R.R. Tolkien sur votre communiqué de presse «Not all who wander are lost». Peux-tu me dire à quel point elle correspond à votre album ?
Clémentine Delauney (chant) : Cette citation résume le mieux notre album, dans un sens où on voudrait inciter tous les gens à errer un peu pour mieux se retrouver. Ce n’est pas parce qu’on est dans la découverte, l’exploration sans un but précis, qu’on est perdu. Et cette citation nous correspond bien, on l’avait déjà utilisée sur l’un de nos tee-shirt avant la sortie de cet album. Un petit teaser de notre album à venir !
«Wanderers» traite aussi du voyage introspectif, initiatique sur la mer. C’est un thème qui a été à de maintes fois traité par des groupes, le dernier en date étant Evergrey, l’année dernière, avec «The Atlantic». Difficile, parmi ses sorties de sortir encore du lot, même si c’est votre thème de prédilection.
Nous ne dirons pas que nous sommes les meilleurs là-dessus. Le thème marin est quelque chose qui se retrouve dans nos compositions, et depuis le dernier album et celui-là, j’en ai fait une métaphore, celle de l’introspection. Du coup, quand on parle du Kraken par exemple, si on prend la chanson au premier degrés, on y voit juste l’animal mythologique, mais il y a un deuxième degrés de lecture : cela représente tout nos doutes, nos propres monstres, les obstacles que nous avons sur notre chemin qui nous empêchent d’être nous-même et de vivre notre vie pleinement. Toutes les chansons de Visions Of Atlantis traitent de voyage, mais pour moi, le voyage auquel il faut faire référence, c’est celui au fond de soi, pour se découvrir. Et vivre pleinement sa propre identité loin des standards et des codes.
C’est aussi l’interprétation du groupe ou c’est la tienne ?
C’est devenu l’interprétation du groupe. Déjà, j’ai fait valider le concept avec Thomas (NDLR : Caser, batterie), le fondateur de Visions Of Atlantis. Et c’est quelque chose qu’il traverse aussi : cela fait deux ans qu’il a un tatouage «Wanderer» sur son poignet (rires). Son évolution spirituelle personnelle et la mienne étaient un peu emmêlées. Du coup, cela m’inspirait aussi, car je n’étais pas toute seule dans ce processus. C’est un thème suffisamment fort pour transporter l’ensemble du groupe.
Vous avez fait vos photos promotionnelles sur Quibéron, avec un petit air de Pirates des Caraïbes des temps modernes. Qui en a eu l’idée ?
J’ai eu la chance qu’on me confie toute la direction artistique visuelle sur cet album ! J’ai donc choisi une très bonne amie à moi, Emilie Garcin, en temps que photographe, l’endroit, une autre de mes amies a fait les tenues – toutes sur mesure à partir de notre concept – et vu que j’en étais la maîtresse avec mes paroles, je voulais vraiment une cohérence, un lien entre ces deux éléments. On a choisi des vêtements un peu intemporels, qui ne reflètent pas forcément plus une période qu’une autre, qui ont été usés par le voyage, appartenant soit au passé, soit au futur. A chacun de décider ! Je ne voulais pas que ce soit des vêtements mais je voulais qu’on voit un concept.. Et je ne voulais surtout pas de noir car j’en ai marre (rires) (sic), je voulais m’en affranchir, surtout que notre message est positif : le coucher de soleil, la mer … Je voulais quelque de plus naturel, de plus vrai, de plus sobre aussi. Nos tenues sont sans fioriture, plutôt brutes de décoffrage.
Vous avez publié il y a quelques heures (rires) une lyric-vidéo pour le titre «Heroes Of The Dawn». Pourquoi avoir choisi de le mettre en avant ?
C’est un titre qu’on aime bien – bon on les aime tous mais celui-là tout particulièrement (sourire) – et on voulait présenter quelque chose caractéristique à Vision Of Atlantis : des mélodies très marquantes, un petit côté exotique avec cette flûte qui nous plonge dans un monde celtique … c’est un morceau qui t’embarque déjà dans un univers un peu différent, et qui met bien en valeur nos deux voix – Michele (NDLR : Guaitoli) ayant rejoint notre navire il n’y a pas si longtemps que ça. Et c’est une chanson qui a une histoire, avec deux personnes qui dialoguent. En faire une lyric-vidéo avait du sens car je voulais que les gens comprennent de quoi ça parlait. Et il y a beaucoup de textes sur cette chanson.
Que peux-tu me dire sur «A Journey To Remember» ?
Quand j’ai entendu ce morceau pour la première fois, j’avais envie de prendre mon sac, de monter sur un bateau et de crier «C’est là-bas ! « (rires). Il y a un petit aspect pirate du groupe qui ressort ici : il y a une super énergie – quand on le joue en live d’ailleurs, c’est incroyable – et les paroles ont facilement été écrites. Et c’est un morceau qui m’a donné pas mal de fil à retordre sur le refrain au niveau du chant, particulièrement haut (rires). Un morceau très libérateur, qui fera l’objet d’une vidéo.
Peux-tu nous expliquer les paroles de «A Silent Scream» ?
C’est une chanson qui compte beaucoup pour moi parce que c’est la première fois que j’ose parler d’écologie dans l’un de nos morceaux, et de manière beaucoup plus directe que ce que j’ai pu faire par le passé. Et c’est venu naturellement – c’est ce que m’a inspiré la musique. J’espère que, quelque part, on pourra la mettre en valeur, d’une telle manière que les gens puissent se retrouver dans ce message, et qu’on puisse aussi participer, à notre manière, à aider à croître une sensibilité au fait que ce qu’on a autour de nous n’est pas acquis et qu’il faut vraiment qu’on commence à le faire des choses concrètes pour changer nos habitudes, histoire que nous puissions survivre et faire survivre le monde merveilleux qu’on a démoli.
Vous faîtes actuellement la tournée des festivals, et vous vous arrêterez au Bang Your Head Festival en Allemagne où vous avez prévu un concert avec un orchestre. Pourquoi le faire dans un festival et non dans une salle de concert ? Y-aura-t-il un DVD ?
En fait, ça devait se faire l’année dernière ! Finalement, le festival avait été annulé. Et comme tout était déjà mis en place avec l’orchestre, il fallait juste qu’on reporte sur une autre date. Le cadre du festival permet qu’on n’ait pas à se soucier du lieu, à savoir de devoir relouer une salle, ce qui entraînerait des frais et une logistique supplémentaire. Et dans un festival, tout est déjà en place ! Il fallait juste en convaincre un de pouvoir nous permettre de le faire. Le festival Bang Your Head était super ravi et a facilité les choses. Et oui, il y aura un Bluray et un DVD ! Il devrait sortir l’année prochaine.
Tu l’as dit plus tôt, Michele Guaitoli est arrivé en 2018 au chant, mettant fin ainsi à de nombreux mouvements de line-up. Sur cette dernière chose, quel est ton regard ?
Je souhaitais revenir sur le départ de Siegfried, qui est resté avec nous pendant cinq ans : une vie peut évoluer sur une si longue période et on s’est séparé en de très bons termes. Il ne voulait pas continuer dans une aventure qui lui demandait de plus en plus d’implication personnelle, et le sacrifice de ses congés. Bien sûr, j’étais triste sur le coup car ça se passait vraiment bien et je pense qu’on aurait pu continuer ensemble longtemps. Et rechercher quelqu’un d’autre n’est pas moralement facile, surtout quand tu croyais tenir le bon bout.. Mais je pense que les choses devraient bien se passer avec Michele : c’est quand ça repose sur de l’humain, et sur des gens qui décident de s’investir que les choses avancent. Michele est très motivé, ça s’est très bien passé sur l’album, Il y a pleins de choses qui nous attendent ! Et lui veut tourner et être sur scène. Donc tant qu’on remplit notre contrat, il restera avec nous (rires)..
Artistiquement, pour trouver quelqu’un qui puisse s’accorder à ta voix, comment ça se passe ?
On avait déjà une première contrainte : on ne voulait pas qu’il soit trop loin, car cela veut dire tout de suite de prendre des billets d’avion, de ne pas pouvoir répéter facilement ..Moi-même je suis handicapante car je ne suis pas non plus à côté – même si ça va changer dans l’année qui va venir. Donc le périmètre était restreint à l’Autriche, la Suisse et l’Italie. Et forcément, il n’y a pas beaucoup de monde dans ces zones-là qui pouvaient remplir le job. On a pensé rapidement à Michele, il avait envoyé ses démos qui nous avait bien plût et Thomas l’a eu au téléphone plusieurs fois afin de s’assurer qu’il était dans le bon état d’esprit, sur la même longueur d’onde. Et après, il faut faire avec! S’il y avait vraiment eu un problème de deux voix qui ne collent pas du tout, on n’aurait pas poursuivi, mais comme c’est un très bon chanteur et qu’il a une bonne voix, qui s’harmonise bien avec la mienne, il n’y a pas de raison que ça ne marche pas.
Qu’en est-il de tes projets en cours ? Et d’Exit Eden ?
Exit Eden sortira un nouvel album l’année prochaine ! Après pour mes projets, ça fait un petit moment que je souhaite sortir quelque chose sous mon propre nom. car j’ai beaucoup de musique sur mon dictaphone qui ne trouvera pas écho chez Vision Of Atlantis. Je manque cruellement de temps, et la direction est encore floue. Je pense que ça viendra quand j’aurai davantage de morceaux finis et que je verrai avec quel producteur je travaille. Je bosse aussi avec des amis sur de la musique qui n’a rien à voir, une sorte de projet-trip hop. Et il n’y a pas longtemps, j’ai entendu dire que Melted Space pourrait reprendre du service !
Un dernier mot à ajouter ?
Merci à toutes les personnes qui continuent à suivre Vision Of Atlantis malgré les péripéties sur les changements de line-up, qui aurait pu vous faire perdre notre foi en nous.
« Heroes Of The Dawn » :
« A Journey To Remember » :
« Nothing Lasts Forever » :
Le groupe sera en concert le 22/04/2020 au Backstage By The Mill de Paris.
Image d’en-tête par Emilie Garcin.