La trajectoire des Evergrey ces dernières années est assez intéressante : les trois derniers albums du groupe, « Hymn For The Broken » (2014), « The Storm Within » (2016) et « The Atlantic » (2019) sont, sous l’impulsion de leur leader Tom S. Englund, les plus personnels ,/jamais sortis. Et si le premier faisait face aux problèmes internes dans le groupe, les deux autres sont plus intimes, racontant la chute d’un homme et sa reconstruction après la tempête. Une belle trilogie conceptuelle qui a redonné un nouveau souffle à la carrière des suédois, tant la complexité, le caractère progressif se faisaient de plus en plus forts.
« Escape Of The Phoenix » poursuit donc cette renaissance, tout en ayant la lourde tâche de succéder aux meilleurs albums jamais produits par Evergrey.
Et c’est une réussite pour cette nouvelle galette, qui, si elle est d’un accès plus facile que son prédécesseur « The Atlantic », reste tout de même dans sa bonne et digne lignée ! Plus lumineux malgré des textes sombres, des mélodies aériennes qui ne viennent jamais s’essoufler, et un Englund au top de sa forme (il monte sacrément dans les aigus sur « Stories »). Le côte progressif ne perd pas de sa superbe. Le titre en duo avec James LaBrie (Dream Theater), « The Beholder », porte bien la patte de ce dernier : un morceau plus tarabiscoté, très complexe, qui se dégage nettement du reste de l’album.
Si néanmoins, aucun autre titre ne reste en tête (à part, peut-être, le magnifique « Eternal Nocturnal », mais on ne trouve aucune redondance dans les titres, qui ont chacun leur identité propre, une ambiance propre. Evergrey évolue et propose des nuances différentes sur son jeu, un coup très doom (« In The Absence Of Sun »), un autre plus bossa nova (« A Dandelion Cipher »), un autre très heavy (« Forever Outsider)… Le groupe nous a livré, avec « Escape Of The Phoenix », un album varié, riche, à la puissance phénoménale.
Si musicalement, ce nouvel album reste en deçà de « The Atlantic », il fait preuve d’une incroyable variété (qu’on ne connaissait pas à Evergrey) et d’une formidable puissance. « Escape Of The Phoenix » est une pierre angulaire à la carrière d’Evergrey, qui ne laisse que présager des jours encore meilleurs pour le groupe, et met un terme à sa période de renaissance. Le phénix peut maintenant reprendre son envol.
9,5/10