Après un premier opus salué par la critique en 2019, Ludovic ERGAZ remet le couvert et propose un deuxième volume à son United Guitars, sorti cet automne. Metal-Actus a pu rencontrer le journaliste, guitariste et surtout instigateur du projet.
Metal-Actus : Revenons un peu sur « United Guitars Vol 1 » : est-ce que tu t’attendais à un tel engouement ?
Ludovic ERGAZ : Lorsque nous avions lancé le crowdfunding pour le premier United Guitars, on s’attendait forcément à une réponse intéressée, puisqu’on s’adressait à un public de niche. Mais on ne pensait pas à autant de retours positifs. C’est plutôt cool !
Pourquoi avoir de nouveau choisi de recourir au financement participatif pour United Guitars vol.2 ?
Le financement participatif nous permet de faire plusieurs choses autour de cet opus : d’abord organiser tout l’aspect promotionnel, puis de rémunérer les acteurs de la galette et enfin proposer des lots aux contributeurs. On l’a lancé au mois d’août 2020, et avec le climat actuel, on a eu plus de contributeurs que sur le premier.
Comment as-tu réussi à réunir autant de musiciens, outre ceux présents sur la première galette, malgré la pandémie actuelle et toutes les restrictions qui en ont résulté ?
La pandémie a affecté tout le monde, et 2020 a été une année difficile pour les musiciens notamment. La plupart étaient très enthousiastes mais certains avaient d’autres priorités. Il a fallu aussi prendre en compte le « non-live », donc l’enregistrement de certains musiciens qui n’ont pas pu, comme tu as dit, se déplacer en France. Il a fallu aussi établir des règles sanitaires dans le studio – port du masque bien sûr sauf si gênant pour jouer, gel hydroalcoolique, et désinfection des équipements et les garantir aux guitaristes présents.
Pour le reste, je suis aussi journaliste de presse depuis 1990 et j’ai pu conduire, au travers de Guitare Extreme Mag, près de 3000 interviews. Je me suis donc constitué un réseau solide au fur et à mesure des années, qui m’a permis de les contacter facilement.
Comment tu as eu d’ailleurs cette idée, de réunir de nombreux musiciens autour d’un seul instrument, la guitare ?
C’est parti d’une vidéo collégiale qu’on avait faite pour Guitare Extreme Mag avec la participation de quelques musiciens. A la deuxième vidéo, on s’est dit qu’on irait jusqu’au bout du concept en proposant tout un album. Cela s’est décidé en 3 mois !
As-tu eu des refus ?
Comme sur toute collaboration, il y a des éléments qui peuvent en rebuter plus d’un : en général, c’est le fait de ne pas être totalement maître de sa composition. Mais la plupart du temps, les refus viennent des guitaristes internationaux, qui restent particulièrement pris par leurs carrières.
Comment ça se passe d’ailleurs pour les guitaristes ? Ont-ils carte blanche ou tu restes le maître à bord ?
Chaque guitariste a carte blanche pour apporter son propre morceau instrumental. Néanmoins, il est l’objet de débat : on peut, par exemple, demander à rallonger ou raccourcir une partie, rajouter des accords … le morceau fait, ainsi, trois à quatre allers-retours.
Pourquoi avoir choisi de mettre en avant via des vidéos « Masked And Furious », «First Will Be The Last» et «Funky Enough » ?
Il faut savoir que durant l’enregistrement de l’album, nous avons fait appel à une équipe vidéo pour tout filmer. On en a ressorti 17 vidéos qui vont atterrir sur nos réseaux sociaux. Pour le premier titre, « Mask And Furious », c’était un choix pertinent grâce au guitariste Yarol Poupaud dont le style de jeu ici reste accessible au plus grand nombre. Pour «First Will Be the last», on a voulu mettre en lumière le choc des générations avec trois guitaristes d’âges différents, Nym Rhosilir, Doug Aldrich & Manou Rao. Concernant la troisième, « Funky Enough», elle a été créée par un youtubeur, Florent Garcia. Nous voulions démontrer aux critiques que ce n’est pas parce qu’on a percé sur internet qu’on manque de talent.
Concernant le Guitars United Fest, dont la première édition avait eu lieu les 1 et 2 février dernier, avez-vous des espoirs, malgré le contexte particulier, de pouvoir un jour l’organiser de nouveau ?
Pour l’instant, on attend le vaccin, et on suit avec attention les statistiques des contaminés. Noël n’arrangera rien. On ne fonctionne pas comme Gérard Drouot ou Live Nation en prenant des risques d’organisation en ayant 50% de visibilité, on ne peut pas se le permettre. De plus on a besoin de temps pour mettre le spectacle en place, il faut qu’on adapte les morceaux à la scène, ce qui demande beaucoup de répétitions, choses difficilement réalisables actuellement. Pour ce genre d’événements, la jauge acceptable atteint rapidement son maximum.
Un dernier mot ?
Merci à tous pour votre soutien sur ce projet que ce soit par l’achat digital ou d’objets en physique. Dans un monde de hip-hop et d’électro, c’est génial de voir des gens s’intéresser à ce genre d’album autour de la guitare, à la musique que cette dernière a véhiculé.
Presque un an jour pour jour après la sortie de « Horizon Noir », leur dernier album, les StuBorA créent la surprise avec un EP, « Vision Obscure », qui s’inscrit dans la suite logique de son prédécesseur. Cyril, chanteur, guitariste et l’une des têtes pensantes du groupe, a accepté de nous en dire plus.
Metal-Actus : Votre Ep, « Vision Obscure » sort un an presque jour pour jour après votre dernier album, « Horizon Noir ». C’est le confinement qui a accéléré la sortie de cette galette ?
Cyril (voix/guitare) : 2020 aura été une année compliquée pour tous les acteurs de la culture, et particulièrement de la musique. Après la sortie de « Horizon Noir », on a commencé à travailler sur nos concerts à venir – on a, par exemple, commencé à travailler sur une nouvelle set-list. Mais le début du confinement en mars a tout mis à l’arrêt. Durant cette période, on a diffusé de vidéos de reprises, à l’instar de nombreux groupes. Mais quand on a vu que ça n’allait pas reprendre, après l’annulation de festivals comme le HELLFEST – on était bien dégoûtés d’ailleurs, on devait y faire de la promo – il a fallu qu’on trouve une solution et qu’on réagisse. On s’est donc décidé sur un EP qu’on a enregistré en 4 mois.
Les titres sur l’EP ne sont pas des morceaux mis de côté suite à l’enregistrement de l’album « Horizon Noir » ?
Non, ils ont été composés cet été. Mais on voulait inscrire cet EP dans la continuité de l’album. Cela nous a permis de garder une actualité, et de refaire de la musique ensemble, vu qu’on habite à 300 kilomètres les uns des autres.
C’est la pandémie actuelle qui vous a décidé sur cet EP, qui, comme tu dis, continue à sa manière l’album (jusqu’à en reprendre les mêmes graphismes) ?
Oui. On voit l’EP comme le deuxième volet de l’album. Il faut dire qu’avec le contexte actuel, on a de quoi faire : « Horizon Noir » évoquait notre vision de l’avenir pessimiste. Avec « Vision Obscure », elle a aujourd’hui rejoint la réalité avec le confinement. Sur le morceau « Existence », on y développe notre réflexion sur cette période hors du commun, même si, comme toujours, on laisse une part d’interprétation libre. Mais le but de l’EP est qu’on n’oublie pas l’album.
Pourquoi avoir choisi de mettre en avant en premier « Atta 451 », qui arbore un style différent, plutôt que « Vision », qui rejoint cet aspect de continuité de l’album ?
« Atta 451 », c’est notre élan de spontanéité, qui présente une nouvelle facette de StuBorA. Au niveau de la lyric-vidéo, elle a été plus facile à réaliser que « Vision », pour lequel on voulait un vrai clip. Son thème est plus historique : je l’ai écrit suite au visionnage d’un documentaire sur l’arrivée d’Attila en 451 dans l’Est de la France et le désarroi que pouvait provoquer cette arrivée chez les habitants. « Atta » veut d’ailleurs dire « Père Des Huns ». Ce n’est pas forcément décelable tout de suite ce sujet : Nick avait pensé en lisant pour la première fois le texte qu’il portait sur les attentats du Bataclan !
Que peux-tu me dire sur « Obstiné » ?
Il s’agit d’un morceau de Nick. C’est un texte générique qui porte sur l’être humain, égoïste et destructeur, qui manque de confiance dans les autres. Au niveau de notre timeline, c’est la première chanson qui a été finalisé, et assez rapidement d’ailleurs. On a fait qu’un ou deux visios dessus, et ça a très rapidement roulé.
Que peux-tu me dire sur « Négation » ?
Ce morceau décrit le reflet négatif que nous voyons autour de nous. On émet souvent des critiques sur ce qui ne va pas, sans pour autant trouver des solutions. Le thème est relié à « Obstiné ». On a tenté différentes choses sur ce titre, on a beaucoup échangé, testé plusieurs ambiances … C’est une track différente des autres, qui a nécessité plus de travail.
Pourquoi avoir choisi de faire un remix de « Cerveau Limité », qui était présent sur l’album « Horizon Noir » ?
Quand on s’est décidé sur la production de cet EP, on savait qu’on aurait un temps assez limité. Combien allions-nous pouvoir mettre de titre ? On a exploré pas mal d’options pour aller vers le remix. Et « Cerveau Limité » était le titre parfait pour ça, avec la basse particulièrement bien mise en avant. Je voulais que le morceau ait une couleur différente de sa version sur album. Et pour dire la vérité, c’était un plus un kiff personnel (rires).
Un dernier mot ?
J’espère que notre EP vous plaira ! C’est important pour nous de vous proposer des choses nouvelles, histoire de conserver un lien en ces temps troublés. Et on revient très vite à Noël avec des surprises et, on l’espère, le plus rapidement possible, en live !
Après avoir été acclamé par la critique et le public avec un premier jet, « Aether », les français de Déluge reviennent avec un album plus accessible, « Aego Templo », cette fois chez Metal Blade Records. On a discuté de cet album – que nous vous conseillons déjà – avec la tête pensante du groupe, F.T. Hordé.
Interview réalisée par téléphone le 22/10/2020 par Roxane BAYLE – Merci à Roger
Metal-Actus : Pourquoi ce titre d’album, «Aego Templo» ?
François-Thibaut Hordé (guitares) : Le premier album, «Aether», symbolisait en quelques sorte le vide, une sorte d’énergie primitive, quelque chose d’impulsif et de très brut. Il représentait, à l’époque, un besoin pour nous tous. On aurait pu faire un deuxième album qui disait les mêmes choses, mais cela aurait été un peu moins sincère. On est parti dans une autre direction.
Avec «Aego Templo», le temple de l’égo, on parle beaucoup du soi à la fois de manière égoïste et égocentrique, avec tout ce que ça apporte de bon – pour moi il ne faut pas se négliger en fait, car pour pouvoir évoluer dans la société, il faut déjà être bon avec soi-même – et de détestable. C’est un peu le parallèle et la métaphore autour de tout ça.
Est-ce justement pour se différencier de cet aspect «brut» qu’avait «Aether» que «Aego Templo» est plus accessible ?
Pas forcément non. C’est quelque chose que nous avions envie de faire au niveau musical. On voulait aller plus loin ! Et on écoute des choses très extrêmes en terme de Metal, qui ne reflète pas vraiment ce qu’on fait : proposer quelque chose idéalement inédit, très audible sans perdre l’essence de ce qu’on crée, à savoir cette espèce de sentiment mélancolique un peu intrasèque à Déluge. Mais on voulait instaurer un panel plus large d’émotion sur ce deuxième album.
«Aego Templo» concerne donc la construction du soi, au travers des bonheurs et des épreuves de la vie ?
C’est exactement ça. Aujourd’hui, on n’a plus vraiment d’initiation dans la vie, ce qui se retrouve dans nos sociétés autour du monde. On a de l’éducation avec l’école avec, à la limite, un apprentissage : mais on n’a pas d’épreuves initiatiques, et c’est quelque chose qui manque, je trouve, à l’accomplissement personnel. Et derrière, ça ne donne pas forcément tous les outils pour affronter les épreuves naturelles de la vie comme le deuil des parents, les ruptures amoureuses et amicales et des choses qui peuvent nous affecter, comme la mort d’un animal de compagnie. On parle beaucoup de développement personnel, mais c’est plus une considération de cadre d’entreprise. Il y a quelque chose de plus puissant derrière tout ça. Après, quelque part, la vie se charge du reste
Je souhaite m’arrêter sur le choix de certains instruments, par exemple le saxophone, notamment utilisé sur «Opprobre». Comment on arrive à choisir un instrument tel que celui-ci ?
«Opprobre» est une chanson que j’ai composé il y a trois ans maintenant, avec «Vers». On a essayé pas mal de choses, et il y avait cette partie un peu latente au milieu. En l’état, elle se suffisait : il y avait du chant clair et du clavier, ce que je voulais de base dedans avant même de composer – du piano de manière sporadique, à l’image de notre premier album. Mais le saxophone s’est un peu imposé tout seul. Genre «là il faut ça» (rires). J’ai donc repris contact avec une personne, Matthieu, qui m’a fait une prise. Cela s’est donc fait comme ça naturellement. Et aujourd’hui, en écoutant, je ne pourrai plus écouter «Opprobre» sans saxophone.
«Vers» est le morceau de conclusion de cet opus, mais aussi, selon votre dossier de presse «le morceau qui relie tous les autres entre eux». Peux-tu m’en dire plus ?
L’élaboration de la tracklist, l’enchaînement des pistes, est le dernier travail que je fais. «Opprobre» et «Vers» sont les deux premières chansons que j’ai composé, et à l’écoute de cette dernière, j’ai trouvé qu’on y retrouvait beaucoup d’éléments de l’album, plus que pour «Aether». C’est la conclusion parfaite de tout le travail qu’on a fait pendant un mois et demi. Paradoxalement, c’est l’un des deux premiers morceaux qu’on a composé, et le seul qu’on n’a pratiquement pas touché depuis sa composition. C’est amusant car c’est un peu la première impulsion artistique et créatrice qu’on a eu sur l’album.
On peut dire que les autres titres découlent de sa composition ?
Ouais, on a voulu autre chose sur les autres titres, effectivement.
Sur «Gloire Au Silence», vous avez collaboré avec Tetsuya Fukagawa des légendaires Envy. Comment l’avez-vous convaincu de participer à l’album ? Et pourquoi avoir choisi le langage japonais sur ce morceau ?
Comme pour le saxophone sur «Opprobre», je voulais un passage en japonais à cet endroit précis. On la trouvait très screamo dans l’approche, avec un aspect un peu triste mais très lumineux, et très ouvert, et en l’écoutant, ça m’a rappelé envy : c’est un groupe qu’on aime beaucoup, mais je ne peux pas dire que cela fasse partie de nos influences. Je me suis dit qu’une collaboration serait top ! J’ai rencontré Tetsuya à un Hellfest il y a quelques années, et on est resté en contact. Je lui ai proposé, il a écouté, et il m’a dit «ouais c’est super, ça me fait très plaisir que tu me contactes» et ça s’est fait tout naturellement.
Et que dit-il ? (rires)
Il faudra traduire ses paroles ! Mais il a voulu s’inspirer des écrits de Maxime (Febvet) et du sens de ceux-ci. Et j’étais impressionné par la quantité de choses qu’il avait à dire (rires).
Que peux-tu me dire sur «Fratres», morceau instrumental de l’album ?
C’est Maxime qui m’a un peu aidé à terminer l’album, qui l’a composé et proposé. C’est quelque chose qui semblait nécessaire dans la construction de notre album, ce titre un peu plus détaché. C’est assez amusant en même temps car «Fratres» veut dire «frères», et je considère les membres de Déluge comme mes frères. Donc cette piste nous lie un petit peu tous ensemble alors que c’est la plus hors cadre de l’album. Mais ça a un sens assez fort.
Pourquoi avoir choisi de mettre en avant «Digue» et de le mettre en image ?
C’est une décision de notre label. On était tout à fait d’accord de mettre «Opprobre» en tant que premier single. Moi, je pensais à d’autres choses pour le deuxième, et puis, pour des raisons stratégique, le label a choisi ce morceau qui est, d’une autre manière que «Fratres» un peu détaché de l’album. C’est une chanson très forte en réalité, qui propose des choses différentes. En travaillant dessus, on a appris à comprendre – on voit ça de la troisième personne – la puissance de cette chanson.
Même si vous naviguez à vue suite au contexte sanitaire, vous avez quelques concerts prévus pour 2021 ?
Comme tout le monde, on ne peut qu’espérer. On avait une tournée prévue ce mois de décembre (NDLR : Annulée), et on a pour l’instant une quarantaine de dates de bookées pour 2021. Après, malheureusement, on fera ce qu’on pourra : on est prêts à faire quelques concessions sur l’expérience live, pour pouvoir défendre notre album sur scène, parce que le live a toujours fait partie intégrante de la musique de Déluge. Après, comme tout le monde, on ne peut qu’espérer que tout se passe bien.
Que penses-tu des alternatives proposées par d’autres groupes, comme des concerts en places assises en fosse ou en streaming ?
Je pense qu’il faut se réinventer, on n’a pas trop le choix. Si on tourne en décembre, ce sera public assis, masqué avec distanciation sociale – ce que j’ai vécu en tant que spectateur il n’y a pas très longtemps. On voit clairement – je n’y croyais pas trop – qu’il y a une deuxième vague qui arrive. Cela n’empêche pas un concert de se passer ! Alors ce n’est pas l’idéal, après si les gens proposent ça, ils maintiennent l’actualité, et ça permet aussi de vivre le live. Soit on ne fait rien, soit on s’adapte.
Un dernier mot à ajouter ?
On est super fiers de cet album et on espère qu’on va vite pouvoir le défendre un peu partout et pouvoir tourner encore plus que ce qu’on a déjà fait.
Forts d’un premier EP salué par le public et la critique, les TRANK enfoncent le clou avec la parution d’un premier album, « The Ropes ». Johann, sympathique batteur du groupe, a accepté de nous en dire un peu plus.
Metal-Actus : Comment est né TRANK ?
Johann (batteur) : Julien, notre guitariste, souhaitait pouvoir jouer ses compositions : il s’est donc mis en tête de fonder son propre groupe et a mis alors une petite annonce pour trouver un chanteur. Michel, notre actuel chanteur, l’a vu ! Lui jouait dans un groupe de reprises qui marchait bien, dans la région de Genève, mais ils n’arrivaient pas à franchir le pas de la compo. Julien lui a envoyé quelques démos, il a trouvé ça super et il lui a renvoyé les voix dans les trois jours. Julien a trouvé ça génial. Formidable ! Une love-story qui commençait ! (rires). Puis Michel, que je connais depuis très longtemps m’a proposé le projet que j’ai rejoint : ça devient donc une love story à trois, en tout bien tout honneur (rires). Et après une première expérience avec un bassiste, notre ami David nous est tombé du ciel via une petite annonce aussi.
«On veut faire du bien aux gens avec nos maux» est une phrase directement tiré de votre site internet. Est-ce important pour vous, de aussi faire de la musique pour les autres, et non pas uniquement pour vous ?
Parfois, notre musique ou nos paroles peuvent être sombres, mais on essaie toujours d’avoir un équilibre, du contraste ! On essaie de donner du bonheur aux gens – et je ne sais pas si on est capable de le faire à chaque fois. On veut aussi que les gens réfléchissent et sautent en même temps : pas dans le sens devenir un intello, mais décortiquer nos morceaux. Au fur et à mesure des écoutes, le morceau va nous paraître plus riche que ce qu’il nous paraît. Et d’un autre côté, on a aussi envie de leur filer la banane, qu’ils aient envie de se défouler dans un concert, ou de mettre le CD dans la bagnole et de chanter à tue-tête – ce que font mes enfants régulièrement, même moi je n’en peux plus d’entendre mon propre CD. (rires). On veut que les gens se disent qu’ils ont passé un bon moment, sans pour autant en ayant écouté une musique qui va s’adapter en fonction de l’humeur. Il peut très bien y avoir une musique qui va nous faire sentir mieux sans que ce ne soit forcément Patrick Sébastien (rires). Idéalement même ce ne serait pas Patrick Sébastien (rires).
«The Ropes» qui est votre premier album, sort un peu tardivement par rapport à votre dernier EP (2016). Alors même si je suppose que vous avez été occupés par vos concerts, ce laps de temps vous a servi à pondre une musique dont vous étiez à 300% satisfaits ?
Oui. De base, on est des perfectionnistes invétérés (rires). On a déjà passé du temps en salle de répète pour que ce soit le mieux possible, et de même sur l’enregistrement et le mix. Mais avant ça il s’est passé deux choses : à la sortie de notre EP, on s’est remis à composer et à faire évoluer un peu notre style ce qui a donné après les trois singles qui sont sortis en 2018. Et c’est avec ce disque et ces titres qu’on a commencé à démarcher les promoteurs, et on a eu la chance et le privilège de choper des premières parties démentielles. Et de jouer dans des salles grandes avec une sono de costaud, en entendant notre musique dans ce contexte là, on s’est dit que c’est ça qu’on devrait avoir comme son, mais en studio ! Et il nous fallait les compos qui allaient avec ! Donc on a repris tous les morceaux qu’on avait finalisé ou qui étaient en travail pour qu’ils prennent de l’ampleur et et je ne parle pas d’un point de vue volume ou puissance. On doit trouver un équilibre entre puissance d’un côté, et texture de l’autre. Ce n’est pas facile à faire ni à mixer (rires). D’ailleurs l’ingénieur du son qui a collaboré avec nous a très bien bossé car ce n’était pas simple (rires). Si ça a pris du temps, cela nous a permis de bien évoluer. Et on voulait éviter les phrases du type : «Ah c’est pas mal pour un groupe qui commence !» .
Le titre «The Ropes» de votre album fait-il référence au Shibari (art du bondage japonais) ?
Le clip oui. Mais la chanson des cordes – littéralement – présente en fait une situation où un personnage est manipulé et un autre lui montre ses cordes de marionnette. Sauf que ce dernier veut lui faire prendre conscience de sa manipulation afin, à son tour, de pouvoir mieux le manipuler. Un peu comme dans Matrix ! L’une des phrases qui revient c’est «dis-moi si la marque des cordes te gêne». C’est un rapport de force qui s’établit, et c’est le sujet du morceau. Pour la vidéo, Alban Verneret, qui est notre directeur créatif, le cerveau de ce qu’on fait visuellement, et un petit génie (rires), nous a dit qu’il connaissait plein de gens dans le monde du shibari : malgré le côté contrainte avec les cordes et tout, mais il y a aussi une dimension hyper graphique et artistique voire spirituelle à un certain niveau. Et c’est intéressant car même si on ne voulait pas faire un truc SM, on voulait faire un truc sympa et élégant.
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En parlant d’Alban Verneret, comment vous l’avez rencontré et convaincu de participer à l’aventure TRANK ?
De façon assez surprenante : Alban était le contact d’une personne qui travaillait à l’époque pour nous, et qui nous a mis en contact. On s’était mis en tête de tourner trois clips – les singles qu’on a sorti sur 2018-2019 – car aujourd’hui, on part du principe que si tu n’es pas vu, tu ne seras pas entendu. On l’a rencontré, ça a super bien marché, il nous a proposé des concepts qui nous ont vachement plu. Et la première fois qu’on a travaillé avec lui, on n’a pas fait un clip, on a fait trois clips, et en deux jours. Mais ce n’était pas pour des raisons budgétaires mais parce qu’on s’est dit que si on voulait raconter une histoire qui se déroule sur trois chansons, on pouvait faire plusieurs choses au même endroit qu’on va traiter différemment. Et non seulement on a shooté les trois clips, mais en plus il nous les a envoyé, montés intégralement dans les 72 heures qui ont suivi. Et le pire est qu’il s’est excusé d’avoir pris autant de temps car «c’était les fêtes». (rires). Cela fait deux ans et demi qu’on travaille avec lui et ça fait deux ans et demi que je lui pose la même question : «d’où tu sors ? Comment tu fais ?» (rires). Je n’ai pas de réponse aujourd’hui. Ce mec fait de la réalisation, de la colométrie, du graphisme aussi – donc c’est lui qui nous a fait la pochette de l’album ainsi que le booklet – il nous a fait les photos, il nous a aussi tourné le clip live qu’on a fait de «Chrome» – et d’ailleurs il faisait le montage pendant qu’on rangeait le matériel (rires) – Et c’est lui qui nous a fait le design pour le merchandising qu’on va lancer prochainement. C’est donc le couteau suisse de tout ce qui est visuel. Et il se trouve que tout ce qu’il fait, c’est bien quand même ! (rires).
«Il faut être vu avant d’être entendu», vous allez à l’encontre de pas mal de groupes, français notamment, qui pensent que seule la musique peut suffire.
Si ta musique est mauvaise, quoi qu’il arrive tu peux faire ce que tu veux comme clip, ce sera mauvais – sauf à de très rares exceptions près. Mais celle-ci, selon moi, ne suffit pas forcément : sur Spotify, tout le monde peut écouter ce que tu fais dans le monde tout comme 300 millions de groupes ! Et en général, tu y vas soit chercher des artistes que tu connais, soit des playlists «Discover» et découvrir des groupes que tu ne connais pas, éventuellement. Et la plupart du temps, même quand les morceaux sont biens, tu n’y fais pas plus attention. Sur Youtube : même si on retrouve ce même principe d’algorythme, il y a un élément visuel, qui peut aider à capter l’attention facilement. Encore une fois, si la musique est pourrie ça ne va pas aider (rires) peuvent se dire «le clip est pas mal !»… L’internaute veut juste voir un truc qui lui plait. Donc le trip du musicien maudit qui ne vit que de sa musique et d’alcool (rires) … Les gens ont de plus en plus de trucs hyper peaufinés, léchés, donc quand tu es un musicien qui veut te faire connaître, tu dois donner envie aux gens ! Après l’EP on a décidé de se donner les moyens de faire quelque chose de carré . Mais c’était notre choix.
Pourquoi avoir choisi «Chrome», qui est un hommage aux motards, en tant que premier single ?
Très tôt dans le groupe, on a eu un groupe de motards qui nous a pris d’affection, et qui est venu nous voir à tous les concerts. Ils ont fêté les cinq ans de leur association de motards, ils nous ont demandé donc d’y jouer. On avait ce morceau dont on n’avait pas encore les paroles et Michel a dit : «En fait ce serait vraiment bien d’en faire un hymne aux motards !» On n’a pas fait ça par calcul pour se faire plus de copains chez les motards (rires). Michel a écrit les paroles, pour parler de leur philosophie -Quand tu es sur ta bécane, tu te vides la tête et tu trace ta route – mais aussi de la vie de notre bassiste qui est également biker. Et on trouvait que le riff était déjà vachement bon – c’est très subjectif ce que je viens de dire (rires) – Et à chaque fois qu’on la jouait en live, on avait une super réaction du public – motard ou pas d’ailleurs. Comme on avait déjà sorti quatre clips tournés en studio, là on s’est dit qu’on va faire un clip live, pour nous montrer en concert! On a donc tourné les images sur deux concerts en Europe de l’Est, sur des scènes assez grosses. Et on l’a lancé en premier car c’était au début du confinement et que ce serait le bon moment de monter des trucs live, même si on ne peut pas encore nous voir ou revoir en vrai !
En fait je te dit ça car j’aurai plus vu «The Ropes» en tant que premier extrait car représentant plus l’album dans sa globalité !
Et c’est pour ça qu’on en a fait le single principal ! Parce qu’on s’est dit exactement la même chose, en pensant à ce morceau et à «Shining» aussi. C’est pour ça qu’on a voulu sortir «The Ropes» en même temps que l’album, pour le présenter.
Que peux-tu me dire sur «Shining» d’ailleurs ?
On a beaucoup retravaillé sur ce morceau. Il y avait un riff de guitare accrocheur et Michel a trouvé derrière une mélodie vocale qui complétait la guitare et était aussi assez accrocheuse. C’est probablement un titre que les gens ne vont pas avoir de mal à chanter avec nous sur scène parce qu’il rentre assez facilement en tête. C’est un morceau qu’on aime bien car il y a un côté énergique, mais aussi très contrasté au fil du morceau. J’en reviens toujours à mon histoire d’équilibre : c’est ce qu’on essaie de faire dans chaque chanson, et aussi après, au fil d’un album, d’avoir des vagues, comme ça, pour pas que l’auditeur se prenne douze titres bruts dans la figure.
Que peux-tu me dire sur «Refugee» ?
C’est une chanson qu’on a composé il y a quatre ans, l’un de nos premiers morceaux. C’est parti d’une ligne de guitare, toute simple de Julien, qui ne savait pas trop quoi en faire ! (rires) Et Michel nous a pondu tout un arrangement autour. C’est une chanson qui contient plus d’électronique que les autres. Il n’y a pas de paroles, et il y a une atmosphère beaucoup plus particulière. Mais on a tous beaucoup d’affection pour cette chanson qui est, pour le coup, beaucoup plus dans les textures, dans les ambiances. Les samples qu’on a utilisé est une combinaison de deux sources : la première c’est un journal télévisé des années 1970 qui parlait des «boat-people», et l’autre est un échange radio entre les gardes-côtes et un bâteau dans les années 2010 qui avait recueilli des migrants. Et quand tu mets les deux en parralèle, tu te rends compte qu’ils disent la même chose. Et ces deux audios ont quarante ans d’écart ! Et tu te dis que, visiblement, on n’a pas réglé le problème.
Vous avez obtenu des premières parties extrêmement prestigieuses pour votre jeune carrière dont Deep Purple. Comment vous l’avez vécu d’ailleurs ?
C’était comme si on disait à un enfant de cinq ans qu’il allait rencontrer le vrai Père Noël et que ça se passe – et ce n’est pas tonton avec une fausse barbe ! (rires) Ce sont des groupes qui ont tout fait, tout prouvé. Quand ça nous est tombé dessus, on n’y croyait pas une seule seconde, on ne va pas se mentir (rires). Même quand on est arrivé dans l’Arena de Riga (Lettonie) – on était tous seuls sur le parking et on voit cet énorme truc, on a espéré qu’il n’y ait pas eu une incompréhension, que ce n’est pas MidTurtle qui jouait sur le parking du truc (rires). Et non, ils nous attendaient bien, ce qui nous a rassuré un peu (rires). Et on a pris deux grosses claques ce soir-là : l’une musicale, l’autre humaine. Les mecs ont tout fait, et ils pourraient tout à fait se comporter comme des enfoirés, et que les gens leur disent «merci!», alors qu’ils étaient tellement humbles et gentils ! Don Airey est venu nous voir pendant notre soundcheck, dans la salle vide, nous encourageant et prenant des photos. Et pendant son solo le concert, les autres musiciens viennent nous voir. Steeve Morse, le guitariste, nous a félicité et à tenu à nous dire que tout le groupe nous a regardé ! Et heureusement que je ne m’en suis pas rendu compte parce que là … (rires). On a discuté encore dix minutes avec le groupe à la fin du concert. Humainement, pour des mecs comme nous qui sortent de nul part, ça nous a fait bizarre, et ça nous a secoué, dans le bon sens du terme.
La pandémie mondiale a mis un énorme cran d’arrêt aux concerts. Quel est ton point de vue sur cette période inédite en tant que musicien ? Et que penses-tu des ces groupes qui proposent de plus en plus des concerts en streaming ?
De notre côté, on ne reste pas assis sur nos mains : on compose, on fait évoluer notre projet, on prépare l’avenir tout en faisant écouter notre album au plus grand nombre, en espérant que les gens aiment bien et ne nous jettent pas des cailloux (rires). Donc on est fort occupés. Pour les concerts en streaming, en l’absence d’autres alternatives, ce n’est pas bête ! Il y a des groupes qui ramassent d’ailleurs beaucoup d’argent avec ça ! Mais je pense que de toutes façons, l’industrie musicale est en train d’évoluer. Mais quand les concerts vont – je l’espère – reprendre, j’espère, quand même, que les gens s’attendront à une expérience différente physiquement.
Si Survival Zero est un jeune groupe issu de la scène française, leur musique, entre le death mélodique et le mathcore, est un mélange à la fois mature et étonnant, qui vous fera secouer très fort les tifs. Rencontre avec Pierre, le chanteur du groupe le plus fascinant de ces derniers mois.
Metal-Actus : Vous venez tous d’horizons différents, notamment d’Embryonic Cells, groupe de Black metal. Comment vous vous êtes retrouvés sous cette seule et même bannière qu’est Survival Zero ?
Pierre Lebaillif (chant) : On se connaît tous d’avant, et on est, pour la plupart, des potes de très très longue date. On a même eu des groupes ensemble. J’ai lancé un peu l’initiative du projet en faisant écouter des idées de chansons à Thibault, notre batteur : on a jammé dessus quelques mois, et après on s’est tourné vers d’autres copains, Ben, Régis et Pierre qui ont pu apporter leur patte, leur touche, leur sensibilité à notre son. Même si on a créé les fondations de Survival Zero avec Thibault, rien n’a été imposé, bien au contraire. L’arrivée de chacun des membres du groupe a fait évoluer le groupe et sa musique vers le haut.
Quel est la signification de votre artwork ?
C’est lié à la signification des paroles de l’album : j’ai puisé dans un moment de ma vie où j’avais été malade – j’ai fait une dépression – et je m’en suis guéri avec l’aide des soignants. J’ai essayé de poser des mots là-dessus et sur le cheminement vers le haut par lequel je suis passé. C’est ce à quoi fait référence le titre de l’opus et ses paroles. Mais parfois, on ne prend pas forcément des directions qui nous amènent là où l’on voudrait, et on tombe sur un cul-de-sac ! L’artwork représente ça : tu as cette crise à vide dans le bas de la cover, on sent ce personnage central assez sombre, en méditation avec un visage assez neutre, et les quatre squelettes sont la représentation de ces voies sans issues qu’il a pris et qui font tout de même partie de son histoire. Tout le monde, dans sa vie, connaît des échecs, dont on peut forcément en tirer des leçons qui sont importantes.
Peux-tu m’en dire plus sur le clip du morceau-titre ?
C’est un morceau qui intervient au début de l’album : il est un peu conceptuel, il a son histoire propre mais il y a quand même un point de départ, avec l’introduction et le morceau qui suit «The Old Man’s Path», à savoir l’état d’esprit avant de commencer l’ascension. Et dans «The Ascension», cette dernière démarre. Dans le clip, il y a l’idée d’un enfermement, et d’une volonté de s’en extirper. Mais avant d’en sortir, on fait face à soi même : alors il y a d’autres personnages qui interviennent, mais peut-être qu’ils n’existent pas, que c’est la propre folie liée à l’enfermement du protagoniste principal qui les a créé. Il faut alors s’en débarrasser pour aller de l’avant et commencer cette élévation.
A propos de «Degnration», votre morceau le plus groovy, que peux-tu m’en dire sur sa conception ?
Le premier riff de la chanson est le premier qui nous ait venu en tête quand on s’est mis à composer. Et c’était plus de l’ordre de la blague à vrai dire car il ressemble vachement à du vieux Metallica ce riff, de la période «Ride The Lightning» (rires) ! Et en fait, l’idée me plaisait ! Sauf que derrière, c’est un morceau un peu à tiroirs, on a dans la première partie ce côté thrash brutal, et dans la deuxième partie, il y a ces arpèges au milieu, donnant un côté un peu tribal, et ça se finit sur un breakdown ! Et dans sa conception, le morceau dégénère à un moment. Et c’est comme ça que le titre est venu en fait. Dans les paroles, j’évoque des moments où ça déraille dans l’esprit de quelqu’un, comment il fait face, toujours avec ce rapport à l’isolement et la folie que ça génère, qui est quasi présent sur toutes les chansons.
Que peux-tu me dire sur «Fondations» ?
Il a ce titre-là pour deux raisons : déjà parce que c’est le morceau qui est à la base de tous les autres. J’ai mis beaucoup de temps à définir la structure du morceau parce que j’avais un riff, puis un deuxième, puis un troisième … et ces riffs, qui étaient de base pour ce morceau-là, ont atterrit sur tous les autres titres de l’album. Il a donné naissance au reste, en tout cas pour moi dans les propositions initiales que j’ai pu faire. C’est vraiment la fondation du groupe, sa base. Après, dans les textes, j’évoque beaucoup l’espace : je suis très inspiré par la littérature, notamment celle de science-fiction. Je suis très inspiré par Isaac Asimov et sa série d’histoires, «Fondations» : il fait voyager ses personnages, il les fait faire se confronter à des bouleversements à l’échelle de toute l’humanité, des choses plutôt négatives mais pour reconstruire derrière quelque chose d’autre, de plus positif. Dans les deux derniers romans de ce cycle, et surtout dans le dernier – pour rappel l’humanité a colonisé la voie lactée, et il recherche la planète des origines – j’y vois la métaphore de l’humanité qui recherche son berceau, qui recherche ses origines. Et à l’heure actuelle, on ne vit que sur une seule planète, mais il y a déjà une quête que l’humanité entreprend sur ses origines par la science, par la philosophie, même par les religions … Le morceau parle de ces chemins qu’on parcourt pour retrouver ses bases, des bases solides, et se construire peut-être autrement. Après, musicalement, c’est un morceau qui a quand même, maintenant – et il y a des gens qui nous l’ont fait remarquer, ce serait mentir que de le nier – une grosse influence Gojira : on a ce côté massif avec les dissonances créés par les accords de guitare, ce qui n’est pas forcément très commun, qui se conjugue avec un côté assez épique.
«Cold Spot» est votre intermède instrumental de plus de deux minutes. Pourquoi l’avoir choisi de mettre dans cette position précise dans la tracklist de l’album ?
On a essayé, sur tout l’album, d’avoir un enchaînement des titres qui soit le plus logique possible, en tout cas pour nous. Je te disais que sur «Fondations» il y avait des riffs qui étaient nés de sa composition qui ont donné naissance aux autres morceaux de l’album, donc il y a ce genre de liens entre les chansons. Mais à un moment donné, il faut arranger tout ça dans la tracklist d’un album. On a, de façon inconsciente essayé de réfléchir comme dans un film, avec son introduction qui pose l’environnement et les personnages, son développement d’une ou de plusieurs histoires, avec un rythme propre à chaque histoire. «Cold Spot» permet de chapitrer un peu l’album avant son final. Et puis c’est bien des respirations instrumentales aussi. Je suis le chanteur du groupe, mais je n’aime pas les groupes où il y a trop de paroles, où on entend trop la voix tout le temps ! (rires).
Comment s’est passé la release party virtuelle de samedi ?
Ce n’était pas en direct ! On l’avait enregistré au préalable parce que les disponibilités de chacun n’étaient pas toutes simultanées, entre le télétravail et les reprises d’activité. On voulait aussi garantir un contenu assez qualicatif parce que je ne te le cache pas, quand on a enregistré ça, il y a certains moments où les private jokes ont un peu trop pris le pas sur le reste (rires). On n’a pas voulu faire un truc trop sérieux non plus mais on aurait fait une émission de 5h30 si on avait tout laissé (rires). Je pense que la playlist a plu aux personnes, c’était assez varié car on a diffusé que trois extraits du nouvel album ! Pour le reste, il y avait une dizaine de morceaux qui passaient de Tool à Dissection, de The Black Dahlia Murder à Slipknot.
Vous avez des pistes pour des concerts après cette épidémie ?
On ne sait pas dans quelle mesure on va pouvoir assurer nos concerts – qui ont été reporté -mais dès que possible, la priorité, ce sera de bouffer des kilomètres pour faire nos shows. Des associations commencent à nous contacter pour des concerts, on fait aussi quelques démarches de notre côté. Mais c’est difficile, car tout le monde navigue à vue. On a bon espoir de reprendre les concerts à l’automne. On verra bien.
Un dernier mot ?
On parlait des concerts à l’instant, alors au nom du groupe, je transmets nos salutations et notre soutien à tous les acteurs de la culture, quels qu’ils soient et pas uniquement dans la musique. Je pense que c’est l’un des milieux qui morfle le plus, qu’on sous-estime même économiquement alors que ça a un poids assez monstrueux !!! On remercie les lecteurs de Metal-Actus et les gens qui nous suivent malgré le confinement, qui nous envoie des remerciements et des salutations : on est très touchés ! Et on espère très vite pouvoir reprendre le chemin des concerts, faire de la musique et vous rencontrer en vrai !
Après avoir emballé la critique européenne avec leur premier EP « The A7 Session » les One Life All-In sont de retour ce printemps avec de la nouveauté savoureuse, « Letter Of Forgiveness ». Metal-Actus a pu s’entretenir avec Clément, guitariste du groupe, sur la conception de ce nouveau bébé.
Interview réalisée le 24 avril 2020 par téléphone par Roxane BAYLE
Photo à la une par Sylvain Mestre
Metal-Actus : Beaucoup de médias vous qualifient de «supergroupe». Est-ce le cas selon toi ?
Clément (guitares) : Alors on est effectivement des musiciens qui ont pu faire leurs preuves, mais après, nous qualifier de «supergroupe»…. En fait, le terme peut s’appliquer à Don (Foose) et à Kévin (Foley) qui ont fait beaucoup de choses. Mais en ce qui concerne Franco et moi, on va rester modeste, car on a fait beaucoup moins de choses : on a joué dans Seekers Of The Truth, on a fait quelques dates, mais ce n’est pas de la même envergure.
Comment vous vous êtes rencontrés ? Et à quel moment vous vous êtes dit « Putain, il faut qu’on fasse de la musique ensemble » ?
Quand on jouait avec Seekers, on a fait une date à Lyon avec The Spudmonsters, l’autre groupe de Don. Le courant était bien passé entre nous, et on avait bien pu discuter avec lui. Quelques jours plus tard, Franco était au Hellfest – je crois que c’était en 2014 – et les Spudmonsters jouaient. Et Franco a recroisé Don et ils ont pu repasser un peu de temps ensemble. L’année suivante, alors qu’on enregistrait un album avec Seekers, on lui a demandé de venir chanter sur un de nos morceaux.
Quand on a commencé à composer les premiers morceaux de One Life All-In, on s’est demandé qui allait les chanter. Et une fois qu’on a eu les six morceaux, on s’est dit «Tiens, pourquoi on n’enverrait pas les morceaux à Don ? » sans aucune prétention ou quoi que ce soit d’autre. On lui a donc fait parvenir des démos. Et ce qu’il a fait dessus nous a bien plût. Cela nous a donné envie d’aller un peu plus loin, donc de les enregistrer sur CD et d’essayer de faire un peu plus de choses !
Kevin est arrivé dans l’intervalle : on n’avait toujours pas de batteur et on se posait la question de faire appel à un vrai batteur, ou de faire le truc via un ordinateur. Kevin venait tout juste de mettre une annonce sur sa page Facebook à l’époque, il annonçait chercher des groupes avec qui jouer en spécifiant qu’il voulait faire autre chose que du Death ou du Grind. On est tombé donc au bon moment ! Tout s’est passé extrêmement rapidement !
«Letter Of Forgiveness» est votre second EP. A-t-il été plus évident à composer que votre premier EP, «The A7 Session»?
Alors il n’a pas été très compliqué à composer, juste plus long : pour le premier, Franco avait déjà tout composé dans sa tête – il avait écrit des morceaux qu’il n’avait pas encore mis en forme mais il avait déjà des idées bien précises de comment ça allait sonner. Pour le deuxième, il n’y avait pas vraiment de nouveaux morceaux : on a dû tout composer ensemble et trouver une dynamique de travail ensemble. Si Franco ou moi on avait un riff, on se voyait – on s’est toujours vu très régulièrement – il me montrait son riff, je le rejouais, et on enregistrait tout ça sur ordinateur. On voyait alors ce que ça donnait, et on rajoutait, déplaçait, enlevait certaines choses. On envoyait ensuite les morceaux à Don qui pouvait, lui aussi, demander à les modifier. On arrive donc aujourd’hui avec un son un peu plus personnel selon moi, avec notre propre identité car tout le monde a pu donner son avis et toutes les influences ont été prises en compte.
Pourquoi ce titre «Letter Of Forgiveness» ?
C’est un titre qui a été proposé par Don. C’est aussi le premier morceau de l’EP. Don a écrit les paroles, et elles sont assez personnelles : Don est très croyant – c’est le seul dans le groupe – et il a décidé de s’imaginer dans une conversation avec Dieu pour s’excuser de tout ce qu’il a pu faire de mal dans sa vie – des choses qu’il regrette, dont il n’est pas très fier. C’est une manière d’avancer, de passer à autre chose. Je pense qu’il est important pour Don ce morceau car il arrive à un moment de la vie où il a besoin de le faire, mais où aussi il a besoin d’exprimer des choses plus personnelles de ce qu’il faisait par le passé avec ses précédents groupes.
Quelle est la signification de votre artwork, vrai tatouage que j’aurai plus vu sur le bras d’un marin, par exemple !
Oui c’est vrai ! (rires) On a fini de composer les six morceaux, et on se posait la question de la pochette. On n’avait pas du tout d’idées. Don avait ce visuel là, qu’il avait obtenu de son ami Dave Quiggle et il nous l’a proposé, et on a accepté. Et Dave nous a donné son accord plus l’utiliser, à condition de pouvoir le retoucher, essayer de faire quelque chose de cohérent avec l’image. On est très content d’avoir pu collaborer avec lui : à la base, c’est un tatoueur, mais il a aussi fait les pochettes de plusieurs groupes, notamment des Foo Fighters et de Comeback Kid.
Le clip de «Hey Man!» est sorti aujourd’hui. Pourquoi avoir choisi de le mettre en avant ?
Alors ce titre on a choisi de le mettre en clip pour plusieurs raisons : la première est que c’est un morceau court, et on voulait faire un clip court avec des images du studio. Elles montrent qu’on a passé un bon moment, on voulait que ce soit une vidéo souvenir, un peu comme à l’époque où on faisait des albums photos, qu’on aurait plaisir à regarder encore et toujours. Donc oui, égoïstement, on a fait ça pour nous (rires). La deuxième est qu’on a un peu toutes les facettes de l’ambiance des morceaux de One Life All-In dans ce même morceau : il est rapide, avec une influence punk et des mélodies au niveau des guitares avec un chant qui arrive à se placer au milieu de tout ça. Ce morceau est donc assez représentatif du style.
Vous avez choisi de reprendre un standard de The Cult «83rd Dream». C’est un univers, à première vue, assez éloigné du vôtre. Pourquoi ce choix ?
Au début, on ne pensait pas le faire figurer sur l’EP ! Comme je travaille beaucoup sur ordinateur, Don m’avait demandé de réarranger certains morceaux de son choix pour qu’il puisse les chanter à sa sauce. Et «83rd Dream» faisait partie du lot. Et il s’est avéré être, au final, correspondre à notre style et du coup on l’a inséré dans notre tracklist. Notre reprise change un petit peu de la version originale tout en gardant la même structure, les mêmes notes – on a juste accordé un ton plus bas et fait quelques arrangements, particulièrement à la guitare rythmique.
Que peux-tu me dire sur «Cold End Struggles» ?
C’est mon morceau préféré ! Enfin celui que je préfère jouer, mais pas forcément celui que je préfère écouter (rires). Il a une grosse énergie hardcore, ça va vite, il y a tout ce que j’aime dedans ! C’est l’un des premiers morceaux qu’on a composé avec Franco : il avait un riff en tête et moi j’ai mis en place la structure du morceau : c’est, en quelque sorte, un morceau «type» de notre nouvelle méthode de composition.
Que peux-tu me dire sur «Discharge» ?
C’est aussi l’un des premiers morceaux qu’on a enregistré. On l’a composé ensemble avec Franco, durant nos sessions du dimanche. Par contre, ce qui est marrant, c’est qu’on l’avait écarté au début ! On le trouvait un peu plus faible que les autres. Et c’est Kevin qui nous a dit que ce morceau était bien et qu’il fallait le garder. C’est d’ailleurs pareil pour «Cold End Struggles». On les a donc repris. Pour en revenir à «Discharge», on l’a envoyé après l’avoir réarrangé à Don. C’est d’ailleurs, pour moi, ce qu’il a fait de mieux que ce soit au niveau des paroles qu’au niveau du chant
Pour l’avenir, je suppose que vous allez bosser sur vos futures dates de concert, malgré ce confinement ?
Oui. Et ça manque énormément. Même si on est déçu et un peu frustré, il ne faut pas oublier que c’est pour d’excellentes raisons, car si on n’est pas malade, on peut être porteur, il faut donc éviter la transmission. De notre côté, on essaie de reporter nos dates des mois d’avril et de mai, de les replanifier. Mais ce sera certainement pour l’année prochaine et pas avant. On a très hâte de pouvoir rejouer.
Un dernier mot ?
Un grand merci à tous les fanzines, webzines, radios, magazines …. pour le travail que vous faîtes à supporter des groupes comme nous durant cette période. Sans vous, on ne pourrait pas faire tout ce qu’on fait. Et n’hésitez pas à jeter une oreille à mon autre projet musical, Last Note, que j’ai lancé durant le confinement !
Arrivé tout juste en fin d’année dernière, «Soulmates» est le deuxième album des Scarlean, après un «Ghost» plutôt bien apprécié par la critique. Fabien, batteur du groupe et l’homme derrière les manettes sur l’enregistrement, revient pour nous sur cette savoureuse galette.
Metal-Actus : Votre album «Soulmates» est sorti à la fin de l’année 2019. Malgré cette période compliquée que nous traversons tous, est-ce que vous avez eu des premiers retours, et pensez-vous avoir pu toucher un nouveau public ?
Fabien (Batterie) : Pour l’instant, tout ce qu’on a eu depuis la sortie de l’album sont très très positifs. On a eu de très bonnes notes sur des webzines, des fanzines et des magazines. Pour ce qui est du confinement en lui-même, niveau promotion, comme on a pu assurer le truc aujourd’hui par téléphone, tout reste dans la lignée de ce qui était prévu, malgré les quelques annulations de concert, mais bon… Je pense que nous ne sommes pas les premiers touchés. Ce sont surtout toutes les organisations de concerts qui en pâtissent le plus. On a une pensée pour eux, car je sais qu’il y a beaucoup de bénévoles dedans qui se donnent et cela met en l’air un travail de plusieurs semaines, de plusieurs mois, voir parfois même d’une année complète. J’espère qu’ils pourront continuer, se relever malgré tout ce travail gâché à cause de l’épidémie actuelle.
Votre personnage mascotte, le Ghost, fait dos à une petite fille. Est-ce elle sa «soulmate» ?
Ce qui est assez intéressant dans l’élaboration de la pochette, c’est qu’il y a une interprétation que tout le monde peut avoir. On peut penser ça, que c’est son âme soeur. Ou alors ça exprime une certaine dualité. Il y a tout ce genre de message qui peut être interprété avec la pochette. Chacun vit les choses différemment, et la pochette retranscrit un peu ça : est-ce que le Ghost est l’âme soeur de la petite fille ? Est-ce que la petite fille est l’âme soeur du Ghost ? Va savoir ! (rires)
Comment s’est passé l’accouchement de «Soulmates» ? Scarlean ayant un tout nouveau line-up (dont tu fais partie d’ailleurs!)
C’était un accouchement sans douleur ! On s’est retrouvé quelques mois avant de rentrer en studio chez moi, «en confinement» pour travailler les arrangements et les nouvelles compositions de Scarlean. Et pour «Soulmates», il y a eu un changement de line-up suite aux changements de besoin de certains, et il n’y a aucune animosité avec les ex-membres du groupe : on est tous copain, et quand ils viennent nous voir, on boit des coups ensembles.
On a pris le parti de faire plusieurs mois d’arrangements, de compositions et de corrections de notre musique : on a donc attaqué le 4 juillet dernier pour terminer à la mi-octobre. On a réussi à tenir le planning pour que les choses soient faites correctement.
J’aimerai revenir sur la figure du «Ghost» qui a été introduite via votre premier opus du même nom. Il est également présent sur ce deuxième album, mais aussi sur vos tournées. Est-ce que cette «mascotte» va vous suivre sur une partie, voire la totalité de votre carrière ?
Je pense, même si je ne sais pas si c’est une réelle certitude. Il sera certainement là pour le troisième album. Le concept du «Ghost» est pour moi une très bonne idée : Alex et Geoffrey, qui sont le moteur de Scarlean, ont eu cette idée de schématiser ce que l’être humain peut vivre au quotidien dans les sensations, les émotions … ce qui a donné ce personnage. Aujourd’hui, ça nous correspond bien et ça nous ouvre beaucoup de possibilités dans nos manières de s’exprimer et d’avancer dans le projet. Donc il y a encore des chances pour qu’il nous suive pendant pas mal de temps.
Pourquoi avoir choisi de reprendre «Wonderful Life» des Black ? Et comment avez-vous réussi à attirer Anneke Van Giersbergen dessus ?
A la base, pendant cette période «confinement» qu’on a eu avant l’enregistrement de l’album, on avait prévu de faire une autre reprise. C’était un titre des Beattles, sur lequel on voulait faire un featuring avec une chanteuse. Mais, après débats, on est partis sur une autre idée, «Wonderful Life» de Black donc, car le texte correspondait plus à l’univers de «Soulmates» : ce texte a un petit côté sarcastique et ironique qui ressort bien, et collait parfaitement au reste de l’album. Les reprises, ce sont des petits défis qu’on aime bien se lancer, transformer un standard de la chanson et en faire totalement autre chose !
Pour notre collaboration avec Anneke Van Giersbergen, c’était au départ un fantasme de pouvoir la faire chanter sur l’un de nos morceaux ! On est tous plus ou moins fan, certains plus que d’autres d’ailleurs (rires). On a décidé d’essayer de la contacter, après avoir réussi à obtenir le mail de son manager. On y est allé au culot en lui proposant la chanson, directement avec la maquette. Et on a eu une réponse très rapide, je crois même dans l’heure en disant que c’était une très bonne idée et que Anneke serait flattée de participer au projet. Et c’est parti de là : on lui a demandé des parties de chants et quelques improvisations, … Et tout s’est fait dans une facilité plutôt surprenante avec beaucoup d’accessibilité, d’intelligence et de professionnalisme. C’était une super expérience !
Tu peux aussi me parler d’une autre collaboration prestigieuse, à savoir Eric Lebailly. Tu t’es occupé de l’enregistrement de l’album, mais tu es le batteur officiel de Scarlean. Pourquoi avoir fait le choix de laisser ta place derrière les fûts ?
Je suis rentré dans Scarlean en tant que batteur l’hiver dernier.mais je suis également le producteur de «Soulmates» : j’ai enregistré, mixé et masterisé l’album au complet, j’ai participé aux arrangements et apporté quelques corrections aux morceaux. Il me semblait donc compliqué, pour ma part en tout cas, de me retrouver derrière la console et derrière les futs en même temps. On a alors fait appel à Eric, qui est un très bon ami à moi, avec qui j’ai déjà collaboré sur plusieurs projets. Et c’était une expérience très enrichissante : on s’est permis d’utiliser son vocabulaire, son expérience, il nous a amené des petites réflexions qui étaient assez intéressantes sur le groove. J’avais totalement confiance en lui, et je savais qu’il allait retranscrire toute l’énergie que je voulais donner à Scarlean. Et ce n’était pas pour ramener un batteur meilleur que moi : c’était pour assurer la production de l’album. C’était beaucoup de travail à produire sur un temps limité, avec beaucoup de prises de son et de mixage …. et je ne me sentais pas d’assumer les deux !
Que peux-tu me dire sur «Waste My Time» ?
Même si on ne connait pas les paroles par coeur, le titre reste assez parlant. C’est un morceau ternaire, avec une belle énergie. Il y a un texte qui dit des choses intéressantes, qui concerne énormément de monde. C’est un morceau qu’on a aimé composer et qui étonnamment, par rapport à d’autres, est encore plus agréable à jouer sur scène.
Que peux-tu me dire sur «Our World Will Surely Stop» ?
J’invite tout le monde à lire le texte et à écouter l’émotion qu’Alex essaie de transcrire sur ce morceau et d’écouter les harmonies qu’on a monté dessus. C’est aussi, personnellement, un morceau sur lequel j’ai pris du plaisir à travailler et à mixer. Il y a aussi un côté très new wave dans les arrangements. Ce n’est pas le morceau qui ressort le plus de l’album, mais, pour moi, c’est une pièce assez importante parce que elle retranscrit bien ce qu’est Scarlean, que ce soit au niveau de l’ambiance, de l’écriture, des implications de chacun sur le texte eou de l’interprétation vocale d’Alex.
Ces travaux de peinture que vous montrez sur Facebook, c’est pour un prochain clip ?
Oui, exactement ! Donc en ce moment, on est en train de faire le clip de «Next To The Maker», qui est le premier titre de l’album. Malheureusement, à cause du confinement, on a pris du retard pour continuer à filmer la partie scénarisée du clip. Olivier, le bassiste, qui est aussi le vidéaste du clip, qui travaille déjà sur l’intégration des effets. Il y aura une partie scénarisée, donc avec un décor qui est en train de se construire en ce moment chez Michel, notre guitariste : on est en train de construire une chambre de petite fille. On a envie de mettre en image le thème de cette chanson mais aussi le thème de l’album car cela le représente bien. Dès que le confinement sera terminé, on pourra enfin tourner avec la petite fille et le Ghost, et ainsi sortir cette vidéo.
Un dernier mot ?
J’espère que tout le monde va bien se porter avec cette histoire de confinement, surtout que ce n’est vraiment pas drôle. Restez bien chez vous, faîtes attention à vos proches. On vit un peu une période difficile, et surtout unique. Pendant ce temps, Scarlean continue : on travaille et on réfléchit énormément au troisième album et aux futures vidéos, mais aussi à nos prochaines scènes. On espère que notre musique plaira à tous ceux qui pourront écouter. Vive la musique ! J’encourage tout le monde à faire de la musique, c’est un exutoire qui est génial, qui permet de rencontrer beaucoup de gens et de partager beaucoup de choses.
A l’occasion de la sortie de « Cell-0 », qui marque le retour (bref) du groupe à du 100% instrumental, Metal-Actus a pu s’entretenir avec le batteur d’Apocalyptica Mikko Siren et évoquer le concept particulier de cette cellule imaginaire.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, j’aimerai que tu reviennes sur l’immense tournée que vous venez d’achever à l’occasion de l’anniversaire de la sortie de «Plays Metallica By Four Cellos». Quel regard portes-tu sur ces années très intenses ?
Mikko Siren (Batterie) : C’était génial ! Nous avions initialement prévu de faire une trentaine de dates sur cette tournée – essentiellement en Europe – pour célébrer la sortie de cet album il y a 20 ans. On comptait revenir après en studio pour enregistrer notre nouvel album. Et tout ça remonte à 2015 (rires). Après nos premiers concerts, les promoteurs et nos fans à travers le monde ont été emballé par l’idée, et on a reçu une immense demande de faire plus de shows ! Donc effectivement, il se trouve que c’est notre plus grande tournée, avec un passage dans au moins 45 pays à travers le monde.
Et nous étions de retour à nos débuts, quand nous n’avions que les violoncelles, et ensuite la batterie. Nous avons ainsi pris conscience à quel point nos fans adorent nos morceaux instrumentaux, voire plus que ceux avec des chanteurs. Ainsi, on a pris la décision de faire «Cell-0» en pleine tournée !
Cette réaction de votre public est celle qui vous a poussé à revenir au tout instrumental sur cet opus donc ?
Exactement !
Que veux dire ce titre «Cell-0» ?
On parlait, durant notre tournée, de musique, et de la vie en général – ce qu’il se passait dans nos société, dans notre monde, sur Terre. Nous avons imaginé cette particule imaginaire, « Cell-Zéro», qui est le départ de toute chose sur cette planète : ça peut être un simple atome tout comme quelque chose de plus puissant, qui a créé la vie. C’est aussi quelque chose dont manque actuellement l’humanité, car cet élément améliore les sentiments des êtres humains, et les rend plus doux, plus compatissants. Beaucoup de personnes manquent de respect envers les autres, envers notre terre et la nature.
Je trouve que votre musique est bien plus agressive et plus rentre-dedans que sur vos deux précédents albums. D’autres groupes vous ont-ils influencé ?
Beaucoup de choses se sont passé en cinq ans, entre la sortie de notre précédent album «Shadowmaker» et aujourd’hui, et cela a eu une influence sur notre musique, peut-être pas forcément voulue. Eicca (Toppinen) et Perttu (Kivilaakso) sont les deux compositeurs principaux du groupe : musicalement, ils sont tous les deux assez ouverts à différents types de musique, du classique au plus thrash à la Slayer.
Sut «Cell-0», on se rapproche des émotions que peuvent ressentir chaque individu, on les «kidnappe» en quelque sorte pour les porter aussi loin que possible, de les approfondir, de les développer, et d’en faire ressortir leur beauté, malgré cette sur-agressivité apparente.
Ces émotions sont au coeur de votre album donc ?
Oui. Nous voyons chacun des morceaux comme une peinture : chaque morceau a sa propre identité, mais fait partie de quelque chose de plus grand. Tu peux le constater sur notre artwork d’ailleurs. On essaie alors de faire quelque chose de cohérent, d’avoir une histoire continue du début à la fin de notre album.
Le clip de «Rise» est-il la projection de cette peinture que tu décris ?
Non, car il s’agit de l’interprétation de notre réalisatrice, Lisa Mann. C’est drôle car quand j’ai pour la première fois entendu «Rise», la seule chose qui m’est venu à l’esprit est le terme de «lumière», dans le sens que c’est quelque chose de positif, qui améliore les choses. Lisa travaille depuis un moment avec nous – elle a réalisé certains de nos clips dont «Not Strong Enough» ou encore «Cold Blood» – et elle nous connaît bien maintenant. On lui a donc fait écouter la chanson tout en lui demandant de nous réaliser le clip. Et on lui a laissé carte blanche. C’est donc sa propre interprétation de notre musique même si elle se rapproche beaucoup de la nôtre !
Donc vous ne lui avez donné aucune directive ?
Juste quelques indices ! Mais c’est elle qui a choisi l’histoire, la photographie, qui a utilisé les danseurs…. Cette vidéo est sa vision, en tant qu’artiste, du morceau. On voulait lui donner la possibilité de s’exprimer. Et c’est aussi notre façon de la remercier d’être avec nous depuis toutes ces années.
Que peux-tu nous dire sur «Call My Name»?
Il s’agit d’une composition de Perttu, et elle devait être à l’origine chantée par un guest. On a du la retravailler pour qu’elle passe mieux en instrumentale. C’est un titre épique, qui se rapproche beaucoup des bandes-sons des jeux vidéos – ce qui n’est pas étonnant, Perttu étant un fan de jeux vidéos, il a pu piocher quelques éléments dans ce genre de musique. C’est un mélange entre du dark metal et quelques accords mineurs, qui sonne à des moments plus pop, mais dont la puissance ne fait que monter pour à la fin exploser. Un bon morceau de metal en gros (rires). Au niveau de la thématique, le morceau retranscrit les cris que la Terre adresse à l’Humanité : «Que m’avez-vous fait ? Vous m’avez ruiné, vous avez détruit la nature et ses habitants».
Que peux-tu me dire sur «Beyond The Stars» ?
Elle a été écrite par Perttu, et il était déjà prévu qu’elle occuperait la dernière place de notre tracklist. Il retrace l’histoire d’un satellite, dans lequel l’humanité a mis ce qu’elle savait faire de mieux : la musique, les arts … et elle l’a envoyé dans l’espace dans le but que quelqu’un en retrouve son contenu. Il s’agit de sa vision que, inévitablement, l’humanité devra quitter un jour notre planète, qu’on devra la laisser derrière nous après des années à la maltraiter. C’est aussi le morceau qui réunit tous les autres de l’album – toutes ces particules se mettent enfin en place ensemble.
Je voulais revenir sur votre début de collaboration avec Sabaton : après votre cover de «Fields Of Verdun», vous avez sorti une autre cover, «Angels Watching» et vous êtes montés sur scène avec eux le temps de cinq titres. Qu’est-ce que vous attendez pour l’album de duos ? (Rires)
Je ne peux pas vraiment te répondre (rires). On aime beaucoup collaborer avec Sabaton, et leur façon d’être avec les autres, les fans … Et ils ont toujours tout pleins d’idées ! On espère juste pouvoir faire plus de choses avec eux. On a, pour commencer, cette formidable tournée qui nous attend avec Amaranthe ! On se rejoindra les uns et les autres sur scène, pour passer une bonne soirée, avec tous nos fans réunis. Et puis peut-être qu’il y aura autre chose, un jour, à un moment donné. (rires)
Es-tu heureux de revenir sur les routes aussi tôt ? J’ai l’impression que votre dernière tournée s’est achevée hier !
Oui ! Effectivement, on ne fait que courir depuis la fin de la dernière tournée, entre les nouveaux concerts à préparer, la composition de l’album, les enregistrements à Stockholm, à Los Angeles, la promotion partout en Europe….On n’a plus le temps d’être à la maison, et c’est dommage car j’aime bien être chez moi (rires). Mais je suis content de repartir jouer !
Comme sur les deux précédentes tournées, est-ce que vous aurez un chanteur avec vous sur scène ?
Sur la prochaine tournée, on profitera de la présence d’Elize Ryd (Amaranthe) qui viendra avec nous sur quelques morceaux. Concernant les concerts qu’on va donner aux Etats-Unis, Frankie Perez sera de la partie.
Et pour ce qui est des festivals cet été ?
On en fera quelques uns, mais on se consacrera surtout à nos propres tournées en salle. On fera beaucoup plus de festivals à l’été 2021.
Un dernier mot ?
Merci pour votre incroyable soutien et votre patience pour la sortie de ce nouvel album studio. On en est super fiers et c’est en partie grâce à vous qu’on l’a réalisé.
Dans le sillage de la sortie de leur opus « Horizon Noir » à la fin du mois de novembre 2019, on a pu s’entretenir avec Mick, l’une des deux têtes pensantes des sympathiques StuBorA !
Metal-Actus : Comment s’est passé le travail autour de cet album « Horizon Noir » ?
Mick (chant et basse) : On est deux compositeurs, Cyril et moi-même, et, même si on se retrouve sur une base et des influences communes, on peut avoir aussi des goûts qui sont complètement différents. On ne voulait pas se fixer de limites : on voulait jouer ce qu’on avait envie de jouer en essayant tout de même de trouver une homogénéité dans tout ça – il ne faut pas non plus que ça soit des styles qui n’aient rien à voir les uns avec les autres. Nos morceaux, sur cet album, ont une vraie couleur, avec de vraies palettes. Après, forcément, on a toujours des concessions à faire : Cyril va, parfois, ne pas proposer certaines choses et à l’inverse, certaines de mes compositions ne vont pas convenir au groupe.
Et ce n’est pas trop compliqué de tout mettre en commun si vous avez des influences si différentes ? Il n’y a pas eu de clashs ?
Il y en a eu (rires), c’était déjà le cas sur le précédent album. Mais ça se passe bien : on a la chance, avec Cyril, d’être d’abord des amis puisqu’on se connaît depuis qu’on est gamin, et d’avoir conscience du talent de chacun – on sait que nous avons cette même motivation. Après, on est tellement passionné par ce qu’on fait que, parfois, on peut se montrer un petit peu moins ouvert sur les propositions de l’autre. Cela a pu générer quelques petites tensions qu’on a été capables de surmonter. L’enjeu est que, malgré cette différence, c’est de réussir à aller dans la même direction et que chacun s’y retrouve.
Est-ce que Niala à la batterie, il essaie de proposer des choses ?
Niala n’est pas dans la composition. Par contre, il intervient beaucoup sur l’aspect rythmique des chansons, sur les arrangements. A la base, on travaille beaucoup avec Cyril – on s’envoie des fichiers, on se propose nos morceaux sur lesquels on intéragit, on fait des suggestions, … et tout ça est fait en amont. Une fois qu’on est d’accord sur le principal – l’ossature, les mélodies – on amène ça à Niala en répétition. Il pensera à des rythmes, à des choses qui nous feront rebondir et parfois même réorienter le morceau dans une autre direction. Son jeu de batterie et sa maîtrise de l’instrument nous permet de glisser et de faire le lien, justement, entre nos influences diverses.
Le titre de l’album, «Horizon Noir» est très évocateur : «horizon» donc futur et «noir» sombre, pessimiste. Pourtant, je perçois dans les morceaux que vous vous raccrochez à quelques notes d’espoir, de vie. Je voulais savoir avoir choisi un titre aussi sombre pour représenter votre album alors que justement, ce que vous dépeignez n’est pas si noir ?
Tout le monde ne perçoit pas forcément ces touches d’espoir, certains journalistes ne les ont pas décelé et ont trouvé que c’était assez sombre en général. On écrit également les paroles chacun de notre côté avec Cyril et on s’est rendu compte au résultat qu’on abordait des thèmes qui n’étaient pas finalement très joyeux. C’est juste un constat qu’on fait. Mais le résultat est que cette couleur noire ressortait un petit peu, et donc «Horizon Noir» reprend bien cet aspect un peu sombre qu’il peut y avoir dans pas mal de paroles de cet opus. Et puis c’est aussi une manière d’attirer l’attention : «Horizon Noir», ça interpelle, ça paraît pessimiste comme ça et finalement ça peut permettre de mettre l’accent sur certaines choses qui ne vont pas et qu’on veut améliorer. Mais on a toujours une part d’ouverture et heureusement d’espoir, sinon, ce serait bien triste de ne plus avoir foi en l’humanité !
Tu me confirmes que, sur la plupart des chansons présentes sur cet album, vous vous basez sur du vécu ?
Oui tout à fait ! Il y a des choses qui vont être des constats de société, sur le monde qui nous entoure, et il y a vraiment des textes qui sont liés à des expériences intimes personnelles : des décès, des choses sentimentales, … avec toujours une certaine pudeur et en essayant de faire des paroles qui ne soient pas trop précises, ce qui pourra permettre à chacun de s’y retrouver et d’y faire son interprétation.
A propos de deux des premiers morceaux que vous avez balancé, à savoir «Ténèbres Eternelles» et «Identité», je m’interroge car ce dernier est particulièrement accrocheur et aurait fait un très bon premier single ! «Ténèbres Eternelles» est bien plus bourrine et moins facile d’accès ! Pourquoi ce choix ?
«Ténèbres Eternelles» est l’un des morceaux que nous avons finalisé en premier. Mais c’est aussi un titre qui fait le lien avec ce que nous avions proposé sur l’album précédent. Comme sur «Horizon Noir», on s’est autorisé à aller dans des directions un peu plus poussées, dans des styles que nous n’avions pas abordé jusqu’à maintenant, on voulait, entre guillemets, rester sur du classique avec ce morceau et ainsi ne pas perdre ceux qui nous suivent. Et puis pour les deux suivants, dont «Identité», en terme de mélodie, ils proposent quelque chose de fort, et de différent, qui représentait bien la diversité de l’album. En attendant, pour nous, ces trois morceaux restent assez forts et on a voulu les mettre en avant par les clips.
Que peux-tu me dire sur «Cerveau Limité» ?
C’est moi qui l’ai écrite. Les paroles portent sur un sujet dont on parle un peu plus en ce moment, mais c’est quelque chose qui m’a toujours interpellé : la perception machiste de certains hommes par rapport aux femmes et à leur droit à la féminité. J’ai une fille qui a 15 ans qui s’était interdit de porter des jupes durant toutes ses années de collège sous peine de se faire traiter de pute. J’ai une épouse qui se fait siffler dans la rue. Alors oui, je pense que certains hommes ont un gros problème d’éducation, de gestion de leur frustration et autres. C’est un truc qui me répugne, et donc j’avais envie d’aborder ce sujet. On nous a fait souvent la remarque, que ce n’était pas forcément un thème souvent abordé dans le Metal, qui peut lui-même avoir une connotation machiste. Mais je pense que le Metal-rock a aussi évolué : on n’est plus dans ces stéréotypes qu’on pouvait avoir dans les années 1980/1990.
Que peux-tu me dire sur «Hors De Lui» ?
On a utilisé plusieurs accordages différents sur cet album, cela nous permet, une nouvelle fois, de nous renouveler en terme de propositions et de sonorités et, du coup, nous permettre de trouver une inspiration nouvelle. C’est le cas de «Hors De Lui» qui a un style qu’on n’avait pas fait jusque là, avec une ambiance un peu lourde. On garde toujours le souci de la mélodie dans le refrain, un point commun sur lequel on s’est attaché à travailler sur toutes nos compos.Cela donne quelque chose d’accrocheur. Il a une petite inspiration doom – et d’ailleurs son titre de travail était «Doom» (rires). C’est un morceau composé par Cyril qui a des influences un peu plus extrêmes et metal que moi .
Vous étiez en compétition pour faire la première partie du concert parisien de Sidilarsen. Pas trop déçu d’avoir perdu ?
Alors on n’est pas foncièrement déçus même si, oui, on aurait bien aimé le faire. Dans une salle parisienne aussi connue avec un groupe comme ça, ça aurait été sympa. Mais bon, on ne perd pas espoir et on travaille vraiment là-dessus pour 2020, à essayer de se trouver des dates dans ce genre-là, décrocher des petits festivals ou des premières parties. Le but de notre album, c’est aussi nous ouvrir ce genre de portes.
Un dernier mot ?
Essayez de porter une oreille sur l’album ! Il n’est peut-être pas facile d’accès pour certains, le chant en français peut en rebuter certains. On est satisfait du résultat, on pense qu’on propose quelque chose de qualité, avec des bons riffs et de chouettes mélodies. Donc on espère que les auditeurs et les chroniqueurs y trouveront leur compte !
Notre chronique de « Horizon Noir » à retrouver ici.
Né en 2013 dans nos belles contrées vosgiennes, les Dog’n’Style ont largement su s’imposer grâce à un son à la fois puissant et hybride qui sait fédérer tout le monde. A l’occasion de la sortie de leur nouvel album, « Only Stronger », nous avons pu nous entretenir avec un groupe haut et fort.
Metal-Actus : Vous avez sorti il y a très peu de temps, «Only Stronger», votre nouvel album. Satisfait du résultat ?
Robin Robs (Basse/Choeur) :(Rires) C’est une très bonne question. On n’est jamais pleinement satisfait du résultat, mais pour l’instant, à titre personnel, je manque un peu de recul sur ce qu’on a fait.
«Only Stronger», c’est parce que vous avancez de plus en plus forts ?
Oui, c’est un peu près ça. Cet album est la continuité de celui d’avant, c’est-à-dire toujours plus haut, toujours plus fort même s’il t’arrive des merdes, même si tu as des hauts et des bas. Il faut toujours garder ce côté un peu fort et bomber un peu le torse (rires).
Comment vous avez travaillé autour de cet album ?
On a beaucoup travaillé avec Rudy Lenners, l’un des premiers batteurs de Scorpions, qui s’est occupé de tout ce qui est direction artisitique. Quand on s’est retrouvé tous ensembles après «Pub’s Calling», on a composé trente morceaux. On a rencontré Rudy en cours de route, pas tout à fait au hasard parce qu’on l’a un peu provoqué (rires). Et il nous a fait changer notre méthode de travail : on a du refaire énormément de choses, des arrangements ont été créés … Du coup l’album a mis un peu de temps à sortir mais il a une maturité complètement différente par rapport à nos précédentes galettes.
Tu dis «changement de méthode». Tu peux nous en dire un peu plus?
Il était très sur les arrangements. Pour les albums précédents, on composait tous les quatre, en répète, de manière assez spontanée. Lui nous a permis de faire plus attention à ce que j’appelerai le fil directeur, donc de garder toujours l’idée de base de l’album complet, sans pour autant se répéter. Il avait le recul nécessaire, par rapport à nous qui avions la tête dans le guidon, pour pouvoir émettre un jugement critique objectif, pour nous permettre de retirer le meilleur des compos. Sur trentes compos, on en a gardé que dix.
Les vingts autres, on pourra les entendre un jour ?
Très bonne question ! On verra ça au prochain album, si on ressort des trucs des tiroirs ou si on repars sur du neuf.
Pourquoi avoir choisi «Feed Your Devil» comme premier clip ?
On l’a prise car, vu notre évolution, on ne voulait pas prendre un titre trop rock, ni trop metal pour ceux qui nous découvrent. On a tapé donc dans le style «Metal mais pas trop»pour toucher un maximum de monde et garder la fan-base qu’on avait.
Et qu’est-ce qui a motivé cette légère évolution dans votre style ?
C’est plus la façon de composer, par rapport à l’album d’avant : on avait alors plus de riffs heavy. Sur celui-là, on a plus laissé de place au chant. On l’a sublimé, on lui a laissé une place un peu plus importante, surtout au niveau des refrains, avec des mélodies beaucoup plus accrocheuses, plus percutantes sans en mettre dix mille fois trop. La mélodie principale y perdrait en efficacité. On a donc allégé les autres parties, particulièrement celles à la guitare et à la batterie.
Vous avez eu l’air de bien vous marrer sur votre clip et sur vos photos promos. J’ai pu percevoir un petit côté « Machete ». Pourquoi ?
Disons que le côté Tarantino/Rodriguez, qu’on retrouve aussi dans le clip, sont nos influences principales culturelles, qui valent ce qu’elles valent. C’est le côté un peu fun qu’on voulait mettre en avant. Et puis on ne s’est pas trop posé la question : nous, cela nous paraissait naturel (rires). On a bien aimé l’idée donc on y est allé à fond dedans.
Que peux-tu me dire sur «Rivals» ?
Je ne sais pas si tu a vu le petit livret de l’album, qui est constitué comme un roman graphique : les paroles sont illustrées avec des images, des photos, … Cela a un petit côté décalé assez théâtral. La chanson dit que notre pire ennemi, c’est nous-même. C’est la bagarre schizophrénique qu’on peut avoir avec notre égo. Sur la plupart des morceaux de cet opus, on parle de choses qui nous sont arrivés, des situations plus ou moins bien, auquels les gens peuvent aussi s’identifier.
Que peux-tu me dire sur « Do We Have A Deal ?» ?
(Rires) Celui-là aussi est en rapport avec des choses qui nous sont arrivées. Le titre fait allusion aux expériences que nous avons pu avoir avec le groupe : par exemple ne pas faire confiance à n’importe qui quand tu signes un truc (rires). C’est quelque chose qui peut arriver à tout le monde en signant un contrat : il faut toujours faire gaffe aux vampires. Il faut bien lire les paroles, car on crache un petit peu très légèrement la haine de façon un peu humoristique sur les têtes de mort qui nous casse les couilles en gros.
Donc tu me confirmes que tout ce qui se dit dans la chanson vous est réellement arrivé ?
Ouais. Je pense que ça valait le sujet d’une chanson de l’album (rires).
Vous avez récemment fait la première partie de Phil Campbell And The Bastards Son au Café de la Danse de Paris. Comment ça s’est passé ? Ce genre de concert n’est-il pas à double tranchant, vous frottant à la fois à une meilleure exposition, mais aussi aux fans de la mort de Phil Campbell et de Motörhead ? (rires)
Tu as absolument raison là-dessus. C’est vrai qu’avant le concert, on voyait tous les fans arborant leurs tee-shirts de Motörhead, et on s’est dit «Ok, ça passe ou ça casse» (rires). Mais qui ne tente rien n’a rien ! Notre set était un peu court, de 20-25 minutes. Les gens étaient un peu durs au début : tu arrives comme ça, et tu te rend compte qu’il faut envoyer le sec rapidement. Et ça été très très bien accueilli, J’ai été même surpris que ça prenne autant. Je m’attendais à ce qu’il y est plus de réticence au niveau du chocs des styles puisqu’on a un style assez rétro hard-rock, avec de l’énergie tout en ayant des mélodies accrocheuses : ça m’inquiétait un peu mais je ne me faisais pas trop de mouron là-dessus.
Vous allez également vous rendre pour la troisième fois en Espagne…
Ah l’Espagne ! C’est toute une histoire d’amour (rires). C’est vraiment un chouette pays : il y a de la bonne bouffe, de la bonne bière, des bons concerts… Nous, il ne nous en faut pas plus (rires). Plus sérieusement, ils sont très accueillants, ils adorent le metal, le rock et tout ça, donc du coup il y a quelques endroits où on a déjà joué donc ils nous attendent avec impatience !
Combien de tenues hawaïennes vous disposez pour les tournées ?
(Rires) Alors ça dépend du degrés de connerie de chacun (rires) : quand on est prévoyant comme moi, on en a quatre, et quand on est un connard comme mon chanteur on en a zéro (rires). Du coup, je lui en passe deux et j’en ai plus que deux (rires). Chacun prévoit sa logistique à sa juste valeur. Sinon les autres ils ont ce qu’il faut, même s’ils en ont qu’une quand même. Je trouve que ce n’est pas très très logistique tout ça (rires). Ce serait bien qu’on soit plus carré dans nos nombres de tenues, comme ça on pourrait changer tous les soirs ! (rires). Mais je ne vais pas en racheter pour tout le groupe, il ne faut pas déconner non plus ! (rires).
Un dernier mot ?
Je meurs de soif ! (rires)
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