Archives de catégorie : Interview

[INTERVIEW] The Raven Age – Darkness Will Rise

The Raven Age, groupe du fiston de Steve Harris (Iron Maiden) George, nousleur premier opus, « Darkness Will Rise ». Nous avons pu interroger George, qui nous a présenté ce projet fondé avec Dan Wright, également guitariste du groupe.

Metal-Actus : A quoi fait référence le titre de votre nouvel opus « Darkness Will Rise » ?

George Harris (Guitare):
Cela fait référence à des événements personnels mais aussi des événements historiques ayant en commun la mort ou les ténèbres. Je peux m’inspirer aussi bien de choses tristes qui ont pu m’arriver que des trucs plus publics comme la politique de notre gouvernement. Chaque morceau est en fait un concentré de négativité. Pas des plus joyeux donc ! (rires)

S’agit-il d’un concept-album ?

Non. Mais tu n’es pas la seule à nous le demander. Je pense que cette impression vient de notre style d’écriture et de composition, on aime bien les trucs assez épiques. D’ailleurs, le morceau le plus court de notre album fait 5 minutes, ce qui pose problème pour passer à la radio (rires).

C’est aussi votre premier opus ! Alors satisfait ?

Oui très ! On est assez excité par tout ce qui nous arrive. La signature avec le label, les interviews… Pourtant on ne pensait pas être-là aussi rapidement, puisqu’au départ, on était partis pour le sortir nous-mêmes, par peur de devoir subir des changements par des personnes tierces. On a eu des propositions de maisons de disque qui voulaient qu’on change notre pochette par exemple ! Mais on a eu cette proposition de BMG qui nous a fait réfléchir, et en plus, ils étaient assez impressionnés par notre son et aussi par le fait que tout soit pratiquement terminé. Ils n’ont cherché aucunement à s’immiscer dans le processus. Donc oui, une très bonne première expérience.

Pourquoi avoir remis les titres de votre EP sur l’album ?

On considère cet EP comme un « échantillon » de notre musique : il n’a pas, en plus, bénéficié d’une promo particulière, donc on s’est dit qu’ils auraient une toute nouvelle attention sur cet album. Les trois morceaux s’intégraient en plus parfaitement dans notre tracklisting.

Vous avez tourné plusieurs clips : « Salem’s Fate », « Angle In Disgrace » et « Promised Land » qui contient uniquement des images de votre tournée. Vous êtes un groupe qui donnez beaucoup de concerts. Une façon de remercier votre public ?

Aussi. Mais notre but premier était surtout de nous montrer sur scène, en backstage … bref notre vie en tournée, qui fait partie désormais de notre quotidien ! Tu l’as dit toi-même, on a donné pas mal de concerts, beaucoup aussi avant notre premier album : le live est quelque chose de primordial pour nous, en tant que groupe pour moi, c’est la base. Et on a aussi cherché, en enchaînant les dates, à peaufiner le plus possible notre jeu de scène. On s’est donc rassuré tout en prenant notre pied ! C’est aussi pour cette raison, je pense, que la sortie de cet album intervient un peu plus tard que pour d’autres groupes (NDLR : Naissance en 2009).

Oui d’ailleurs vous avez mis le temps pour recruter vos autres comparses, puisque vous n’étiez au complet qu’en 2013 ! Pourquoi avoir pris ce temps ?

Avec Dan (Wright, autre guitariste et membre fondateur du groupe), on a commencé par composer pendant quelques temps avant de véritablement avoir l’idée du groupe. Certains de ces titres sont d’ailleurs présents sur notre album aujourd’hui !

Que peut-on vous souhaiter pour votre futur ?

Nous venons de terminer une tournée avec Anthrax. Nous espérons donc que l’album se vende bien, pour qu’on puisse faire des concerts en tête d’affiche.

Un dernier mot ?

Achetez notre album, allez à nos concerts et merci de votre soutien !

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[INTERVIEW] Renato (voix) – Flayed : « La musique est juste un divertissement »

A l’occasion de la sortie de leur EP « XI Million », Renato, le chanteur de « Flayed », nous a accordé quelques minutes d’entretien. L’occasion pour nous de faire le point sur les projets du groupe !

Metal-Actus : Quelle est la signification de « XI Million », le nom de votre EP ?

Renato (voix) : C’est le titre du premier morceau, qui est, pour une fois pour nous, assez engagé alors qu’on ne le fait pas habituellement : « XI Million » est le nombre de personne qui naît sur terre chaque mois. Et comme j’estime que c’est beaucoup trop, on en a fait une chanson. Il n’y a pas assez de place, et pourtant, on continue d’y aller à fond ! (rires)

Plus d’engagements donc pour Flayed ?

Non, juste sur ce titre : il n’y aura ni engagement, ni quoi que ce soit d’autre. La musique est juste un divertissement, et les gens ne sont pas du tout là pour penser à ça : là c’était juste un coup de gueule extrêmement personnel, et je ne livre la signification de « XI Million » que quand on me la demande.

Vous êtes un jeune groupe (NDLR : formé en 2013) et pourtant, c’est déjà votre troisième galette. L’inspiration est venue tout aussi rapidement que les autres fois ?

Ouais ! C’était extrêmement rapide, comme tous nos albums en réalité. On a un principe d’écriture qui marche très bien et est très rapide : notre bassiste Julien fait les parties guitares/basse/batterie pour tout le monde, mais aussi les préprods, et il enregistre tout ça : ce qui fait que je me retrouve avec une bande audio absolument énorme et j’ai juste à piocher dedans selon mon humeur pour écrire les paroles. On choisit ensuite le meilleur et on enregistre.

Vous avez choisi de sortir cette galette sous le format d’EP. Pour une question d’argent ?

Alors ça ce n’est pas faux (rires). On a déjà sorti deux albums les années d’avant, en 2014 et 2015, et oui, ça coûte un max de pognon, même si on est entré dans nos frais. Mais ce n’est pas la raison, du moins, en partie : on a signé un deal avec Kaotoxin, et c’était un très bon moyen de sceller cet accord. On voulait lui montrer comment on travaillait et si on arrivait à être professionnels comme il le souhaitait. De notre côté, cela nous a permis de voir si le rendu Kaotoxin valait le coup. D’où l’EP au lieu de l’album. Une belle façon de fêter un partenariat. Et petit plus, le label nous a fait la promesse de sortir un vinyle !

Que peux-tu me dire sur la production ? Avez-vous travaillé avec des gens en particulier ?

On a tout enregistré nous-même dans le studio de notre organiste, qui contient du matériel vintage notamment des claviers, comme ça s’entend sur l’album. Lui joue de l’orgue Hammond, donc ça prend de la place, ça fait du bruit. Il enregistre sur bande, comme dans les années 1970, donc il faut passer après la musique sur le PC. Cela donne un petit grain vintage particulier. Et histoire d’avoir un côté moderne et ne pas passer pour un groupe de hard rock has been, on a fait mixer le tout par HK du Vamacara studio à Clisson, et qui se trouve faire, généralement, des productions metal.

Que peut-tu me dire sur « Trade is Over », et notamment sur ce choeur féminin particulièrement puissant ?

Il doit être un des morceaux les plus casses-couilles à jouer et à mettre en place (rires) Il change en permanence ce titre ! La batterie change tout le temps! Il y a au moins trois choses différentes dans un seul riff ! Et il y a ce choeur féminin qui me plaît et me supplante car ça va tellement vite que tout seul, je ne pouvais pas le faire. On aimerait d’ailleurs l’avoir sur scène mais pour cela on attend d’en avoir une assez conséquente. Mais « Trend Is Over » aujourd’hui, si je n’ai qu’un mot à en dire, ce serait « chiant » (rires).

Le dernier morceau de votre EP, « Rollin’ Monkey », est assez fou aussi. D’où est venue cette idée sur ce singe ?

C’est une histoire de singe qui se mord la queue, et oui, il cavale du début, avec cette introduction aux claviers, à la fin. Il traite d’un sujet qu’on retrouve aussi dans « Trend Is over » qui signifie en français « La Mode est terminée » : elle n’est pas tant terminée que ça ! C’est un pied de nez à certains préjugés : on juge que le hard rock est un style « dépassé » qu’on tente de remettre au goût du jour. Et « Rollin Monkey » c’est le même genre de projet, avec le singe qui se mord la queue : un groupe comme nous qui continuerait jouerait des skeuds, mais localement. Mais c’est tout le contraire car on réussit à avancer.


Vous faites aussi une reprise de « Fortunate Son » de Creedance Clearwater Revival. Pourquoi ce morceau en particulier ?

Parce qu’on était tous d’accord sur ce morceau.

Ce n’est pas très commun les reprises de ce groupe !

J’ai l’impression que le monde entier connaît Creedance mais sans jamais pouvoir citer le nom du groupe : il y a pleins de morceaux que les gens connaissent, sifflent, chantent, mais ils ne savent pas qui c’est ! Cela veut dire que les morceaux sont assez bien écrits pour qu’ils se foutent complètement des musiciens. S’ils retiennent le titre, c’est donc qu’il fait mouche. On vient tous d’horizons différents chez nous : du metal extrême au rock vraiment classique des années 60-70. Et cette chanson nous réunissait tous les six, c’était vraiment la seule qu’on avait envie de reprendre. A la base on s’était dit que jamais on ne ferait de reprises. Mais dans le cadre de l’EP, on voulait quelque chose d’assez fun. En plus, en live, elle cartonne !

Et pourquoi avoir statué « Pas de reprises » avant celle-là ?

On n’avait pas envie d’être catalogué de « groupe à reprise ». C’est un peu une mode française : il y a des groupes qui font beaucoup de reprises, qui tournent comme ça, qui vivent comme ça, et qui gagnent de l’argent comme ça. C’est très pour eux, mais nous on n’avait pas du tout envie de proposer ça. Si on fait une reprise, c’était purement pour s’éclater.

Avez-vous prévu de shooter une nouvelle vidéo ?

Ouais. Le clip est en cours là. Il sera dans la veine du précédent, « Monster Man », qui est dessiné. On rebosse avec les mêmes personnes en tout cas.

Toujours dessiné ?

Non. On préfère garder le mystère là-dessus. Tout ce que je peux te dire, c’est que ce sera sur le titre « XI Million ».

A propos de la tournée, j’ai vu votre tour-report. Il vous en arrive quand même des aventures !

Comme tout le monde ! Mais il se trouve qu’on a des personnages atypiques dans ce groupe (rires). Il nous en arrive des vertes et des pas mûres, c’est clair. Mais c’est ce qui fait aussi le charme de partir en tournée ! S’il ne nous arrivait pas de la merde, ce serait tellement pas drôle. Mais en même temps on en rigole quasi-instantennement, même quand on tombe sur des plans concert comme Marseille par exemple. On s’énerve pendant un peu près cinq minutes mais on sait très bien que dix minutes après on va commencer à s’en marrer parce que sinon, on péterait tous un câble et on va réussir à s’engueuler,. Donc on préfère trouver la solution de secours, et faire le boulot, d’en ressortir contents et de faire plaisir aux gens qui ont fait du chemin pour venir nous voir. Par exemple à Paris, sortir les guitares sèches pour un set qu’on n’avait jamais répété, ça nous faisait hyper chier, sauf qu’il y a des mecs qui ont fait 500 bornes rien que pour le concert , on devait leur proposer quelque chose.

C’est professionnel de votre part, d’autres, y compris des très connus auraient tourné les talons.

On a ce respect là du public. On prend plaisir à les jouer, on doit faire plaisir aussi aux gens qui font le déplacement, et ne pas leur dire « c’est annulé » alors qu’on est sous leur nez. C’est interdit par la loi !

Au niveau des dates pour le printemps, ça avance bien de ce côté là ?

On est en train de remplir le calendrier du printemps. On booke aussi les festivals d’été. On s’arrête de jouer en janvier-février-mars, on se penche sur le troisième album car il y a des petits détails à peaufiner, histoire d’avoir un album plus abouti. Une fois que la tournée et la période des festoches sera terminée, on enregistre ce CD, qui devrait sortir fin 2017 début 2018.

Vous pensez un peu sortir de nos frontières cette fois ?

Cette année, on bloque sur la France, car on n’a pas envie de s’exporter avec uniquement un EP. Par contre, quand on sortira notre troisième album, on a d’ores et déjà une tournée au Québec prévue pour le printemps 2018. Et cette fois-ci, je pense qu’on fera plus le Canada dans sa globalité. On va bouffer de la borne !

Un mot rapide sur la scène rock et metal française ?

Elle est en pleine effervescence ! C’est évident depuis l’avènement de Gojira. Il y a aussi les mastodontes Lolofora et Mass Hysteria, les inébranlables qui nous ponderont jamais des albums de merde. Tant mieux pour eux et tant mieux pour la scène française qui va mieux s’en porter ! Mais ce qui m’interpelle le plus, c’est le nombre de petits groupes ! Par exemple, moi qui vient de Lyon, j’avoue que la scène locale regorge de petites formations qui ont la niaque comme jamais et qui ont des productions avec des sons vraiment énormes ! A un moment donné, on va tout de même réussir à être un pays rock’n’roll alors que ce n’est pas du tout notre culture à la base.

Tu verrais une chronique dans le Monde, ou encore sur TF1 ?

Et pourquoi pas !

Que peut-on souhaiter pour Flayed pour l’avenir ?

De jouer un maximum, d’avoir encore plus de monde aux concerts, et que le troisième album soit hyper bien écrit.

Un dernier mot ?

Un énorme merci à Metal-Actus et à tous les lecteurs. Venez nous voir en live, et allez écouter nos CD sur Deezer ! (rires).

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Retrouvez notre chronique de « XI Million » ici.

[INTERVIEW] 7 Weeks : « On voulait juste faire la musique qu’on sentait »

7 Weeks, groupe français originaire de Limoges, a sorti cet automne un nouvel album, très thématique avec cette saison, « A Farewell To Dawn ». L’occasion pour Metal-Actus de revenir avec le groupe sur cette galette et sur leurs -déjà – dix ans de carrière.

Interview par mail – Merci à Roger

Metal-Actus : Vous sortez votre nouvel album, « A Farewell To Dawn ». Quels ont été les thèmes conducteurs ?

7 Weeks : Ce n’est pas un concept album : on trouvait juste que « l’adieu à l’aube » était une bonne symbolique de la situation du groupe à ce moment là. On avait fait une break de plusieurs mois sans tourner et on s’était recentré sur l’écriture des morceaux, à deux, avec Jeremy. On voulait juste faire la musique qu’on sentait et ça a donné cet album. On le définirait comme une sorte de concentré des dix ans du groupe.

C’est votre quatrième album. N’a-t-il pas été plus compliqué que les autres à composer ?

En étant juste deux à le composer, on ne pouvait pas toujours se rendre compte du rendu dans sa globalité. Mais on a pu avoir le recul nécessaire sur les morceaux, les faire évoluer et les affiner au maximum.

Votre son est d’une qualité rare ! Qui sont les personnes qui ont travaillé avec vous sur cet opus ?

On a enregistré chez Francis Castes au studio Sainte Marthe, à Paris. Il a produit de nombreux groupes qui ont un gros son, Kickback, Hangman’s Chair, Refused … Il a su apporter sa touche de réalisation notamment sur les voix et les guitares. Il a tout fait de la prise jusqu’au mastering. Et le son est mortel !

Quelle est la signification de votre artwork ?

On avait donné quelques consignes comme l’aube, le cerf et notamment ses bois, symboles de cycle, de régénérescence. Lionel Londeix nous a sorti ce visuel magnifique au couleur de l’automne. Le livret interne est composé de photos en noir et blanc qui apportent une dimension assez mélancolique, collant parfaitement aux textes.

Peux-tu nous en dire plus sur « Okha » ? Quelle est son idée derrière ?

Justement en parlant de contrastes, « Ohka » en est un bon exemple. Il sert d’intro à « Kamikazes » qui parle des pensées d’un kamikaze japonais juste avant de s’écraser. Ce terme signifie « Fleur de cerisier » en japonais mais est aussi le nom d’une bombe pilotée : c’est cette association de ces deux notions aussi opposées pour un même mot qui est à l’origine de cette plage instrumentale.

Que pouvez-vous nous dire sur le titre « The Ghost Beside Me » ? Pourquoi l’avoir mis en avant en tant que single ?

C’est un texte que j’avais depuis des années et qu’on a mis en musique sur cet album. Cela parle de l’inspiration qui fait sortir de soi des choses aussi gratifiantes qu’éprouvantes. C’est un titre qui nous semblait fort et c’est pour ça qu’on l’a mis en single.

Vous avez sorti un superbe clip pour votre titre « January ». Comment a-t-il été choisi ? Comment s’est passé le tournage?

On l’a choisi car il montre une facette pas forcément attendue du groupe. Comme on aime bien ne pas faire ce qu’on attend de nous, cela a participé au choix. Il reste que c’est un des titres que l’on aime le plus et que l’on voulait mettre en avant.
On n’a pas assisté au tournage du clip que l’on a confié à Pierrick Aubouin et David Chadelaud: on a juste fait quelques captations live. On a découvert le clip quand il était seulement terminé … et on a adoré !

Content de revenir sur les routes ?

Très ! c’est là que ça se passe ! On a une nouvelle équipe d’ailleurs.

Vous allez une nouvelle fois dépasser nos frontières avec cette tournée ?

Il est prévu de refaire un peu d’Europe sur 2017.

Que pensez-vous de la scène metal actuelle en France ?

Très riche, très crédible, très inventive. Gojira a ouvert la porte et beaucoup peuvent suivre. La France est moins dans ce créneau là mais on sent quand même une évolution par rapport à nos débuts, une sorte de légitimité française dans la musique dure, qui n’était pas valable il y a seulement quelques années encore. Il reste cependant quand même une lacune médiatique importante notamment avec les radios.

Vous êtes nés en 2006, que pensez-vous de votre carrière, de ce chemin accompli ?

Dix ans, c’est long mais en même temps, on n’a pas l’impression que ça fait autant. On est assez fiers du chemin accompli surtout quand on regarde le dernier album : on se renouvelle. C’est important que l’artistique soit remis en question sans cesse.

Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?

De faire la meilleure musique possible : c’est ce qu’il y a de plus important, tout en découle. Le reste ne se prévoit pas.

Un dernier mot ?

Merci, restez curieux et souhaitons que le monde de la musique le reste.

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[INTERVIEW] Yves Campion (Basse/voix) – Nightmare : « Quand tu accueilles des nouvelles personnes, tu as de nouvelles envies, une nouvelle dynamique »

Après les départs des frères Amore, on ne donnait pas cher de la peau de Nightmare. Pourtant le groupe a su rebondir très rapidement et nous sort, plus d’un an après ces événements, une nouvelle galette, « Dead Sun ». Et avec l’arrivée de Maggy Luyten (ex-Beautiful Sin, Virus IV) au chant, un nouveau souffle semble s’être emparé des grenoblois. Retour avec Yves Campion (basse/voix) désormais le plus ancien mambre du groupe, sur ce nouvel album plein de promesses et sur l’avenir du groupe, qui semble plus serein.

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Metal-Actus : Nous sommes là pour la sortie de « Dead Sun », le nouvel album de Nightmare. D’abord, pourquoi ce titre ?

Yves Campion (basse)
: A la base, le titre de l’album ne devait pas être « Dead Sun » mais « Serpentine », un autre morceau du tracklist. On a voulu faire la cover : nous étions partis sur quelque chose de minimaliste et nous n’étions pas satisfait du rendu. C’était un thème assez fermé, dont il n’était pas facile de ressortir des choses : « Serpentine », ça pouvait être un serpent, mais aussi un chemin sinueux … Et puis la maison de disque n’aimait pas trop, et on s’est retrouvé un peu coincé. On est donc parti sur autre chose. « Dead Sun » a donc été choisi car c’est une chanson qui représente aussi beaucoup de chose. On a travaillé avec un artiste belge, Julien Spreutels, un artiste de grand talent qui bosse notamment avec Epysode. On lui a filé le son en lui disant : « Voilà tu te démerdes » (rires) « ça s’appelle « Dead Sun », fait un truc qui colle avec ! » Et il a fait justement cette proposition de pochette actuelle. Et tout le monde a bien apprécié ce qu’il a fait. On va donc dire que c’est l’artwork qui a été décisif du titre et non l’inverse.

Et justement, comment tu expliquerais cet artwork ?

Il n’y a pas de concept particulier en fait : on a cette gamine qui se balance dans le vide en fait, avec le soleil qui est en train de mourir. C’est peut-être aussi une image qui représente un peu là où on va aujourd’hui, donc pas très positive. Maintenant, l’interprétation est libre à chacun. On a toujours été dans des thèmes assez forts. On n’a jamais été trop dans l’eau de rose. Du coup on a essayé de garder ces types de sujets, mais différemment amenés puisque Nightmare a aujourd’hui des nouveaux membres, donc une interprétation nouvelle. On n’a pas voulu casser les directions qu’on avait même si aujourd’hui on a une nouvelle identité. On n’est pas passé du coq à l’âne (rires).

Tu parles de ces changements qui ont eu lieu au sein même de Nightmare. N’ont-ils pas été trop durs à vivre ?

Non. On s’est tout de suite entendus avec les nouveaux venus (NDLR : Magali « Maggy » Luyten au chant et Olivier Casula à la batterie) . Le plus dur c’était de se demander, au mois de juillet, après le départ de David et Joe Amore, comment on allait rebondir et surtout pendant combien de temps. Si on m’avait dit que l’année d’après on aurait un album complet, fini, masterisé avec une date de sortie d’album et plus une première date au Hellfest et dans d’autres festivals, j’aurai pas cru, j’aurai dit qu’on se fout de ma gueule (rires). Je pense qu’il faut toujours croire, même quand on est dans le négatif, que des jours meilleurs peuvent arriver.

Quel a été votre processus de création autour de « Dead Sun » ?

On a gardé plus ou moins le même système, c’est-à-dire que le guitariste va amener des riffs et après chacun met sa sauce. Nous n’étions pas pris par le temps mais c’était tout de même assez rapide, car nous avions pas mal de titres en stock. Quand tu accueilles des nouvelles personnes, tu as de nouvelles envies, une nouvelle dynamique, nous ne voulions rester au stade de démo et avancer dans les compositions. Tout ça s’est fait super naturellement et finalement, on est rentré en studio au printemps 2016, ce qui est énorme quand on pense qu’en juillet 2015, nous n’étions plus que trois, et qu’on se demandait ce qu’on allait devenir.

Pourquoi avoir choisi « Ikarus » pour votre premier clip ?

Tourner un clip avec un storyboard, des acteurs et tout ça demande énormément de travail avec en amont une préparation, si on veut le faire correctement. On n’arrive pas comme ça, même avec une équipe de production. On ne voulait pas se lancer là-dedans, et on voulait trouver un titre assez généraliste, pour faire quelque chose de simple. Sur les conseils de notre producteur, on s’est mis à la quête d’un beau site naturel, histoire de se différencier des groupes qui font ça sur fond vert et insèrent des images de type Mad Max derrière. Il nous fallait des belles couleurs et une bonne qualité d’image. Cela collait pas mal donc avec le morceau. Ce dernier a, en plus, un refrain assez catchy, qui nous a conforté dans notre choix.

Peux-tu nous livrer ton ressenti son « Serpentine » ?

« Serpentine », comme c’est le duo avec Kelly Sundown Carpenter (Adagio), est un des titres phares : ça a un côté Nightmare, mais qui va bien plus loin. Pour moi, c’est vraiment le titre représentatif du groupe, tout en ayant un petit côté vieux groove. Après, il y a pleins d’autres morceaux chouettes sur l’album hein (rires), mais celui-là a quelque chose de spécial. Et c’est un titre qu’on va aussi tourner en clip. Il sortira au mois de novembre.

Le clip de « Serpentine » :



Quel est ton avis sur « City Of Agony » ? Il a un petit côté progressif assez étonnant.

C’est un titre où on a essayé des choses, pour donner un peu plus de richesse à l’album. On a notamment enregistré des choeurs de gamins à la fin du morceau – il y en a une vingtaine, de 9 à 12 ans – de la région grenobloise. Je pense que les gens qui préfèrent le côté plus thrash de Nightmare, plus rentre-dedans, plus extrême, accrocheront plus sur un morceau comme « Infected », mais à l’opposé, ce qui est bien, c’est que les gens qui préfèrent le côté plus « prog » du groupe, me parlent toujours de ce titre là. Cela veut dire qu’on a réussi à proposer quelque chose d’assez varié, et c’est cool.

Vous prenez le contre-pied de tout le monde car contrairement à la majorité d’autres groupes, vous restez local et faites votre release party à Grenoble.

Je pense que Paris est déjà assez saturée de concert, parfois on se retrouve avec deux voir trois concerts le même soir. Et puis on a une super salle, qui a ouvert depuis deux ans, La Belle Electrique, et elle est vraiment géniale, on peut y faire un putain de show ! Donc il y a de quoi faire chez nous, on aurait pas pu avoir l’accès à une telle salle à Paris, pour en plus, ne pas avoir un retour sur investissement valable. L’idée était vraiment de préparer quelque chose de conséquent pour les fans, pour les gens car on est un peu de là-bas, et puis parce qu’on a toujours eu un bon retour à chaque fois qu’on jouait « à la maison ». Donc on s’est vraiment dit qu’il fallait faire quelque chose là-bas. Et puis, surtout, les deux groupes qui ont joué avant nous, CFFT et Rising Steel, bougent pas mal dans la région, et ils sortaient leurs albums ce jour-là. Donc c’était la fiesta.

Et sinon vous avez d’autres dates de prévues ?

Notre agence est en train de travailler sur pas mal de choses en même temps, on attend des dates qui devraient tomber sous peu. C’est sûr qu’on va prévoir une date à Paris, c’est quelque chose d’impératif qu’on ne peut pas zapper, mais on attend la bonne opportunité pour ne pas se retrouver en concurrence avec, par exemple, In Flames le même soir. Les choses vont j’espère se décanter.

Comment s’est passé l’arrivée de Maggy au sein de Nightmare ?

On l’a bien accueilli mais on la connaissait déjà : je l’avais kiffé en 2006 quand elle chantait dans Beautiful Sin parce que justement, elle ne chantait pas comme une nana à une époque où les groupes symphoniques au chant haut perché ont explosé. Elle avait ce truc différent. Je l’avais contacté en 2012 pour faire un guest et on avait gardé contact. Et quand il s’est passé ce qu’il s’est passé en juillet 2015, on s’était posé la question de prendre un mec, mais on aurait souffert de la comparaison de gens qui préféraient avant; ou alors tu changes de registre vocal, mais ça peut être risqué. J’étais d’ailleurs en contact avec Daniel Heiman, un ancien du groupe suédois Lost Horizon, qui est un super chanteur qui peut monter très haut. La cassure dans ce cas-là est assez primordiale et alors pourquoi ne pas être stratégique et tenter le coup avec une nana. Maintenant, il fallait que ce soit Maggy, on ne voulait absolument pas d’une chanteuse lyrique. On l’a appelé et ça a collé tout de suite.

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Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?

Déjà que pérenniser avec ce line-up, de franchir des étapes car c’est un tout nouveau groupe quelque part ! On a signé un contrat pour trois albums, donc on n’est pas là pour jouer ensemble six mois ! (rires). Après il faut vivre au jour le jour les choses, je me dit que tout ce qu’on a de bon à prendre il faut le prendre, et là on a eu la chance de rebondir aussi rapidement en un an. On aura des belles choses à vivre et à livrer en 2017. On a déjà quelques contacts pour des fests. Et là, on est dans la phase la plus intéressante, on va pouvoir défendre notre album en live. On a hâte de le faire découvrir aux gens et de les voir kiffer. Bon après, ça peut arriver aussi que les gens nous disent juste « bof » (rires). C’est le moment le plus kiffant, mais aussi le plus dangereux (rires). On est à fond sur chaque palier, et on verra ce que nous réserve l’avenir.

[INTERVIEW] Jonas Ekdahl (Batterie) – Evergrey : « On ne revient pas uniquement en tant que groupe, on revient aussi en tant qu’amis »

Deux ans après la sortie de « Hymn For The Broken », Evergrey revient avec « The Storm Within », publié le 9 septembre dernier. Metal-Actus a pu s’entretenir avec Jonas Ekdahl, qui nous confirme la nouvelle sérénité du groupe, et l’envie d’aller toujours plus loin.

Metal-Actus : Le nouvel album d’Evergrey, « The Storm Within », sort le 9 septembre prochain. Pourquoi ce titre ?

Jonas Ekdahl (Batterie) : C’est un concept-album : c’est tout ce qu’il peut ressentir une fois que ça arrive : tu as plein de choses différentes qui te submergent. Tu sais que tu dois tourner la page mais tu ne peux pas t’empêcher de penser à cette personne, au fait qu’elle ne partagera plus des moments avec toi. Le titre résume cette histoire.

Votre artwork résume parfaitement cette idée, deux sortes d’énergie qui viennent se percuter autour de votre personnage principal…

Ouais ! Tu as d’un côté les sentiments positifs de l’autre les négatifs. Tu sais, dans une situation telle que celle-ci, tu ne peux pas t’empêcher de repenser aux bons moments passés avec la personne. Mais tu dois aussi guérir de tes blessures, passer outre ta frustration alors que tu te sens seul au monde.

Cet artwork a été créé par Carlos Fides. Comment vous est venue cette idée ?

Nous voulions créer un endroit spécialement pour notre personnage, pour qu’il se sente le plus seul au monde, perdu dans l’espace. C’est une sorte d’allégorie pour corroborer à notre histoire. Notre histoire se déroule donc sur la planète que tu vois sur notre cover. Et ces idées nous sont venues en écoutant l’album.

A propos de votre premier clip, « Distance », pourquoi ce choix ? J’aurai plus parié sur « Passing Through » personnellement (NDLR : qui sera finalement le troisième extrait dévoilé)

Il représente mieux notre nouvel album. « Passing Through » est une excellente chanson, mais quand nous en avons parlé, il nous a semblé que c’était une bonne idée de choisir « Distance » : personne n’a encore écouté l’album et nous voulions le présenter dans sa globalité, créer un intérêt pour l’histoire. Et je pense que « Distance » est le meilleur choix, car le morceau a réussi à capturer l’essence de tous les titres de l’album.

Une sorte d’introduction à l’album donc ?

Je le pense oui ! Bien évidemment, il y aura certainement une vidéo pour « Passing Through ». On ne va pas la laisser de côté (rires). Mais qui dit premier single dit pouvoir présenter un album, rôle que « Distance » remplit parfaitement pour nous.

Comment s’est déroulée la collaboration avec Floor Jansen (Nightwish, ex-After Forever) sur le morceau « In Orbit » ?

C’est une fan du groupe, une amie proche de Tom (Englund, chanteur du groupe) et de son épouse et elle est avec Hannes (Van Dahl), qui était notre batteur avant de rejoindre Sabaton. Et c’est Carina, la femme de Tom, qui lui a suggéré « Peut-être devrait-tu demander à Floor pour le duo » (rires). Donc c’était son idée. On a demandé à Floor, elle a tout de suite dit oui. C’était génial de faire ça avec elle, elle est très professionnelle et c’est une chouette personne ! Donc tout c’est bien passé.

Et sur « The Paradoxe Of The Flame », c’est bien Carina que j’entend ?

C’est ça ! Elle chante depuis les tout débuts d’Evergrey, depuis notre premier album. Elle est devenue un membre à part entière du groupe. On a aussi la fille de Tom qui chante sur cet album !

Vraiment ? Je ne l’ai pas entendue !

Si si, elle est bien là ! (rires). Elle fait partie des choeurs sur « Distance ». Elle chante depuis deux albums maintenant. Evergrey devient vraiment une affaire de famille (rires)

Maintenant à propos de la tournée, vous allez assurer la première partie de Delain cet automne. Vous allez passer à l’Elysée Montmartre de Paris…

Oui, et nous étions surpris d’apprendre que nous serons un des premiers groupe de metal à y jouer !


En fait, la salle a fermé suite à un incendie il y a quelques années. Vous serez effectivement l’un des premiers groupes à y jouer après sa réouverture.

Ce sera donc un chouette concert ! On jouera aussi à Toulouse et Lille. J’ai vraiment hâte d’y être ! Bon, on est aussi très anxieux, mais on a hâte quand même(rires)

Vous pensez faire quelque chose de différent sur vos concerts ? A l’exception de la nouvelle setlist bien sûr !

Je ne pense pas. On voudrait bien convier quelques personnes avec nous sur scène, mais en fait, on aura pas le temps nécessaire pour proposer quelque chose de différent. On va se concentrer sur les morceaux qu’on va jouer sur cette tournée, et faire la meilleure setlist possible. Pour le reste, on verra quand on sera headliner, quand on aura notre propre tournée. Là, on pourra faire ce qu’on voudra.

Tom a tenu à réagir sur les réseaux sociaux à propos de ce qui est arrivé à la dernière édition du Bråvalla Festival en Suède (NDLR : viol sur une jeune festivalière). Avez-vous été surpris par ce déchaînement de commentaires négatifs ?

Ouais, on a été surpris. Tom a été dégoûté de voir ces commentaires négatifs. Les gens ont cru que ce post leur était directement destiné, alors que c’est faux. Et ils sont passé à côté de ce qu’on voulait dire. Ouais putain, vous êtes passés totalement à côté ! C’est enrageant, et effrayant, de voir que des gens peuvent agir de cette manière devant ce type de situation qu’est le viol. Parce que dans nos société, on doit s’en occuper, le dénoncer, le combattre. C’est inacceptable de voir que certains puissent passer à l’acte, et en plus s’en sortir.

A l’occasion de la sortie de votre dernier album, « Hymn For The Broken » (2014), j’ai pu interviewer tes collègues qui m’ont dit que le groupe est passé par des phases très difficiles. Avec la sortie de « The Storm Within », dirais-tu que vous devenez de plus en plus fort?

Oh que oui. Et ce depuis qu’on est revenu ensemble. La première fois qu’on s’est réuni, on a parlé de tout ce qui nous gênait, et nous a gêné. Et une fois ces problèmes mis sur la table, on a travaillé et on est devenu de plus en plus forts comme tu as dit. Je ressens maintenant une nouvelle forme de respect pour mes comparses : on s’écoute plus, on sort plus souvent ensemble, on se serre les coudes. Le fait d’être de nouveau ensemble, je ne pensais pas que ça arriverait il y a quelques années, quand j’ai décidé de quitter le groupe (NDLR : en 2010, pour mieux revenir en 2014) : qu’on se sentirait aussi bien, qu’on aurait l’impression de tout réussir que ce soit personnellement pour moi ou musicalement, je n’aurai jamais cru. On ne revient pas uniquement en tant que groupe, on revient aussi en tant qu’amis.

C’est ce qu’on peut vous souhaiter donc pour votre avenir, être encore plus forts ?

Ouais. C’est super. On mesure la chance d’être ici, à Paris par exemple en train de donner des interviews, après ce qu’on a traversé. A ce niveau c’est incroyable.

Un dernier mot ?

Juste merci pour votre soutien, merci d’avoir lu cette interview. Ecoutez notre nouvel album et à bientôt sur les routes en France.

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[INTERVIEW] Reda (Guitare) et Amine (chant) – Acyl

Le 1er juin dernier débarquait le deuxième opus tant attendu d’Acyl, « Aftermath ». Metal-Actus a pu s’entretenir avec Amine et Reda, pour évoquer cette jolie galette et parler un peu de l’avenir.

Metal-Actus : Bien le bonjour ! Comment vous portez-vous ?

Amine (chant) : Bin j’ai un peu grossi (rires) Mais j’ai essayé les régimes, ça ne marche pas.
Reda (guitare) : C’est l’âge que veux-tu ! (rires) Mais oui, tout va bien sinon.

Vous avez sorti le 1er juin dernier « Aftermath » qui sent bon l’Algérie et l’Afrique du Nord. Vous le voyez comme un hommage à vos origines ?

A :
Hommage non, car l’Algérie existe encore (rires). C’est plus une volonté de la présenter, de manière culturelle, artistique et de dire un petit peu « voilà son passé jusqu’à son présent, nous sommes les produits de cette évolution, depuis l’Antiquité ». D’où le nom de l’album, « Aftermath » : nous sommes un peu la conséquence de tout ce dont on a parlé.


Pour beaucoup, la culture algérienne reste assez mystérieuse. Pouvez-vous nous présenter les différents personnages que vous introduisez dans « Aftermath » ?

A : Alors ce sont des personnages assez différents des uns des autres, mais on n’a pas pris la même facette chacun d’entre eux : il y a deux trois guerriers qui ont fait la guerre, dont on peut prendre différents aspects. On a essayé d’étaler ça sur le temps, d’étaler ça de manière géographique, en fonction des différences qui composent l’Algérie, mais aussi des régions, qui pouvaient contenir plusieurs ethnies différentes, des hommes et des femmes bien qu’il y ait plus d’hommes que de femmes. Ce n’était pas forcément un choix de parité, ce sont juste les personnages les plus représentatifs de l’histoire de l’Algérie depuis l’Antiquité. En terme chronologique, la première personne qu’on a abordé est la reine Tin Hinan : on l’appelle « La mère des touaregs », qui sont les habitants du Sahara. C’est une femme qui a quitté le nord de l’Afrique pour s’installer dans le Sud, dans la chaîne des Hoggards, et sa descendance est ce que appelle aujourd’hui le peuple touareg. C’est une société matriarcale, où la femme possède les biens, et est mise très en avant, en tant que leader d’une tribu, d’une famille. Pour cette femme, le mythe et la vérité se mélangent. On va arriver dans les -300 -400 av JC pour parler de Numédia , cela vient de l’anglais pour Numidie : ce royaume a été unifié par le roi Massinissa, Berbère, qui a aussi réussi à faire face aux invasions romaines et carthaginoises, et qui a créé ce que nous appelons aujourd’hui Algérie. C’est la première forme historique du pays.

Comment avez-vous créé « Aftermath » ? Quel est le processus ?

R : « Aftermath » fait partie d’un projet global, celui de 5 albums, en comptant le premier, « The End Of Sins », qui a été défini en 2006. On a plus ou moins défini les grandes lignes de chaque opus.

Donc c’était déjà défini depuis 2006 ?

R : Exactement. Ce sont des grandes lignes, c’est-à-dire un sujet global pour chaque album. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais le sujet se reserre, car le but est d’aller de plus en plus dans le détail. Le premier CD fut assez général : c’est nous, notre arrivée, en tant que personne et en tant que musicien, le chamboulement dans notre vie de passer d’une société à une autre. Le deuxième est l’Algérie dans sa culture, sa société, tout le bagage qu’on porte aujourd’hui.
A : Pour le vingtième album, on va parler de notre famille ! (rires).
R : Mais cela ne veut pas dire que le groupe n’existera plus au bout de ces cinq albums ! On a juste défini le projet de cette manière là : pour les deux prochains albums, on va aller un peu plus dans le détail.
A : L’ensemble est une sorte de macro-cycle : on s’est dit « on va évoluer de cette manière » jusqu’à telle date avec tel sujet. Bien sûr, c’est toujours adaptable mais les grands axes sont déjà définis.

Comme sur le précédent album, vous avez beaucoup d’instruments traditionnels. Avez-vous fait appel à des musiciens ? Est-ce vous qui les enregistrez ?

R : Ce sont des instruments que nous connaissons, avec lesquels on a grandi, que ce soit en les écoutant ou en les jouant. Mais par souci d’authenticité, que ce soit pour le premier album ou celui-ci, on a essayé d’aller enregistrer les instruments dans les villages en question, dans les ethnies en question. Ce sont tout de même des personnes qu’on connaît, il ne faut pas imaginer des personnes en costumes traditionnels, avec des chapeaux et tout (rires). Mais effectivement, c’est dans des lieux très mythiques.Ces musiciens ont pris les choses de manière très positive, ont compris le projet. Mais tout cela demande du temps, d’où les quatre ans entre chaque album.

Du coup, comment ça s’est passé niveau logistique ?

A : Je veux juste rendre hommage à Frédéric Gervais, le patron des studios Henosis, qui a très très bien compris là où on voulait aller, qui a réussi à comprendre les spécificités de la musique traditionnelle, et puis c’est également un metalleux. On a bossé aussi avec le studio Fredman, en Suède, qui a aussi masterisé l’album et lui a donné un aspect très moderne. On a essayé d’avoir un son organique, un peu à l’américaine, car c’est le meilleur compromis entre des parties calmes et des parties puissantes. Et on a bien aimé. D’ailleurs, ça nous faisait peur, car d’habitude, on déteste ce qu’on fait (rires). Et on s’est dit « putain, pour une fois qu’on est content, ça va être de la merde en fait » (rires).
R : Et pour les parties traditionnelles, ce n’était que du one shot, à chaque fois ! On leur expliquait les grandes lignes et ils faisaient leur truc. C’était vraiment impressionnant ! Un grand hommage aussi aux musiciens, même s’ils ne sont pas encore morts (rires)

Maintenant, à propos de l’artwork, qui l’a fait ? Quelle est sa signification ?

R : Techniquement, c’est moi qui l’ai fait, mais il est issu d’une grosse discution avec tout le groupe. Et après 25 essais, on est plus ou moins tombé d’accord. C’est le même principe que l’album, en tout cas sur la signification de l’artwork, c’est un personnage qui est caché derrière un espèce de masque, on ne sait pas si c’est vraiment un masque ou si ça fait partie de sa peau, si c’est un tatouage. C’est un peu la représentation de tout ce bagage que nous avons apporté, qu’on subi et qui, en même temps nous sublime. Et à l’intérieur du livret, chaque titre a son personnage qui est traité avec un graphisme différent.


Vous avez joué il y a quelques mois au Petit Bain. Content de retrouver le public parisien ? Est-ce que d’autres dates sont prévues ?


A :
Le Petit Bain, c’était chouette ! Il venait vraiment dans une période où on bossait bien au studio, et cela nous a permis de respirer un petit peu. Et le public, je dois t’avouer qu’il était exceptionnel. On a eu des super concerts à Paris, mais comme celui-là … : ils étaient réactifs, ils soutenaient, franchement c’était chouette. Pour les dates à venir, il y a une tournée qui se met en place pour la fin de l’année, pour la promotion de l’album. Notre priorité est de refaire le set, car on fait intervenir la vidéo, des instruments, des danses donc on va retravailler ça. C’est un peu notre priorité de l’été.

Pour l’avenir, on peut donc vous souhaiter succès et concerts ?

A : Ouais ! On espère que l’album plaira, car on a bien bossé dessus. On a essayé de faire un truc consistant, que ce soit sur le plan graphique, le plan musical, ou celui des thèmes et des textes. Rien n’a été laissé au hasard, à notre niveau : on a essayé d’aller au bout des choses. On espère d’ailleurs que ça pourra changer certaines mentalités, permettre de concilier certaines choses qui sont antagonistes en ce moment, parce que c’est l’objectif final, de vivre de manière paisible.

Si vous avez un dernier message à faire passer ?

R : Pas de message particulier : au risque de répéter ce qu’Amine a dit, vraiment que l’album plaise et que le travail soit apprécié.

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[INTERVIEW] Emmanuel (chants/guitares) – Wormfood

Après une petite absence, Wormfood décide de revenir avec un superbe objet, l’album « L’Envers ». Son fondateur, parolier, conteur et guitariste, Emmanuel, nous en dit un peu plus.

Metal-Actus : Avez-vous eu déjà des retours sur « L’Envers » ?

Emmanuel (Wormfood/chants et guitares) : On a eu quelques petites chroniques qui sont tombées un peu prématurément, et cela nous permet de sentir un peu comment l’album est reçu : il est bien reçu voire même très bien reçu chez quelques webzines. Evidemment, je ne vais pas te dire que j’aimerais qu’il soit descendu (rires), ou pire qu’il laisse les gens indifférents. Il n’a pas été fait pour ça.


Pourquoi avoir choisi ce titre, « L’Envers » ?

Je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, donc je vais continuer (rires). Comme souvent, le titre est arrivé en tout dernier, en bout de chaînes. Cette question, je l’ai reporté, reporté, reporté (rires). Et puis il y avait déjà l’écriture des paroles avant qui m’a déjà bien mobilisé pendant une bonne année. Pour le titre, j’ai couché pleins de mots sur un papier : j’aime bien les formules très courtes, comme on l’a toujours fait dans l’histoire de Wormfood. « L’Envers » me semblait être le meilleur choix : via la notion d’envers du décor, puisqu’on était parti sur un artwork, effectivement, avec un espèce de théâtre, ce palais de Versailles, de cauchemar. Mais il y avait aussi « L’Envers » au sens « d’inversion » voire de « perversion », puisque ce sont des personnages très sombres et très tourmentés qui sont décrits dans cet album. Et en terme de sonorité, c’est très proche de « l’enfer », on invite à y descendre. Enfin, il y avait aussi ce petit calembour, « L’An-vers » comme « l’année du vers » : c’est le premier album qu’on sort sous ce line-up parisien – je suis d’ailleurs le dernier rescapé du line-up d’origine et cela donnait un peu cette idée de renaissance. Je pense que les gens pensaient qu’on étaient morts ou en vacances pour profiter de nos royalties touchées sur nos précédents disques (rires).

Tu parlais de cette « descente aux enfers ». Elle est symbolisée par cette jeune femme présente sur ton artwork ?

Oui. Tu auras remarqué que l’artwork lui-même fait partie de l’expérience, parce que déjà, on a envie de vendre des albums (rires), et encore une fois, on l’a pensé comme un voyage sonore. C’est un disque dans lequel on se plonge, comme dans un roman, un film, pour qu’il puisse permettre de se plonger dans l’univers : on a fait donc un long digipack, avec un livret bien consistant où les paroles sont bien lisibles en plus (rires). On a vraiment travaillé là-dessus avec Hicham de Strychneen studio. Andy Julia qui a fait toutes les photographies de l’album. Quant à la comédienne, ou cette créature de cauchemar, qui se trouve sur scène, cela fait deux albums que j’ai une égérie en couverture : alors la dernière était brune/noir corbeau, celle là, elle a les cheveux rouges flamboyants et elle part en flamme aussi. C’est vraiment une image qui est venue à Hicham quand on a parlé de l’artwork, elle est intéressante, et elle m’évoquait l’héroïne de la toute dernière chanson de l’album « Poisonne ». C’est une des nombreuses femmes vénéneuses qui traversent la musique de Wormfood.

Outre cet artwork, comment as-tu fait pour le créer, ce voyage ?

Je ne sais pas. Mes goûts musicaux et artistiques m’ont porté vers des choses un petit peu différentes, avant-gardes, ou vers des mariages entre différents genres et influences un peu inhabituels : ce sont à la fois Type O Negative, Alain Bashung, Gainsbourg, Karnivakool dont j’ai fait partie pendant quelques temps … tout se mélange et donne finalement Wormfood. Ajoutons à cela, par ma formation et par mes débuts professionnels – j’étais plutôt destiné à enseigner la littérature, ce que j’ai fait pendant quelques années, et à travailler dans l’édition littéraire – j’ai ce goût des lettres et j’ai cette envie d’utiliser ce vecteur du metal pour faire passer un français différent. J’adore les mots tordus et bizarres, étranges, je trouve ça délectables d’en utiliser certains qui ont disparu ou qui ne sont plus utilisés : les mots ont beaucoup à nous apprendre et que notre époque souffre du fait que les gens n’y prêtent pas plus attention… Et je poursuis carrière d’acteur, en tant que comédien et voix off. Il m’arrive de faire des doublages, parfois les voix de certains auteurs sur certains musées, par exemple celle de Jean-Jacques Rousseau et de Steindhal. Ce sont des exercices qui nous mênent vers cet amour de la littérature, de l’interprétation, des choses très sombres et très pesantes mais aussi de la poésie, des belles choses … C’est une mixture qui donne quelque chose de malsain, mais en même temps, j’espère, élégant.

Et tu t’es inspiré d’oeuvres littéraires en particulier ? J’ai trouvé que l’album se situait bien entre poésie et théâtre …

Je me porte plus sur les auteurs dits « décadents ». Je suis attiré aussi – il fut un temps où j’ai eu l’occasion de travailler sur leurs manuscrits, leur correspondances – de gens comme Antonin Artaud. J’étais fasciné par le personnage, et pendant des années je me suis amusé à l’imiter. Je trouve que la littérature n’est pas un truc de vieux con, avec les prix Renaudot et autres, car tous ces grands auteurs qui ont traversé le temps me semblent profondément avant-gardes. Ils sont vivants et accessibles dans notre langue.

Peut-tu m’en dire plus sur le titre « Mangevers » ? J’ai eu l’impression qu’il était assez personnel.

C’est un morceau « bilan » du groupe : je l’ai vu comme l’occasion de ressortir tout ces personnages qui ont été développés dans la carrière de Wormfood. Que se passe-t-il aujourd’hui quand on les retrouve ? Donc j’avais envie de les ressusciter, de les ramener un peu, mais le temps a passé. Ils sont dans leur monde en ruines. Ils ont fait face à leur responsabilités (rires). C’est curieux de faire face à ces personnages. Mais ça dit aussi des choses sur moi : sur ce que j’ai traversé en 15 ans, à titre personnel. « Posthume » était d’ailleurs un disque qui s’inscrivait dans la période la plus sombre de ma vie ! On ne sait pas de quoi demain est fait, je suis plus stable et mesuré que je ne l’étais à cette époque, où tout partait en vrille moi compris ! Avec « L’Envers », on a essayé de revenir à l’origine, à se le réapproprier pour avoir quelque chose un peu comme « France » et ce côté théâtral, cinématographique, tout en gardant ce qui faisait la force de « Posthume », donc sa noirceur.

Le deuxième morceau dont je vais parler est « Gone On The Hoist » …

(il me coupe), D’ailleurs c’était un seul et même morceau avec « Mangevers »

Ah oui ?

Oui, on a dû le couper en deux. Ce sont deux univers différents mais ils se suivent et formaient un seul morceau à l’origine.


C’est étonnant car s’ils se suivent, ils sont très différents justement, comme tu le disais.

Mais cela fait sens aussi : si tu penses que « Mangevers » fait référence au passé du groupe, il faut savoir aussi que c’est le nom que je pensais donner au groupe quand je l’ai ressuscité, pour dire que nous avions tourné la page. Mais on a gardé « Wormfood » car il y a une fan base autour, et on s’est dit que changer de nom, que ce serait se tirer un peu une balle dans le pied, et on aurait encore plus recommencé à zéro (rires). On est déjà resté absent pendant un certain temps, et on a l’impression de devoir recommencer.
Concernant le morceau « Gone On the Hoist », il fait rapport à la rencontre de Paul Bento de Type O Negative : on a sauté le pas après avoir longtemps correspondu. On aurait du se voir en 2006 avec Peter Steele, mais ils sont directement partis en tournée, avant que Steele ne nous soit enlevé. Cette perte a été tragique humainement et musicalement. Mais cette relation avec Paul a perduré dans le temps : je suis allé à New York, chez lui, on s’est baladé dans Brooklyn … On est amis, aujourd’hui. Et ce morceau fait référence à cette histoire, ce quartier.


Maintenant on va laisser l’album de côté, on va parler concert, tournée… vous avez des dates de prévues ?

Pour l’instant non, ce qui est assez étonnant … mais on n’a pas tourné pendant longtemps. La dernière date qu’on avait fait à Paris, c’était au Divan du Monde, en première partie de Waltari. Tout ce que je peux dire, c’est qu’on souhaite donner un concert à Paris pour la sortie de l’album, dans pas trop longtemps. Cela fait plusieurs mois qu’on répète pour remettre tout ce répertoire sur pieds pour le jouer en live. Après, tournée, ça c’est une grande question. Est-ce qu’on va réussir à tourner ? J’aimerai, vraiment. C’est assez difficile de le faire, et pourtant ça fait 15 ans qu’on existe. Mais on a toutes les peines du monde à trouver des dates ! En général, on a fait pas mal de concerts au coup par coup, mais mettre sur pieds une tournée en bonne et due forme, … j’espère au moins dix dates en France, mais comment et par quel biais ça … C’est l’inconnu. Pourtant, ils ne demandent qu’à être joué sur scène ces morceaux !

Justement tu faisais allusion à votre absence un peu plus tôt. Tu penses qu’elle a été bénéfique ?

Oui, car ce n’était pas une absence passive où on s’est tourné les pouces. Avec Wormfood, on est aujourd’hui des amis, on a bougé partout, même jusqu’à Prague pour défendre « Posthume », on a évolué, on a vu, fait des choses sympas. Cette séparation temporaire nous a paru bizarre au début, mais elle s’est révélée bénéfique. D’ailleurs pour « L’Envers », on a travaillé séparément, même si c’était un peu long et bizarre d’être coupé des uns des autres comme ça. Mais c’était propre, chacun s’est occupé de ses propres parties. Comme ça, quand on est arrivé en studio, on avait des démos bien posées, on a pu travailler et on avait plus qu’à enregistrer l’album car toute la base était déjà là.

Donc le travail s’est fait chacun de votre côté ? De plus en plus de groupes exprimaient le désir de se retrouver ensemble pour composer …

Nan, j’ai beau être un tyran, j’ai mes limites. J’ai le dernier mot, j’ai ce droit comme fondateur et porteur du projet depuis 10 ans. Mais chacun est libre d’apporter, d’échanger ; je créé une base qui sont mes textes mais chacun arrange ses parties et vient apporter sa touche. Personne n’est dans un ego-trip, ce sont tous des gens très pro. J’espère que tout le monde repart avec son album, avec l’idée qu’ils ont eu justice pour leur travail.


Que peut-on souhaiter pour l’avenir du groupe ?

Que ce travail ne soit pas vain, et que ça fonctionne. Je ne dis pas qu’on va devenir les rois du pétrole avec un album de metal aussi bizarre (rires). J’espère que le disque amènera une vraie réflexion, c’est une volonté de proposer quelque chose de différent donc j’espère que les gens vont être frappé par le disque, qu’ils vont le vivre avec plaisir, se dire que c’était une bonne expérience, et avoir envie d’y revenir ; j’espère aussi qu’on arrivera à porter cet album sur scène.

Enfin, as-tu un dernier mot à ajouter ?

Merci pour cette interview ! Encore une fois, j’espère que, par la passion et le soutien des uns et des autres, on va aller de l’avant. Je veux rencontrer des gens, avec lesquels j’ai toujours grand plaisir à discuter. Je suis ravi d’en voir venir vers nous, notamment via Facebook et à la fin de nos concerts, pour nous poser des questions, c’est le truc le plus agréable du monde. Et s’ils ont aimé ce disque, qu’ils l’aident à toucher son public et à grandir pour qu’on puisse continuer à avancer, proposer toujours un spectacle de qualité.

[INTERVIEW] ADX :  » On est plus sur la nature humaine que sur les révélations diaboliques »

Les français d’ADX remettent le couvert en 2016 avec un nouvel album, « Non Serviam ». Une belle occasion pour Metal-Actus d’en savoir plus sur cette galette et sur les projets futurs du groupe.

Réalisée par mail le 26 mai 2016 (Un grand merci à Roger)

Metal-Actus : Quelle est la signification de ce titre, « Non Serviam » ? 

ADX : Le titre nous a été inspiré par le texte du morceau éponyme qui parle d’un curé qui renonce à la robe et qui l’église pour le plaisir de la chair, on est plus sur la nature humaine que sur les révélations diabolique. Le coté universel du latin et la facilité de compréhension ne nous a pas fait hésité une seconde.

Quel a été le fil conducteur pour la composition de cet opus ? 

Toujours la même trame, des faits historiques intéressants et quelques histoires fantastiques qui ont attirés notre attention.


J’ai l’impression que cet album reste très noir par rapport au reste de votre discographie. Quel est ton ressenti ?

C’est vrai que les sujets ne sont pas écrits sur des thèmes à l’eau de rose. Je pense que l’actualité, même si nous ne nous en inspirons pas, doit bien nous guider dans le choix des titres. On se souvient souvent plus du meurtre à la fin plutôt que la naissance d’un bébé du début dans un film. 

Que peux-tu nous dire sur l’artwork ? Ce personnage central représente-t-il une sorte de critique sur la religion ?

Pas vraiment, nous n’avons jamais pris parti contre ou pour une religion, nous contons des fables modernes. Ce curé quitte la robe pour aller vers des passions charnelles dans le texte. Nous jugeons plus un comportement humain plutôt qu’une action démoniaque. 

Et globalement sur les hommes disant répandre la bonne parole ? 

Ce titre, « Non Serviam », qui signifie « Je ne servirais pas », reflète notre volonté d’artiste à ne pas servir une cause justement. Les bonnes paroles, nous en avons entendu beaucoup depuis 35 ans. C’est plutôt à cela que nous avons penser en extrapolant le terme.

Un morceau que j’ai trouvé particulièrement fort : « B-17 Phantom » du nom de cet avion utilisé durant la Seconde Guerre Mondiale. Peux-tu me raconter son histoire ? Qu’est-ce qui t’a amené à écrire sur cette période de l’Histoire ?

Oui, une histoire très étrange comme on les aime !! En fait cet avion a vu tout son équipage disparaître pendant un vol, et on dit qu’en Angleterre on l’entend encore voler au dessus de certains terrains d’aviation qui ont servi en 39/40.

Vous allez jouer au Glazart samedi dans le cadre de l’UTIM Fest, qui avait été annulé suite aux attentats du 13 novembre. Heureux de pouvoir jouer donc, et d’avoir pu organiser une nouvelle date je suppose ? 

Très heureux de rendre hommage à tous nos amis mais aussi aux autres victimes de ce massacre. Nous remercions les groupes Furies, Malemort et Witches de leur confiance en participant à cette date que nous organisons et bien sûr à Base Prod, sans qui rien n’aurait été possible. Nous préparons la troisième édition pour début 2017, on vous donnera plus d’infos bientôt.

Outre cette date, une tournée sera-t- elle prévue ? 

Nous attaquons la tournée en Septembre 2016 et nous allons aussi participer à pas mal de concerts avec nos potes de Manigance et Drakkar entre autres. Nous serons de retour à Paris début 2017 pour présenter Non Serviam pendant un set dédié.

Vous avez accueilli l’année dernière Nicolas Minier à la guitare rythmique. Son intégration, au sein d’un groupe aussi rôdé que le vôtre s’est-elle faite rapidement ?

Oui, nous connaissons Nicolas depuis pas mal d’années et nous avons du attaquer la tournée des trente ans de notre premier album « Exécution » deux semaines seulement après son arrivée. On a eu tout juste le temps de faire les présentations !!! Il connaissait déjà pas mal les titres d’ADX et il s’adapte très vite à ses nouveaux projets. 

Vous avez fait deux pauses durant votre carrière. Etes vous surpris par l’accueil réservé à chaque fois par vos fans ? 

Bien sûr, tu ne sais jamais si tu vas les retrouver à ton retour, mais on a eu de la chance d’avoir une fan-base en béton qui ne demandait qu’à nous revoir. Certains sont aujourd’hui des amis, qui nous suivent depuis le début. Je pense qu’un groupe doit être fier de tant de fidélité……….

Que pense-tu de la couverture médiatique actuelle de la scène métal française ?

La quoi ?? A part deux magazines, Arte qui retransmet des concerts, quelques très gros festivals d’été, pour moi la situation est la même qu’en 1985. Seul internet permet aujourd’hui d’avoir une vitrine mondiale de ce que tu fait mais il faut gérer le magasin toi même !!

Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?

Que beaucoup de gens comme toi soutienne la scène française, que le public nous suive en concert et vienne festoyer avec nous. Que notre nouveau label, UltimRecords, nous permette de faire encore de beaux albums. 


Un dernier mot ?
 

Retrouvez nous sur le net et surtout en live !!!

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[INTERVIEW] Arsène et Benji – L’Esprit Du Clan

Après 4 ans d’absence, L’Esprit Du Clan revient avec un nouvel album, « Chapitre VI ». Arsène et Benji ont accepté de nous causer de cet album plus solaire et vivant que son prédécesseur, « Chapitre V – Drama ».

Metal Actus : Hello ! Comment vous vous portez ?

Arsène (chant) : Salut ! Et bien ça va super bien ! C’est le marathon promo aujourd’hui, on est très contents, c’est génial !

J’ai été surprise par ce côté plus solaire à « Chapitre VI », par rapport plus particlulièrement à votre dernier album. Quel a été le déclic ?

Benji (guitare) : On ne calcule pas je crois. On ne l’a jamais été là-dessus. Au moment du processus de composition, on n’est pas dans la prévision. On constate mais on ne provoque pas. On se laisse guider par l’envie, par l’impulsion, par le truc quoi.
A : Tu remarqueras après, qu’à chaque période qu’on a fait un album, il représente exactement l’état d’esprit dans lequel tu es à ce moment là. C’est ça qui est icroyable. Après, tu n’en a pas conscience quand tu le fais.

Je vais revenir sur votre communiqué de presse, notamment sur l’enregistrement effectué, je cite, « dans les mêmes conditions que dans les années 2000 ». Une petite explication ?

B: On avait cette volonté, cette envie de retoucher ce truc qu’on a dans nos premiers albums très analogique. Sur nos derniers disques, dans un souci de propreté, de stylistique, on voulait quelque chose de froid et de chirurgical : la musique qu’on faisait était un peu plus exigeante et plus rapide. Donc on éditait tout, dans un souci de propreté et suite à la volonté propre du groupe. Cela ne correspond plus à nos attentes. On avait ce besoin de pondre quelque chose rapidement, mais aussi de retour aux basiques, aux racines : on avait envie de laisser des pains, de laisser des trucs un peu plus fous … on les a laissé car on a voulu en faire une force. Et franchement, je suis assez satisfait du résultat parce que quand on écoute l’album dans sa globalité, ça bouge, il y a du mouvement, il y a une courbe. Et c’est ça que j’aime bien ce côté un peu….

Vivant ?

B : Oui, voilà, ça donne de la vie. Et honnêtement, je pense que ça contribue aussi aux premiers retours qu’on a, qui sont positifs.

Par rapport aux textes, j’ai eu l’impression qu’ils étaient un tout petit peu moins revendicatifs …

A : Honnêtement, j’ai vieilli, on s’est arrêté 4 ans, j’ai pris du recul sur ce qu’on faisait avant et sur ce que je suis aujourd’hui. Alors mes idées sont les mêmes, mais je ne peux pas faire pareil au niveau de la forme : ce n’est pas possible. Donc je me suis inspiré de poésie, j’ai imprimé des textes Bashung, de Léo Ferré … J’ai voulu être plus poétique, plus métaphorique. Et je ne pourrai plus aujourd’hui, comme je le faisais quand j’avais 20-25 piges, dire « va-te faire encu!er » (rires)… Je ne suis plus dans ce trip là. Je n’assumerai plus. J’estime qu’il faut vivre avec son temps : quand tu vois des gonzesses de 60 ans qui ressemblent à des gamines de 20, ça me fait de la peine pour elles. Et inversement, s’il y a des filles de 20 ans qui essaient de se vieillir, je me dis « Mais puta!n, vivez votre jeunesse quoi !  » Je trouve ça bien d’être en accord avec son âge.

Un des morceaux phares de cet album est « Hymne au Silence » (NDLR : qui est le deuxième clip du groupe), en tout cas celui que j’apprécie le plus personnellement. Peux-tu nous en dire plus ?

A : Brassens disait qu’au dessus de 4 personnes on devient débile et je ne suis pas loin de penser ça. L’appartenance à un clan, c’est différent de la foule car ça reste restreint. Et les mouvements de masse, de foule, ça m’a toujours fait peur. Sa bétise et sa violence me font peur. Ses revendications me font peur. Et « Hymne Au Silence » c’est ça : il y a tellement d’informations aujourd’hui, tout le monde donne son avis sur tout, que je pense que parfois, de bonnes cures de silence ça ferait du bien à tout le monde. Au bout d’un moment, c’est bien aussi de prendre plus de recul sur les choses. Voilà, c’était ça, le thème de cette chanson. Au sens premier, je voulais vraiment faire un hymne au silence.

J’ai aussi ressenti la même chose, la foule et moi, ce n’est vraiment pas ça…

A : Ah mais moi je suis agoraphobe ! On me demandait tout à l’heure ce que je pensais des thèmes d’actualité, notamment de « Nuit Debout ». Je suis sceptique, je n’ai rien contre, mais moi, tout ce qui est mouvement de foule, je ne peux pas. Je n’ai jamais pu faire une manif, je trouve qu’il y a un truc complètement abrutissant.
B: Chacun se fait son propre journaliste, tout le monde a une propre tribune, facilitée par les réseaux sociaux et on veut un peu sa part du gâteau. Et finalement, des trucs comme « Nuit Debout »…. je m’informe moins qu’avant, parce qu’il y a un espèce de dégueuli en permanence médiatique de ce qui se passe, de trucs relatés … Et même quand tu n’a pas envie de savoir, ça te revient quand même à la face. Donc pour en revenir au côté agoraphobe, ça donne envie de se terrer un peu, de rester silencieux, et d’observer.

« Rats Des Villes » est votre premier single. Il s’agit d’une véritable ode à Paris. C’était une évidence pour vous ?

A: Et bien ça ne l’était pas en fait (rires), jusqu’à une semaine ou deux avant la sortie de l’album, on ne savait pas qu’on allait le prendre en tant que single. C’est comme « Or Astral » ! On ne voulait limite plus la jouer sur scène et on a eu des retours comme quoi il faut la faire. Et pour en revenir à « Rats Des Villes », non, ce n’est pas si évident que ça, et maintenant, je me demande comment on a pu douter que cette chanson était un hymne et devait être mise en avant. C’est difficile quand tu n’as pas le retour des gens, quand tu es à fond dans la compo, de savoir ce qui vaut plus que d’autres. Et là, depuis la sortie de l’album, on voit bien qu’il y a trois chansons qui se détachent. Mais je te jure qu’on n’en avait pas conscience avant.

Il faut que vous jouez « Or Astral » ! C’est l’une des meilleures de l’album.

A: Mais c’est évident maintenant (rires) ! On ne savait pas, mais là on va la refoutre dans le set !
B : A vos ordres ! (rires)

Vous avez collaboré avec Christopher « Zeuss » Harris sur cet opus. Comment ça s’est passé ?

A : J’étais en échange avec lui. Techniquement, très pro, très rassurant, très régulier, il va vraiment dans la direction qu’on veut en apportant sa plus-value de mec qui fait ça toute l’année avec des grosses productions. Humainement, froid, on n’a pas eu d’affinités particulières. Il va forcément plus relayer les grosses productions qu’il fait comme Hatebreed, mais ceux plus petit ou étranger, il ne va pas les mettre. On a un grand respect pour son boulot, il fait très bien son taf.

Et pourquoi avoir choisi une nouvelle personne à ce niveau ?

A : Parce qu’il le fallait : avant, c’était un pote à nous qui s’en occupait, mais il a arrêté de faire du son. on voulait aussi bosser avec un professionnel. Et puis, Verycords croit en nous sur cet album et met vraiment les moyens sur notre musique.
B : C’était un pas qu’on avait envie de faire. Pour le coup, avec notre premier ingé-son, on restait en famille. On restait trois mois en studio, mais à la fin, tu as la tête farcie, tu ne sais même plus prendre du recul. Si on maîtrisait tout de A à Z, on s’est rendu compte que, quand tu fais de la musique, tu ne peux pas avoir toutes les casquettes : t’es bon musicien, t’es bon chanteur mais tu ne peux pas être ingé-son, comédien … Tu es bon dans un domaine je pense. Et puis, on ne va pas se mentir, on fait du metal et on a tous écouté, gamins, des grosses productions américaines qui nous font rêver. On voulait avoir le son quoi ! On voulait cette espèce de gros rouleau compresseur ne desservant ni la musique, ni les thèmes abordés. Pour l’instant, on n’a pas un seul album qui sonne de façon aussi puissante que celui-là.
A : C’est vrai que c’est bien d’avoir délégué, en touchant à juste deux trois détails.
B : C’est un processus agréable, et c’est bien de pouvoir se laisser guider. Mais je pense aussi qu’il faut avoir une certaine maturité pour accepter de faire ça.

Dans quel sens ?

B : Maturité artistique si tu veux, ce sont des choses où il faut avoir de l’expérience : il y a des mecs dont c’est le boulot, qui sont payés pour ça et c’est bien de relâcher les choses et cela te responsabilise aussi dans ton truc à toi.

A propos de votre pochette, elle casse un peu avec d’autres parce qu’elle reste très sobre, avec ce titre enluminé à la façon des vieux livres. Contrairement à d’autres groupes qui sont prêt à débourser des fortunes pour avoir des artworks très travaillés, pourquoi avoir choisi cette sobriété ?

A : Je lisais les retours sur la mort de Prince hier et j’ai appris qu’il avait fait un Black album, tout comme Metallica. Nous-mêmes on l’avait fait à l’époque avec une pochette très neutre, et très noire. On ne voulait pas miser sur l’emballage : si tu veux faire une pochette avec un truc hyper strict, hip-hop hardcore avec un logo typé, tu sais à quoi tu vas t’en tenir. Idem pour une pochette héroïc fantasy, … L’artwork a tendance à guider les gens. Là ,je voulais laisser les clefs aux gens, pour les laisser découvrir cet album par eux-même, sans àpriori. C’est un album contrasté, certaines chansons étant plus solaires, d’autres plus sombre.
B : C’est vrai que la musique de l’esprit du clan est assez cinématographique. Tu peux faire plaisir, ou du bien, à quelqu’un qui a perdu son chien, comme un mec qui vit un vrai drame (rires). Cela prend des sens différents selon les gens. C’est ouvert à toutes les interprétations.
A : Dès le départ, quand on a voulu reformer le groupe, on s’est dit assez rapidement qu’on s’en fout. On voulait juste « et paf, on est l’Esprit du Clan, vous n’aurez pas de truc, pas de thème et paf ». Voilà, c’était ça l’idée.

Je vais maintenant passer à la tournée. Je suppose qu’après plusieurs années d’absence, vous retrouver sur scène doit vous faire le plus grand bien non ? J’ai vu que vous avez fait le Betizfest dernièrement …

A : Je suis encore sur le petit nuage du Betizfest ! C’est incroyable, c’est fou cette sensation !
B : C’est difficilement définissable. Ouais c’est une osmose, il y a un truc. C’est hors-temps ! Du moins quand tu es bien dans ton truc. T’es dans une bulle, entre les gens du public et toi, il n’y a plus rien, c’est une sensation intéressante.
A : On a hâte d’être à Paris. C’est vrai que c’est de l’adrénaline pure et dure. C’est vrai que tu ne fais pas attention au temps, et il y a très peu de moments où tu t’oublies comme ça.


Vous allez donner un concert à Paris, dans le cadre du Headbang Contest. Pourquoi avoir choisi d’apparaître sur cette affiche ?

Tous les deux : C’est eux qui nous ont choisi ! (rires)
B: Il faut savoir aussi que la plupart des dates qu’on a là ont été bookées avant même qu’on annonce notre retour avec de la nouveauté. On l’a fait en interne, ça a commencé un peu à se diffuser, et il y a très rapidement des organisateurs qui nous ont programmés. Ce sont des dates qu’on aurait de toutes façons faites, même si on venait sans album. Pour la petite histoire, le Headbang Contest nous voulait en tête d’affiche, l’année où on s’est arrêté.
A : Pour être très honnête, je ne savais même pas, au départ, que c’était un Contest. Pour nous, c’était une simple date à Paris, mais on l’a su assez vite après coup. On n’est pas contre le concept, et pour nous, c’est l’occasion de jouer à Paris dans une chouette salle. On y jouera d’ailleurs pour la première fois. Et on est super contents de pouvoir jouer dans le cadre de cet événement : je suis dans le jury, je soutiens le projet à fond, mais on ne savait pas, au début, qu’on allait être les parrains d’un concours en fait.

Comment s’est passé l’intégration de Julien, votre nouveau bassiste ?

A : Ah bah on l’a bizuté le petit hein ! (rires) Non, c’est un mec super zen, qui s’adapte à notre humour de merde complètement décalé, qui bosse surtout et s’est fait sa place. C’est un super bassiste, c’est un super mec.
B : On a eu l’occasion de beaucoup se voir au début, car j’ai bossé avec lui pour tout l’apprentissage des anciens titres notamment, et quand il est arrivé, on s’est dit : « bon, il reste quatre mois avant les dates, il y a moyen de bien bien bosser les morceaux », il fallait qu’il apprivoise notre technique, ressentir un feeling : avoir la patte du groupe c’est important, surtout pour des mecs qui jouent ensemble depuis plus de 10 piges. A la base, je devais faire les basses sur l’album. Mais on voulait un vrai bassiste, et non un guitariste-bassiste, ou un pote gratteux qui s’y mettrait pour notre bon plaisir (rires). Ce n’est pas si facile à trouver, mais lui était niquel. Il était tellement rigoureux qu’il a appris tous les morceau en un temps record et les a interprété sur l’album.
A : C’est une merveille. On est tombé sur le bon.

Après vous être arrêté durant ces années, avez-vous l’impression de revenir plus fort, plus apaisé ?

A : Plus fort, je ne sais pas, mais plus apaisé pour moi oui. Je dois t’avouer qu’avant d’arrêter, on était sous l’eau : les répètes étaient un calvaire, ne serait-ce que le fait de prendre sa voiture et de se taper les bouchons…. Aujourd’hui, je suis content, je prend tout avec sérénité. Alors je touche du bois, j’espère que ça va durer le plus longtemps possible, mais je suis apaisé, plus heureux dans ma tête, et dans le groupe aujourd’hui qu’il y a 15 ans, même si j’y prenais aussi du plaisir, mais il faut savoir que c’était tellement la compète entre nous !
B : La pause est arrivée suite à un déséquilibre humain dans le groupe. Et ça a conclu par un arrêt qui a été bénéfique. On sait qu’il y a des choses à ne pas reproduire, et on connaît ce qui peut amener à cette situation. On est sur le bon rail maintenant, et c’est cool.
A : C’est un truc que tu ne peux pas comprendre à 25 ans.
B : C’est paradoxal ce que je vais dire, mais il y a une espèce d’innocence maturée. On a l’expérience, et en même temps, il y a le plaisir et le truc de revenir comme un jeune groupe.

Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?

A : Du plaisir, et là, on a envie de jouer, donc ce sera notre projet à moyen terme.

Un dernier mot ?

A : Merci à ceux qui ont pris le temps de lire cette interview ! Et merci à toi d’être venue! A bientôt !

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[INTERVIEW] Benjamin Bury (guitare/chant) – Sidilarsen

A l’occasion de la sortie de DanceFloor Bastards, Benjamin Bury, guitariste et chanteur de Sidilarsen nous a accordé quelques minutes au détour d’un bar. En vous souhaitant une bonne lecture !

Metal Actus : Bien le bonjour ! Déjà, comment te sens-tu ?

Benjamin Bury (chant/guitare) : Bien ! Il fait beau… On est bien à Paris ! On aura pas trop le temps d’en profiter car demain on est en résidence, on aurait aimé prendre plus de temps. Mais ça va, tout se passe bien, et on a hâte que l’album sorte.

Un nouvel album qui se nomme « DanceFloor Bastards ». Serait-ce un retour à vos origines, puisque certains, à vos débuts, n’avaient pas hésité à vous mettre dans la case « Dance Metal » ?

Dans le contexte français de l’époque, on avait mis « Dance Metal » pour être provacateur. Cela remonte à fort longtemps d’ailleurs (rires). On voulait être le côté un peu dance de l’époque qui cartonnait en France avec du metal. C’était pour choquer, ça a duré un moment, on a trouvé ça réducteur après, et assez vite. Et notre musique a aussi évolué au fil du temps. On est plus passé sur un électro rock metal. Ce n’est pas non plus d’une très grande originalité d’utiliser des machines dans la musique.
Et pour nous « Dancefloor », c’est tout simplement la scène, Il n’y a aucune connotation particulière même si en France, ça fait toujours penser au côté dansant. Et « bastards » parce qu’on est de très gros salopards, et puis voilà (rires). C’est évocateur, il y a un côté un peu
énergique et assez brutal, organique et rock. Et puis on trouvait que le morceau titre de l’album le représentait bien, alors, pourquoi aller chercher plus loin ? (rires)

Vous passez la plupart des genres au crible, du côté plus pop rock à l’indus à la Rammstein. Une liberté de ton qui détonne, quand on a tendance à catégoriser les groupes dans une seule case ces temps-ci. Est-ce que c’est ce qui caractérise Sidilarsen à ton avis ?

La seule solution pour faire comme tout le monde serait qu’il y ait un dictateur qui impose aux autres – et c’est parfois ce qui arrive dans d’autres groupes (rires) – en un battement de cil, le même genre de tempo et le même genre de son du début à la fin. Et on n’en a pas envie. Pour que tout le monde s’exprime, il suffit de laisser de la liberté. Mais du coup, on a l’impression, quand on écoute l’album en entier, même s’il y a 13 titres et que c’est un bon pavé, que l’écoute est assez facile, assez fluide, parce qu’on a tout de même fait attention à ne pas partir dans des directions opposées ou contradictoires. Il y a quand même une unité, sans être pour autant un album concept. Tous les morceaux sont dignes d’être sous l’étendard « Dancefloor Bastards ». Mais ils sont forcément différents aussi, car on est deux au chant, avec des personnalités qui ne sont pas les mêmes. Et tout le monde a pu s’exprimer, et à la fin, ça devient du Sidilarsen. C’est le plus important.

Etait-il plus difficile à composer que les autres albums ?

C’était parfois douloureux mais était assez facile dans les faits, et l’enregistrement s’est passé simplement parce que on s’est laissé de la liberté, on a très bien su comment utiliser le peu de temps qu’on avait, et on n’a pas forcément fait dans l’ordre : enregistrer tout le chant d’un coup par exemple, mais le faire quand on en a envie. Cela nous permet de garder de la fraîcheur sur l’interprétation, avoir de la spontanéité. On avait besoin de ça. Et je pense et même je suis sûre que ça se ressent sur cet album : on n’avait plus rien à se prouver.

Vous avez hâte de présenter ces nouveaux morceaux en live ? Le titre « Go Fast » va super bien rendre selon moi !

Mais grave ! On a essayé quelques morceaux là, en répétition. On en rajoutera pour le vrai début de la tournée des clubs à l’automne prochains, mais là, on va commencer à en roder quelques uns sur les festivals dès début mai.

Vos paroles couvrent de vastes sujets, notamment avec « Méditérranée Damnée », qui fait tout de suite penser à l’actuelle crise des réfugiés. Sidilarsen, porte-parole du monde ?

C’est un bien grand mot (rires). Non, simplement, on pose des questions au travers des moreaux parce que il y en a beaucoup à se poser, car il y a des bases qu’on pensait solides qui ont très dangereusement tremblé et très fort dernièrement. On n’est plus dans un monde de certitudes, et donc il est devenu plus que jamais hyper important de s’écouter, de se comprendre, de se parler, et ce n’est pas possible qu’une partie du monde soit opposé à l’autre, on sait tous très bien que ça ne marchera pas. Ce n’est pas pour dire qu’on a trouvé la solution, on essaie d’emprunter des chemins de traverse qui peuvent relier les gens, et qui correspondent à ce que nous on vit dans nos vies, sans avoir la prétention de comprendre des choses dans le détails qui se passent ailleurs. Donc on donne un ressenti personnel. Il y a une dimension universelle, parce que on a cette volonté de rassembler, mais on ne veut surtout pas s’ériger en prophète ou en dictateur des spotlights. Ce serait ridicule. On ne se sent ni obligé, ni porte-parole.
Mais ce que je trouve étonnant, c’est que si peu de groupes « s’engagent » ou dépendent de la réalité de la société dans laquelle ils vivent, notamment ceux qui bénéficient d’une audience très large. Il y en a qui ne disent rien, par peur de perdre deux ou trois auditeurs…. Mais bon.

J’ai été surprise par « Le Jour Médian », morceau très doux par rapport au reste de votre album. Peut-tu me conter son histoire ?

Il est effectivement tout doux mais il est profond, très mélancolique. Tu n’as pas envie de faire des masses la teuf à la fin (rires). C’est David qui l’a écrit, ça lui est très personnel, sachant que je m’y reconnais très bien aussi parce que ça parle de « midlife crisis », la crise des quarantes ans, il vient d’y passer et moi je le suis de très près derrière (rires). Il a fait un bilan, et ça a un écho par rapport aussi au monde dans lequel on vit : vers où on va ? Vers une restriction des libertés soit disant faite pour nous protéger et qui nous prolonge dans la peur ou est-ce qu’on arrive à la surmonter ? Pourra-t-on continuer à ouvrir les bras, avec un apriori plutôt positif et ne pas se dire « il vient forcément nous buter » ? J’ai été beaucoup touché la première fois qu’il m’a fait lire ce texte. Et on a décidé de le mettre l’album, même s’il était réticent dès le départ car ce serait très intimiste. Et c’est ce contraste là, le côté qui peut être très grave, un peu dangereux comme ça du texte alliée à la douceur de la musique qui fait que c’est un intermède à l’album. Il avait besoin de ça aussi ! Pour lui ce fut assez libérateur.

A propos de l’artwork, j’ai vu que le tire-bouchon était de retour ! Pourquoi l’avoir remis sur le tapis et stylisé ainsi ?

Pour la première fois depuis longtemps, on a travaillé avec un nouvel artiste – qui n’est pas graphiste d’ailleurs; il est peintre, dessinateur, tatoueur. Donc c’est fait à la main. Et du coup, il y a ce côte très organique, vivant, sale, le côté non parfait, qui dépasse un peu des bords, et on voulait ça, on trouvait que ça ressemblait à ce qu’on voulait faire avec cet album. On n’avait pas de visuel en tête, on a donné ça comme base de travail. Et il a fait ce dessin, cette tête de buffle, ça nous a plut, on l’a pris.
Le tire-bouchon revient parce qu’on voulait quelque chose de fort, et de très facilement identifiable, et autant graphiquement puissant, et pour le coup, on savait que le tire-bouchon fonctionnerait, comme à chaque fois. Mais il est aussi présent sur cette cover car on a retrouvé cette espère d’insouciance qu’on avait au début. Cela peut surprendre par rapport à ce que j’ai dit sur les thèmes abordés, mais on retrouve ce côté sur cet album, qu’on prenne du plaisir. On ne fait pas ça pour répondre à je ne sais quelle exigence, sinon, on n’y serait pas allé. Et sur les deux premiers albums, c’était ça! on ne se posait pas autant de question. Et on a retrouvé ce sentiment de liberté, de spontanéité : c’est juste du rock, tu n’es pas en train de réécrire la Constitution ! (rires)

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Que peut-on vous souhaiter pour le futur ?

Du plaisir, un maximum de dates, un maximum de monde qui vient nous voir et que l’album plaise et soit diffusé à un maximum de gens.

As-tu un dernier mot ?

J’encourage tout le monde à sortir et à voir les groupes en live. C’est là que c’est le plus concret. Et mine de rien, il se passe des choss, même si ça ne change pas le monde. Et vive la scène française. Concernant Sidilarsen, on vous dit à bientôt sur scène ! Il y a de quoi être surpris par la cuvée 2016, et il y a de quoi passer un bon moment.