Archives de catégorie : Chronique

[CHRONIQUE] Sidilarsen – Dancefloor Bastards

Existant depuis les années 1990, Sidilarsen a évolué au fil du temps, s’installant durablement dans notre paysage musical. Le groupe ne s’est jamais cantonné à un seul genre ou sous-catégorie, et ce « Dancefloor Bastards », dernier né de la formation toulousaine, n’échappe pas à cette règle. Petit détour sur un opus pas comme les autres.

Dancefloor Bastards est un véritable voyage musical, pour tous ceux qui sont à la recherche de plaisir et d’originalité : et il y en a ne serait-ce que par son côté hétérogène. Rien que pour passer d’un titre à l’autre, on peut prendre l’exemple du morceau titre « Dancefloor Bastards » et le suivant « Frapper La Terre », on passe d’un electro pop à un indus metal inspiré de Rammstein. Malgré ces différences de genre, on suit le fil de l’album sans difficultés : Sidilarsen maîtrise son art, et ne perd pas ses auditeurs, car il a acquis une véritable identité musicale. Tous les morceaux ont cet aspect dansant et rentre-dedans en commun. Seule petite exception : « Le Jour Médian », slow d’une douceur et d’une mélancolie rare, qui dénote avec le restant de l’album, que ce soit au niveau de la composition que des paroles. Il s’agit sans doute d’une des chansons les plus intimistes du groupe et de l’un de ses chanteurs, David.

Car Sidilarsen reste un groupe engagé, et cela se ressent sur tout les autres titres, Comme « Méditerrannée Damnée » : le groupe s’inspire de l’actualité, de ce qu’il l’éblouit, de ce qu’il le révolte. Et sans jamais prendre de position. Enfin, la production reste soignée avec un son aux petits oignons.

Bref voici un album pas prise de tête qui fera sans doute plaisir aux fans et à tout autre curieux. Rafraîchissant et original.

8,5/10

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[CHRONIQUE] Atlantis Chronicles – Barton’s Odyssey

Atlantis Chronicles est un combo parisien qui a la singularité de faire ce qu’on appelle un death metal qualifié « d’aquatique ». Avec la sortie de « Barton’s Odyssey », le groupe revient, cette fois, avec un concept, une histoire autour de l’inventeur américain Otis Barton.

Les thèmes aquatiques sont donc, comme à l’accoutumée, à l’honneur chez Atlantis Chronicles avec le nouvel album « Barton’s Odyssey ». Comme à leur habitude désormais, les guitares font des sons qui vont feront automatiquement penser aux thèmes marins, plus particulièrement avec un jeu habile sur la guitare et la basse, vont plongeant carrément dans l’ambiance. La construction des morceaux, la guitare et le duo basse/batterie, peuvent faire penser à ce que fait The Dillinger Escape Plan, vers un death metal particulièrement complexe.

Cette histoire d’exploration est créée autour du bathysphere, l’un des premiers submersibles inventé par Otis Barton (avec lequel il atteindra une profondeur record de 923 mètres) : elle est fluide et se suit facilement, notamment grâce aux liaisons entre les titres. Le tout est servi par une production aux petits oignons. Et on prend bien son pied les enfants !

Le plus puissant des titre reste « I Atlas » qui va vous remuer les tripes comme un lendemain de cuite. On reste pantois devant tant de beauté musicalement violente. « The Odysseus » n’est pas mal aussi dans son genre : le morceau d’introduction nous met de suite dans l’ambiance sans qu’on ne puisse décrocher une seule seconde. Il n’y a aucun temps mort !

Enfin un petit mot sur le packaging, particulièrement bien soigné (ce qui est rare de nos jours donc d’autant plus appréciable), avec un livret aux allures de carnets de bord, et un artwork signé Par Olofsson absolument magnifique !

On tient avec ce « Barton’s Odyssey » les héritiers musicaux de Jules Verne. Avec ce death metal complexe, violent et beau à la fois, les Atlantis Chronicles placent la barre très haut en ce milieu d’année. A consommer sans modération.

9,5/10

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[CHRONIQUE] Black Stone Cherry – Kentucky

Qu’il est bon de se sentir chez soi. c’est le message qu’à certainement voulu faire passer Black Stone Cherry dans « Kentucky » véritable déclaration d’amour à leurs origines. Mais qu’en est-il réellement, musicalement parlant ?

Avec « Kentucky », Black Stone Cherry a voulu revenir à son point d’origine, là où tout avait commencé. En retravaillant dans les mêmes conditions que leur premier album, les américains espérèrent peut-être retrouver une certaine innocence, un certain état d’esprit qui les habitaient au tout début du groupe. Mais aussi pour avoir le plaisir de travailler chez soi. Black Stone Cherry a d’ailleurs décidé d’autoproduire cet album, de sorte à se laisser le plus de libertés possibles. Et d’ailleurs cela ne se voit pas, la qualité du son étant au rendez-vous.

Pourtant l’album ne diffère pas de grand chose de leurs autres opus : riffs bien gras, rythmique au pas, la voix de Chris Robertson est plus posée, plus puissante, toujours prête à vaciller au moindre instant. Il reste la force principale de Black Stone Cherry et il le démontre encore une fois sur ce CD où il nous démontre ses prouesses vocales (« In Our Dreams » en tête).

Les hymnes typiques s’enchaînent et nous divertit, sans pour autant qu’un d’entre eux ne se distingue musicalement. Les titres sont très personnels au groupe, que ce soit « The Way Of Future », celle qui reste, à titre personnel, ma préférée « Shaking My Cage » ou encore « Rescue Me ». Certains sont quand même plus léger, comme « The Rambler » ou encore « Long Ride ».

Petite surprise : la reprise de « War », un des grands standards américains signé Edwin Starr. Ce morceau, très connu, bénéficie d’un lifting bienvenu et totalement réussi.

Bref voilà un petit album bien sympathique qui tiendra en haleine tout fan du groupe, qui en sont les véritables destinataires. Si le groupe ne se vante pas de révolutionner le genre, ce « Kentucky » reste divertissant et nous fait oublier, l’espace d’un instant, nos vies respectives. Et c’est tout ce qu’on lui demande.

8/10

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Notre interview de Ben Walls
Notre live-report du concert au Cabaret Sauvage (Paris), le 09/02/2016

[CHRONIQUE] Amon Amarth – Jomsviking

Amon Amarth a toujours été un groupe très régulier au niveau de ses publications, avec un album tous les deux-trois ans. Pourtant, cette fois-ci, les suédois se sont rendus la tâche un peu plus difficile puisqu’ils ont souhaité sortir un concept-album, contant l’histoire d’un homme qui souhaite intégrer les « jomsvikings », une célèbre troupe de mercenaires du nord. Alors, le pari est-il réussi ?

On reproche beaucoup à Amon Amarth de se reposer sur ses acquis et de ne pas prendre de risques dans sa carrière, par des albums qui, selon certaines personnes, se ressemblent beaucoup trop. En débutant les phases d’écriture de « Jomsviking » en ayant en tête la réalisation d’un concept album, c’est toute une organisation, toute une structure, qu’il a fallu remettre en question : il faut suivre une histoire, s’adapter à un scénario sur lequel le groupe a apparemment passé beaucoup de temps dessus, afin de la structure musicale suive celle du texte.

Une chose réussie par Amon Amarth qui va en profiter pour amener plus de choses dans ses morceaux : que ce soit au niveau des guitares de Olavi Mikkonen et de Johan Söderberg (mieux mixée, plus mise en avant) , de la voix de Johan Hegg (qui semble la moduler comme bon lui semble), l’addition d’une voix féminine, en la personne de Doro Pesch sur « A Dream That Cannot Be » …

L’histoire est compréhensible, bien menée. Les morceaux sont liés musicalement parfois par des passages parlés (et certaine fois la voix de Johan sonne très Till Lindemann (Rammstein). On ressent le travail derrière, c’est réfléchi et l’album est du coup cohérent.

Et la musique est toujours aussi brute de décoffrage : si de rares morceaux restent malheureusement oubliables (notamment « At Dawn’s First Light », titre complètement linéaire dans sa structure musicale), on retrouve sur d’autres le vieux Amon Amarth via des titres taillés pour le live, qui vous reste bien enfoncé dans le crâne (« Raise Your Horns » en tête). D’autres titres interpellent par leur violence, comme « On A Sea Of Blood » et « Vengeance Is My Name », qui satisferont les amateurs de gros son.

Bref, c’est un album qui amorce une certaine évolution chez Amon Amarth, sans que le groupe n’en vienne à renier ses origines. Un pur plaisir pour les nouveaux fans comme pour les anciens qui déploraient un manque de renouvellement. C’est chose faite avec ce « Jomsviking ». Tous les morceaux ont quelque chose de différent, et l’album se dévore tel un bon livre.

9.5/10

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Retrouvez notre interview de Johan Söderberg ici.

[CHRONIQUE] Rotting Christ – Rituals

Alors que les grecs amorçaient un virage plus tribal avec « Aealo » (sorti en 2010), Rotting Christ pousse le concept encore plus loin avec « Rituals ». Pari réussi pour les grecs ?

Dans « Rituals » réside un concept : chacune des chansons traite d’un rituel en particulier, et forcément, connaissant le groupe Rotting Christ, ce n’est pas franchement traité du côté positif de la chose. Paradoxalement, Cet aspect ancien que revêtir ces « rituels » est bien amené dans la musique et les paroles en grec.

Et c’est un aspect qui nous saute aux yeux dès qu’on découvre l’artwork : cet homme, qui prie les yeux fermés, a un air apaisé. Mais dans le même temps, on découvre son visage gris, comme s’il était recouvert de poussière. Il a l’air ainsi de sortir d’un livre d’Histoire, d’appartenir au passé

Tout comme l’opus précédent, le rythme est tribal, parfois à la limite de la marche militaire. La voix de Sakis Tolis se fait rauque (un peu comme si elle venait d’outre-tombe), et tellement qu’elle vous retournera les tripes. Les textes restent recherchés, travaillés pour chaque « rituel » : on voit que le sieur Tolis a bossé son sujet, les paroles ayant une grande importance sur cet opus.

A noter la présence d’un texte en français, « Les Litanies de Satan » (avec Vorph de Samael au chant, ce qui aide certainement à la prononciation de la langue), traduction d’un texte hindou et déclamé à la manière d’un poème … ou d’une prière démoniaque.

Moultes autres guests sont présents sur cet opus : l’actrice du théâtre national grec Danai Katsameni, qui donne un aspect tragique à « Elthe Kyrie », presque effrayant, comme si elle tenait le rôle d’une sorcière. Nick Holmes (Paradise Lost) nous surprend puisque son chant, presque parlé, se rapproche plus de son autre groupe, Grand Morbid Funeral, ce qui donne au morceau un aspect beaucoup plus sombre que les autres, presque même mystique (notamment via le travail sur la voix du sieur Holmes, parfois amplifiée par exemple).

Les deux guitares du groupe viennent véritablement construire tout un squelette autour de ces morceaux, parfois très mélodiques, parfois très brutauxs. On entend parfois des instruments plus traditionnels, à l’image des flûtes que nous entendons le long de « Ze Nigmar » ou dans « Thou Thanatou »

Quant à la production, elle est toujours aussi impeccables. On pourra juste regretter un petit manque d’originalité par rapport aux deux précédents opus sur deux titres, notamment sur « Konx Om Pax »

Bref, c’est un album dans la stricte continuité du précédent, regorgeant de pépites musicales à chaque chanson et aux paroles lourdes de sens. Il vous fera bien secouer les tifs. Un indispensable de cette année !

Note : 9/10

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[CHRONIQUE] T.A.N.K. – Symbiosis

Think Of A New Kind (raccourci à T.A.N.K.) peut se vanter d’avoir huit belles années de carrière et un troisième opus à son actif, « Symbiosis ». Et il se révèle plus sombre et tourmenté que ces prédécesseurs…

C’est ce qui nous frappe en premier lors de l’écoute de ce « Symbiosis » : une violence plus extrême. Elle est présente partout : dans le chant de Raf Pener, la guitare de Nils Courbaron et la basse Olivier d’Ares … On sent une certaine colère noirceur qui transpire de chacun des morceaux. Elle vous prend aux tripes et, selon votre humeur, vous soulève ou vous rebute.

Tout est très carré musicalement parlant. Servi par une production de haute qualité, les T.A.N.K. se font plaisir alliant des riffs sombres et complexes, faisant penser à certains groupes progressifs, aux mélodies plus catchies auxquelles ils nous avaient plus habitués, un peu à la manière de Soilwork ou de Children Of Bodom.

Celle qui sort du lot est bien évidemment « Blood Relation  » avec Björn Strid de Soilwork, qui vous file uppercut sur uppercut. « Legacy » ravira les amateurs de guitare puisque Nils et le nouveau venu Charly Jouglet nous livrent des solis monstrueux. A remarquer également « Nihil » morceau planant et noir qui pourrait même faire penser par moment à du Septic Flesh ! Dernier morceau, « The Edge Of Time » est plus particulier puisqu’un discret chant féminin vient pour la première fois agrémenter un morceau du groupe.

Bref, si on peut leur trouver un petit manque d’originalité, cet opus de T.A.N.K. fait son office : tel un véritable char d’assaut, « Symbiosis » viendra défoncer vos murs pour vous rapporter une musique qui vous permettra de vous défouler et de prendre du plaisir. Un indispensable !

8,5/10

Notre interview du groupe

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[CHRONIQUE] Mass Hysteria – Matière Noire

Les Mass Hysteria ont toujours eu des opus forts, que ce soit au niveau de la musique, ou au niveau des paroles, qui résonnent toujours comme un hymne à la révolution, qui vous incite à vous battre pour ceux en quoi vous croyez.

« Matière Noire » ne déroge pas à la règle : soulignés par une production de haute volée, les morceaux sont tour à tour bourrins, rentre-dedans, plus doux, parfois des parties sont un peu rapées par Mouss. Le groupe ne s’est pas contenté d’un seul axe musical mais c’est fait plaisir en proposant des choses très différentes, faisant parfois écho à certains temps de leur carrière. Les guitares de Frédéric et de Yann donnent le ton sur tous les morceaux, viennent vous terrasser de leurs complaintes. Elles rappellent, à quelques moments, le jeu de Daron Malakian (System Of A Down). La basse de Vincent et la batterie de Raphaël ne sont pas en reste, donnant structure et ordre à des titres prêt à tout exploser. Les samples des instruments tiers ne sont pas utilisés à outrance, comme de plus en plus de groupes peuvent le faire, mais avec parcimonie, aux bons moments, et c’est franchement quelque chose d’agréable et de bienvenu.

Et les paroles m’ont retourné. Réellement. Et elles vous retourneront certainement quelque soit la situation difficile que vous pouvez traverser, qu’elles soient en lien avec l’actualité ou avec votre situation personnelle, car elles font malheureusement écho à ces événements. Si elles paraissent dures pour certaines, peut-être un peu trop naïves pour d’autres, elles reflètent une part de vérité, pour chacun d’entre nous. Elles nous invitent à nous relever, à continuer, persévérer.

Car un furieux, une furieuse sommeille en nous.

Pour revenir à l’album, nous tenons une des plus belles pépites de cette année 2015. Je vous invite vivement à la découvrir. Leur musique, comme toutes les autres musiques que nous apprécions, reste la meilleure des thérapies.

10/10

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