Archives de catégorie : Chronique

[CHRONIQUE] Whitechapel – The Valley (Coup de coeur)

Si « The Valley » semble être l’opus le plus personnel des Whitechapel, il s’agit aussi de celui qui s’éloigne le plus de ce à quoi le groupe nous avait habitué. Cet album est sorti aujourd’hui. Voici notre chronique.

Rien qu’à voir le début de promotion de « The Valley », on s’attendait à un truc assez spécial par chez nous, basé sur des éléments de l’enfance du chanteur de Whitechapel, Phil Bozeman, notamment sur sa mère toxicomane. Whitechapel ne se cantonne pas au genre qui l’a révélé au grand public, le deathcore. Chaque titre a sa propre personnalité, chose rare en particulier pour un concept-album. Ils sont plus lents, Phil Bozeman prend plus le temps de poser sa voix, racontant sa propre histoire, ressortant toutes ses émotions englouties au plus profond de lui-même… Par ailleurs, le chanteur fait preuve une nouvelle fois d’un talent indéniable, montrant toutes les facettes de sa voix, aussi douce que extrêmement violente.

Les morceaux sont tous aussi complexes les uns que les autres, et explosent dans tous les sens, de manière schizophrénique. Les Whitechapel ne nous laissent aucun répit, que ce soit sur des morceaux plus puissants comme « We Are One » que sur des morceaux plus calmes tels que « Hickory Creek » qui provoquera en vous-même toutes sortes de choses. A noter le très bon « Third Depth » dont les riffs à la guitare de Ben Savage et d’Alex Wade nous rappelle un Tool dans ces grands jours. C’est un véritable voyage émotionnel que nous avons ici !

Riche et varié, « The Valley » est un album qui ne s’écoute pas : il se vit. Un opus original, envoûtant et émouvant qui vous touchera en plein coeur, même si vous n’étiez pas un fan de base de Whitechapel. Une excellente surprise et l’une des meilleures galettes de ce début 2019 !

10/10

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[CHRONIQUE] Battle Beast – No More Hollywood Endings


Battle Beast est l’un de ces groupes – qu’on croirait jeune mais plus tellement vu qu’ils ont été créé en 2008 – qui fait une ascension absolument fulgurante depuis sa victoire au Wacken Open Air Battle en 2010. Les finlandais reviennent ce printemps avec un tout bel album, « No More Hollywood Endings ». Et ce gredin de CD, il nous déboute plutôt légèrement !

Il faut dire que Battle Beast est mis dans la mauvaise case (si tant il en existe encore…) depuis son début de carrière, celle du power metal. Le groupe est pourtant plus heavy que jamais avec cet album qui ne renie, en rien, ses racines auprès des plus grands groupes du jour, Aerosmith, Bon Jovi ou encore Mötley Crüe en tête ! Je vois bien le morceau « No More Hollywood Endings » chanté par Vince Neil en personne !

Alors certes le son est bien plus américanisé, pour le meilleur, mais aussi (un peu) pour le pire (ce « Endless Summer » est digne de figurer sur la BO d’un film à l’eau de rose pour ados américains !) mais Battle Beast n’a pas oublié ses origines et garde ses précieux sons aux claviers, ce qui donne un aspect épique jouissif aux morceaux (« Raise Your Fist » est démentielle d’ailleurs !), sur certains même donnant un petit aspect old school 1990 qui fait du bien.

« A Piece Of Me » est un des titres les mieux réussis de la galette : entre potentiel pour devenir un véritable tube, des injonctions agressives de la chanteuse, Noora Louhimo et les riffs saccadés de guitare, on tiens certainement l’un des meilleurs morceaux de toute la carrière de Battle Beast.

« I Wish » est un morceau lent, beau, ou Noora peut utiliser toute sa palette vocale. Et il faut dire qu’elle est particulièrement impressionnante, particulièrement sur cette chanson !

Mais si l’album souffle un air frais venu tout droit de Californie, tous les morceaux sont emprunts d’une douce mélancolie, d’une petite pointe de nostalgie, qui va vous interroger sur vos rêves, vos accomplissements, si vous avez dû en sacrifier. Vivez votre vie, ne la rêvez pas ! Telle serait le crédo véhiculé par cet album.

On a donc un album dense, très heavy, aux accents perceptibles de power, qui vous fera bien bouger les tifs. Battle Beast commence à se démarquer légèrement de la scène finlandaise pour imposer son propre style, et avec succès ! A écouter partout et par tous !!

9/10

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[CHRONIQUE] A Pale Horse Named Death – When The World Becomes Undone

C’est par la petite porte qu’est arrivé A Pale Horse Named Death : s’imposant de plus en plus sur la scène doom-death metal, le groupe sort cette année leur nouvelle galette, « When The World Becomes Undone ».

C’est une vision noire et pessimiste du monde que nous offre A Pale Horse Named Death avec cette nouvelle galette : le groupe réussi à instaurer une ambiance glauque et malsaine grâce, notamment, à des riffs de guitares très lourds empruntés au Doom. Les jolis moments au piano viennent même, paradoxalement, renforcer ce sentiment : on est alors projeté au sein d’un univers digne de Silent Hill !

La voix de Sal Abruscato, l’ancien batteur des Type O Negative, résonne d’outre-tombe, à la fois aussi douce qu’un Jonas Renkse (Katatonia) mais pouvant brusquement se transformer en tornade infernale. Dommage que le mixage ne lui fasse pas justice car cette même voix n’est pas assez mise en avant ! De nombreux morceaux (tous plus originaux les uns que les autres) restent en tête, notamment le très bon « Feel In My Hole » ou encore « Vultures », véritable hymne à lui tout seul.

Digne rejeton de Pentagram et Paradise Lost, A Pale Horse Named Death s’impose comme un nouveau poids lourd du doom gothique. Un indispensable pour tous les amoureux du genre.

9,5/10

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[CHRONIQUE] Rotting Christ – The Heretics

Les grecs ont toujours eu la côte dans le milieu ! Avec une scène black metal extrêmement prolifique, de nombreux groupes arrivent à s’exporter, tels que Septicflesh ou encore Rotting Christ. Ces derniers sortent d’ailleurs leur nouvel album en ce début 2019, « The Heretics » !

« The Heretics » reste dans la continuité de « Rituals » sorti en 2016. Si on retrouve les mêmes rythmes saccadés, riffs à la limite tribaux qui sont devenus, au fil du temps, la signature de Rotting Christ, le groupe prend le risque de placer des instants plus aériens (notamment grâce aux choeurs de la cantatrice russe Irina Zybina, le morceau « Vetry Zlye ») flirtant avec le power metal sur toute une première partie d’album ! Cela permet d’instaurer une ambiance très grégorienne, assez idéale quand on veut explorer les tenants de la foi religieuse, thème de cet album !

Néanmoins, la deuxième partie de l’album, à partir du très (même trop) poussif « Hallowed By Thy Name » fait ressortir les racines black extrêmes des grecs ! L’excellent « Fire God And Fear » nous renvoie tout droit à l’opus « Kata Ton Daimona Eaytoy » (2013) avec cette ligne droite furieuse et jouissive ! « The Time Has Come » se distingue par son côté oriental mais aussi son prestigieux guest, Ashmedi de Melechesh ! Enfin, s’il reste peu original, « The Raven » est un très bel hommage à l’écrivain Edgar Allan Poe porté par la voix puissante du narrateur d’un jour, Stratis Steele (Endomain).

Rotting Christ continue donc son évolutio avec ce « The Heretics » qui, même s’il n’est pas des plus novateurs, reste le plus accessible pour le groupe. Ce dernier propose une musique intelligente, pensée qui ravira les fans de tout bord.

8.5/10

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[CHRONIQUE] Yeruselem – The Sublime (coup de coeur)

Vindsval, plus connu pour officier dans les avant-gardistes blackeux Blut Aus Nord, ose s’éloigner de ce projet pour fonder Yeruselem, avec l’aide de son collègue WD Field. Le premier album de cette toute nouvelle formation, « The Sublime », vient tout juste de sortir.

Une alliance entre la majesté et la cruauté…. entre la violence et la paix… Entre le blanc et le noir. Le duo de Yeruselem a su se dissocier d’un immense Blut Aus Nord avec lequel la comparaison aurait pu être inévitable. Des beats électros froids, rappelant les belles années d’un certain Godflesh, se retrouvent associés à des riffs de guitare lourds, presque doomesques, parfois d’une puissance inouïe (« Joyless » vous retournera, soyez-en sûrs). Le tout est surmonté, par moments, d’une voix venue de contrées étranges, qui vous fera voyager.

Novateur, instaurant une atmosphère unique en son genre, vous invitant à une rêverie décousue… Il n’y a pas assez de mots pour décrire cet album. On touche réellement au sublime, à cette alliance entre la beauté et la laideur. Certains morceaux auraient d’ailleurs pu plaire à John Keats, célèbre poète anglais du XVIIIe siècle.

On a donc affaire à un album surprenant, enchanteur qui saura parler à l’âme mélancolique sommeillant en vous. Si vous êtes à la recherche de gros solos de guitare, passez votre chemin. Sinon, foncez dessus. Un album qui porte bien son nom et se révèle être une véritable pépite en or massif.

10/10

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[CHRONIQUE] Swallow The Sun – When A Shadow Is Forced Into The Light

Swallow The Sun est un des groupes dont on parle le moins dans les médias : peut-être est-ce leur choix ou peut-être est-ce les médias qui justement, n’osent pas chroniquer cette musique, pour certains si difficile à chroniquer, pour d’autres beaucoup trop semblable à un certain Paradise Lost. Pourtant bien installés dans le paysage musical international, les finlandais réussissent à faire mouche avec plusieurs albums aussi géniaux qu’inoubliables .

C’est le cas encore une fois de « When A Shadow Is Forced Into The Light », leur nouveau bébé sorti en ce début d’année. Une esthétique une nouvelle fois soignée, dont les envolées feraient même penser aux meilleurs albums des Supertramp, alliée à la puissance lourde des grunts de Mikko Kotamäki et à la violence des riffs de Markus Jämsen et de Juha Raivio.

Avec des morceaux plus court que l’imposant « Lumina Aurea », morceau long de 14 minutes qui avait fait l’objet d’un EP, « When A Shadow Is Forced Into The Light » n’en est pas moins dénué d’émotions, tellement même que cela vous retournera le cerveau et les tripes. Cet album réussit à instaurer une aura mystique, qui nous attire autant qu’elle nous effraie.

Bref, une nouvelle fois, Swallow The Sun montre tout son potentiel avec ce nouvel opus, peut-être plus direct mais tout autant chargé par la beauté des émotions et la laideur de la violence. Quand le désespoir rencontre la lumière. Un diamant à l’état brut. Ruez-vous dessus.

9,5/10

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[CHRONIQUE] Evergrey – The Atlantic (Coup de coeur)

Nous nous retrouvons submergés par de plus en plus d’informations, de nouveaux films, de nouvelles séries, d’articles t’expliquant que la Terre est plate… Il en va de même pour la musique. En tant que chroniqueur, tu vois le marché inondé de nouveaux albums chaque semaine, parfois tous plus semblable les uns que les autres. Alors quand une galette sort du lot et te touche comme jamais, il est plus qu’important d’en parler.

Troisième album d’une vraie introspection de soi, débutée avec la sortie de « Hymn For The Broken » en 2014, « The Atlantic », nouvel album des Evergrey, prend la forme d’un voyage sur l’océan, avec tous les aléas qui vont avec. On a d’ailleurs quelques éléments sur les morceaux visant à nous faire plonger, la tête la première, dans cet album (bruits de radar sur « The Silent One », de vagues sur « Departure », de mouettes sur « The Beacon » …)

Mais tout ceci est une métaphore pour Evergrey et son chanteur, Tom S. Englund, pour exprimer les épreuves que nous pouvons rencontrer tout au long de notre vie. Le début de l’album est particulièrement sombre, avec des riffs plus lourds, plus puissant ce qui est assez surprenant de la part d’Evergrey (je pense notamment aux deux premiers morceaux « The Silent Arc » et à « Weightless »). La mélodie n’est jamais oublié notamment grâce aux claviers de Rikard Zander et à la voix toujours autant impeccable de Englund, véritable insufflateur d’émotions : on l’accompagne véritablement au coeur de ce voyage, on pleure avec lui, on rit avec lui, on souffre avec lui… Ce degré d’immersion dans un album de metal est des plus impressionnants.

La fin de l’album est plus posée, notamment avec les deux morceaux « Departure » et « The Beacon » qui commencent doucement pour monter crescendo vers une apothéose musicale, symbole, peut-être, d’un futur plus serein.

C’est une véritable montée en puissance pour le groupe suédois, qui mettre tout le monde d’accord, après leur dernier opus en date, « The Silence Within » qui, s’il a été salué par la critique, a profondément divisé.

« The Atlantic » est donc un opus immersif, maîtrisé de bout en bout qui vous fera vivre des émotions hors du commun. Un album rare, pouvant être à la fois d’une délicatesse et d’une violence extrême, qui vous secouera. Dans tous les sens du terme. Evergrey commence l’année très fort.

10/10

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« End Of Silence » :

« Weightless » :

« Currents » :

« A Silent Arc » :

[CHRONIQUE] Soilwork – Verkligheten

Il aura fallu attendre quatre ans avant de revoir un nouvel album des Soilwork ! Après le mitigé « The Ride Majestic », le groupe a préféré sortir une compilation ainsi que, pour deux d’entre eux en tout cas, se concentrer sur le side-project The Night Flight Orchestra. Ce nouvel album est donc arrivé au moment où personne ne l’attendait. Pour le meilleur ?

« Verkligheten » est assez original dans le sens où il va vers une direction plus inattendue, celle d’une approche plus directe et incisive, moins dans le death mélodique donc qui a fait le succès de Soilwork. Certains diront d’ailleurs qu’ils ont été influencés par The Night Flight Orchestra : si deux projets d’un même auteur doivent forcément s’influencer, on le sent bien par moment, notamment, peut-être dans le chant clair de Björn Strid, bien plus assuré qu’auparavant. Les mauvaises langues diront même qu’on entend moins le growl. Ce dernier est d’ailleurs totalement absent du titre « You Aquiver » qui, avec son ambiance très disco, semble s’être trompée de galette.

La musique donc est plus rentre-dedans : « Full Moon Shoals » en est peut-être l’exemple le plus flagrant, on assiste à un vrai retour aux sources, les riffs de guitare allant même jusqu’à sonner Judas Priestesques. Pourtant Soilwork n’en oublie pas ses racines mélodiques pour autant, et certaines montées lyriques sont tout bonnement envoûtantes !

Le groupe prend des risques et va dans tous les sens : un peu de violoncelle, quelques transitions surprises, des introductions et conclusions cosmiques…. ça explose dans tous les sens à la limite, parfois, de perdre son auditeur.

Soilwork nous livre donc avec « Verkligheten » une galette directe, qui revient par moment à un son plus brut. Mais c’est aussi le CD de la prise de risque, qui, si on doit la saluer, s’éparpille dans toutes les directions. Néanmoins, il s’agit là d’un excellent cru de Soilwork avec lequel vous pourrez facilement prendre votre pied !

8,5/10

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[CHRONIQUE] Jinjer – Micro

Ce sont les ukrainiens qui montent ! Après le formidable succès de « King Of Everything », leur dernier album en date, Jinjer fait patienter ses fans avec une petite friandise intituléé « Micro ».

Les titres composant cet EP sont également radicalement différents. Toutes les différentes facettes des Jinjer sont présentées : celle violente et hardcore avec « Ape » et « Dreadful Moments », les deux premiers singles, mais aussi celle versant plus dans le death metal avec le très bon « Teacher, Teacher », égratignant bien au passage le système éducatif de leur pays.

Mais la chanson qui sort du lot est « Perennial » : surprenante, alternant les passages d’une grande fureur avec ceux aussi paisibles que la neige tombant dans leur dernier clip. Un morceau magistral qui restera certainement dans les annales du groupe.

Enfin, l’EP termine en douceur avec le titre acoustique « Micro », dans lequel seule la batterie et une guitare sèche se font entendre.

Bref, « Micro » est un mini-album diversifié qui propose ce que les Jinjer savent faire de mieux, et va même plus loin en proposant des originalités plus que bienvenues. Un EP charmeur donc qui annonce que le meilleur pour la suite. Une très bonne mise en bouche pour ceux et celles qui souhaitent découvrir le groupe.

9/10

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[CHRONIQUE] FUNNY UGLY CUTE KARMA – Before It Was Cool

Allons-y gaiement pour la chronique de l’EP de F.U.C.K. ! Derrière cet acronyme un brin provoc se cache un nouveau groupe francilien au doux nom de Funny Ugly Cute Karma. Ces derniers sortent une galette, intitulée « Before It Was Cool ». Et on peut dire qu’ils ont bien réussi leur introduction.

Et d’introduction parlons-en avec le premier morceau « On The Run », également le premier clip de la formation. Après un court passage de présentation à la manière d’un Monsieur, ou plutôt d’une Madame Loyale, le morceau part avec un growl puissant d’Adeline « ChaosHeidi » Bellart. Si vous la suiviez au sein d’Asylum Pyre, cela devrait vous changer !

Le morceau défile et part dans tous les sens, regroupant diverses influences et beaucoup de personnalité mélangés au mixeur. On se surprend à toujours trouver de nouveau détails à chacune des réécoutes de l’album, comme la guitare de Dorian, un coup plus heavy metal, un coup carrément death ! « Shelter » nous présente lui une toute autre facette du groupe, avec ce chant limite « rapé » et cette rythmique plus saccadée, faisant clairement penser à du Rage Against The Machine. « Nuage de Maux » est un peu le morceau insolite de l’EP, avec ces paroles totalement en français « contées » par Adeline, un peu à la manière d’Emmanuel Lévy, chanteur et instigateur de Wormfood !

Le dernier titre est une reprise de System Of A Down « Radio/Video ». Peut-être un des moins connus du groupe. Mais elle est maîtrisée de bout en bout par les F.U.C.K. avec en prime, un petit hommage aux premières années du jeu vidéo en guise d’introduction.

Bref cet EP ne suit pas une seule direction, mais s’amuse à explorer de nombreuses saveurs, toujours avec brio, mais surtout avec fun. On ressent le plaisir que les F.U.C.K. ont pris à faire cet EP et il est partagé par nous, les auditeurs. Une petite bouffée d’air frais bienvenue dans ce monde trop sérieux.

9/10

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