Archives de catégorie : Chronique

[CHRONIQUE] Devin Townsend – Powernerd

Composé en un temps record (11 jours), ce nouvel album de Devin Townsend, « PowerNerd » surprend pourtant par son côté abouti et aérien, même s’il ne va pas révolutionner son répertoire en soi.

« PowerNerd » aurait pu avoir ce sentiment d’inachevé, quand on pense que Devin Townsend l’a composé en 11 jours, et, de base (et selon ses mots) pour ses fans. Effectivement, du morceau titre à « Jainism » (sur lequel on voit l’inspiration directe de l’album « Terria » (2001), en passant par « Dreams Of Light » (qui aurait pu figurer sur l’album du Devin Townsend Project « Epicloud » (2016)), l’album se pose en véritable rétrospective sans le vouloir de la carrière de l’artiste .

De ce point de vue, tout le monde, y compris les curieux occasionnels, y trouveront leur compte. Il ne faut pas se buter à la rapidité de la composition, puisque la qualité est bien là, avec, en prime, des sentiments décuplés (ce magnifique « Falling Apart » !).

« Powernerd » constitue une parfaite introduction au monde de Devin Townsend tant son côté généraliste de sa carrière est présent. Une petite rétrospective fun, sans prise de tête, mais toujours avec la virtuosité de Mr Townsend, saupoudrée d’une pincée de vécu personnel. Une belle mise en bouche qui conviendra à tout le monde, avant d’attaquer le deuxième volet d’une toute nouvelle quadrilogie qui promet de changer. Même pour Devin Townsend.

9/10

[CHRONIQUE] Fleshgod Apocalypse – Opera (coup de coeur)

Sixième album des maestros du Death Metal lyrique – FleshGod Apocalypse – « Opera » n’est pas seulement un hommage à cet art né à Florence, en Italie, mais aussi un opus thérapeutique pour son chanteur, Francesco Paoli, alors en très longue convalescence après un grave accident d’alpinisme. Nous pensions par ailleurs, après le départ de Paolo Rossi et l’immense succès de la dernière galette du groupe, « Veleno » (2019) que ces derniers ne produiraient plus rien de significatif. On se trompait lourdement.

Se jouant des frontières des genres – musicaux ou non – Fleshgod Apocalypse se permet des tempos différents, des sonorités différentes, des atmosphères différentes, allant bien au-delà du Death Metal : loin d’être un album linéaire et indigeste – que peut apporter l’orchestration à outrance (n’est-ce pas Nightwish ?), chacun des éléments est dosé avec sagesse et permet d’équilibre le tout pour livrer à la fois un ensemble robuste, puissant, mais aussi dramatique et grandiloquent, à l’image de nos italiens. On ressent même une immense dose d’épisme dans chacun des morceaux d’ « Opera », ce qui ne s’entendait pas autant sur les précédents opus du groupe.

Les morceaux alternent donc entre des moments plus calmes et des chevauchées entraînantes. Une basse, jouée par Francesco Paoli (qui a repris le flambeau depuis le départ de son collègue) est complètement mise à nu sur « Pendulum », donnant un air doom totalement inattendu à la chanson. La divine Veronica Bordacchini, désormais complètement intégrée et de plus en plus impliquée dans Fleshgod Apocalypse, royale avec sa voix de soprano sur « Ode To Art » qui vire plus rock sans problème dès le morceau suivant « I Can Never Die ». Mais ce sont surtout des textes forts (« Matricide 8.21 » et « Morphine Walz » en tête) qui vont, avec la puissance de l’orchestration, complètement vous transcender (on vous met au défi de ne pas vous lever sur « Morphine Walz » pour tout détruire autour de vous d’ailleurs). « Per Aspera Ad Astra » est une pépite qu’on aime d’amour et de violence !

On a donc ici, alors qu’on pensait que le groupe avait atteint son apogée, un album exceptionnel : Fleshgod Apocalypse nous prouve qu’ils en ont encore dans le bide en nous livrant quelque chose d’épique et de majestueux, un poil trop grandiloquent certes, mais on s’y attendait de la part des italiens. Une belle pépite qui nous aidera à passer le cap de la rentrée. L’album de cette fin d’été.

9,5/10

[CHRONIQUE] Hrafngrimr – Niflheims Auga (coup de coeur)

Originellement un collectif d’artistes fondé par Mattjö Haussy en 2020, à la sortie de Skàld, Hrafngrimr a finalement su évoluer, pour non seulement, devenir un groupe à part entière, mais aussi s’éloigner du pagan folk à la Skàld justement. Retour sur un premier album « Niflheims Auga », qui nous aura très agréablement surpris.

Il faut dire que nous nous attendions, forcément, à une copie conforme de la désormais célèbre formation française. Que nenni ! Si on ressent une immense influence des Heilung, le groupe fait preuve d’originalité en y intégrant des rythmes, plus groovy, plus « organiques », voire même plus oriental ! Et quand ce dernier s’accompagne d’un chant grave qui peut aussi bien s’apparenter au chant du nord qu’au chant maghrébin, cela donne une fusion tout à fait unique et originale.

La voix de Mattjö, venant racler le fond de la gorge, offre un chant typique qui vous fera instantanément voyager. Le chant de Christine, qu’on n’aurait pas pensé, à première vue, qu’il conviendrait aussi bien à ce genre, mais présenterait aussi une large palette de tonalité – jusqu’à nous sussurrer parfois à l’oreille une étrange litanie – offre un contraste fascinant, et colle parfaitement à cet univers pleins de mélanges que nous offre Hrafngrimr. Des voix féminines atypiques, le folk en est très friand : des plus particulières comme celle de Lindy Fay Hella (Wardrunna) et Maria Franz (Heilung), des plus mielleuses comme Laura Fella (Faun), des plus douces ou même des plus puissantes, comme les deux chanteuses qui se sont succédés dans un groupe que j’ai connu il y a une bonne dizaine d’années maintenant, O An Thar.

Car au-delà d’être un groupe de « neo-folk » comme se plaisent certains médias à les appeler, les français ont une seule mission pour nous : nous faire voyager, nous transporter, et il y arrivent avec grand succès, par un son original, une patte qui désormais leur appartient, chose rare dans un milieu où tous les morceaux ont tendance à se ressembler.

C’est un fantastique retour que nous fait aujourd’hui Hrafngrimr : se retrouvant en comité réduit mais renforcé, le groupe nous sert un premier album d’une majesté totale qui vient titiller de très très près les plus grands noms du folk. Une formidable redécouverte qui nous a fait voyager, le sourire aux lèvres, et oublier le quotidien. Une excellente galette, que nous vous conseillons impérativement?

10/10

[CHRONIQUE] Pain – I Am

Huit ans … L’attente pour ce nouvel album de Pain a été très longue pour de nombreux fans. En cause, peut-être un manque d’implication et une certaine lassitude de Peter Tägtgren, préférant se consacrer à d’autres projets comme Hypocrisy ou encore Lindemann. Parti de ce dernier, et après quelques concerts de chauffe en 2023, le patron semble vouloir revenir aux affaires avec un opus assez vindicatif « I Am ».

D’ailleurs, peut-on y voir le signe que cet opus a été pondu dans la douleur ? En tout cas, cet « I Am » est un album fort, où le chanteur y fait sa propre introspection, sa propre analyse de soi, en tout cas sur les deux dernières années (selon ses dires).

Des textes puissants, parfois incitant à la rébellion, qui pourront parler à certains d’entre vous et qui donne un caractère plus sérieux à un projet musical qui n’était au départ, qu’un passe-temps, un jouet du suédois pour souffler entre deux périodes d’Hypocrisy.

Mais rassurez-vous, si l’album semble plus personnel, le reste ne change pas ! On retrouve tous les éléments qui ont fait et font toujours le succès de Pain : le côté indus techno dansant et groovy qui fait le charme et l’identité du groupe, alliés à de puissants riffs. On retiendra surtout l’excellent « Party In My Head », déjà sorti en 2021 (et on vous met au défi de ne pas chantonner l’air après l’écoute), le puissant « Push The Pusher » qui vous fera tellement tourner la tête qu’il vous en brisera les cervicales, ou le groovy « I Just Dropped By (To Say Goodbye) » sur lequel vous pourrez caler les mouvements de danse que vous n’aviez jamais osé faire jusque là.

Nous aimons tout particulièrement aussi « Don’t Wake The Dead » faisant presque sauter la frontière avec du death mélodique et venant nous titiller le coeur. Le très eightie’s « Go With The Flow » par son ambiance electro pop qui nous ramène à une époque pas si lointaine, quoi qu’en dise les médisants sur ce morceau qui aura pas mal fait parler de lui parmi les fans.

D’ailleurs, le maître Peter Tägtgren se montre en grande voix, et fait preuve d’une belle tonalité comme à son accoutume !

Nous avons été surpris de trouver de nouveau le titre « My Angel », en collaboration avec la française Cécile Siméone, sur un album de Pain, près de 13 ans après sa sortie initiale. Pourquoi remettre ce morceau sur un album, sans, d’autant plus, le rebosser derrière ? Parce que son propos colle avec les dernières actualités ? Mystère. Idem mais autre cadre pour « Fair Game » qui est, en fait, un morceau proposé par Peter Tägtren à un autre groupe qui l’avait refusé. Ce dernier, au ton hyper larmoyant ne colle pas à l’album, et même à la musique de Pain, nous sortant définitivement du cadre. Heureusement qu’elle termine l’album.

C’est donc un excellent et fort album – mais un brin inégal – que nous sert Pain avec « I Am ». Souligné par une excellente production, l’album saura vous ravir et vous divertir. Un très bon cru, encore une fois, signé Peter Tägtren !

9/10

[CHRONIQUE] Feuerschwanz – Warriors

Histoire de fêter en toute beauté les vingt années d’existence du groupe, les teutons de Feuerschwanz sortent une compilation, sobrement intitulée « Warriors » et comprenant les reprises en anglais de titres comme Highlander et Memento Mori. Une façon aussi de s’ouvrir à l’international.

Il est loin le temps où je découvrais Feuerschwanz sur la grande scène du Summerbreeze, en plein milieu d’une belle après-midi de l’été… 2013 !

Bon, je dois vous avouer, chers lecteurs, que j’ai pris un beau coup de vieux en apprenant la formidable évolution de ce groupe, de base folk moyen-âgeux allemand teinté d’un contour rock, qui était – je le pensais alors – voué à rester dans les frontières de son propre pays.

Pourtant, le groupe a su évoluer, et plus récemment avec un tournant plus rock en 2015, bien plus metal en 2020 avec la sortie de l’album « Das Elfte Gebot » qui aura conquis le coeur de nombreux fans sur cette planète – oui, on reste persuadé que chanter en allemand ne va pas être un frein à faire une belle carrière internationale (sauf aux Etats-Unis, on conçoit). C’est après une belle tournée – à guichet fermée que la décision de sortir « Warriors » a été prise.

Alors sur les morceaux en eux-mêmes, nous n’auront pas grand chose à dire – il s’agit des reprises en anglais des standards allemand de Feuerschwanz. Le groupe aura tout de même mis deux inédits, notamment – et encore – une reprise de « Valhalla Calling » (décidément on l’aura entendu à toutes les sauces celle-là) mais sur un thème folk entraînant ce qui en fera une parfaite réussite.

Car voilà tout l’intérêt de cette compilation : la production particulièrement soignée sur chacun des morceaux ! Nous les redécouvrons avec une puissance et une qualité de son merveilleuse. Et rien que pour cela, la galette vaut son pesant de cacahuètes.

De plus, on a une pléiade d’invités ! Chris Harms (Lord Of The Lost), les Saltatio Mortis, Dominum, Orden Ogan,
Francesco Cavalieri (Wind Rose) … De quoi donner un nouveau souffle à des morceaux qu’on connait déjà, mais qu’on se surprend à les redécouvrir avec passion.

Alors certes, on regrette que le groupe soit passé sur de l’anglais sur cet album, surtout dans le but de faire une percée à l’internationale. Ils sont tellement bourrés de talents nos petits teutons de Feuerschwanz qu’ils n’ont pas besoin de ça. Mais nous vous conseillons, par sa merveilleuse production et son incroyable qualité de son, de vous penchez dessus si vous êtes un néophyte du groupe. Et si vous êtes collectionneur ou fan invétéré du groupe, cette compilation de « Warriors » saura également vous satisfaire car il s’agit d’un objet beau et particulièrement bien soigné, qui sera du meilleur effet dans vos étagères.

9/10

[CHRONIQUE] Aborted – Vault of Horrors (coup de coeur)

Les belges d’Aborted n’ont jamais fait dans la dentelle … Après le succès retentissant de « Maniacult » sorti en 2021, le groupe sort début 2024 un opus sur lequel ils se font plaisir, puisqu’il porte sur les grands monstres et ou méchants cinématographiques – et d’ailleurs le titre lui-même peut être vu comme une référence à un grand film du genre sorti en 1973, « The Vault Of Horror »

Et pour l’occasion, Aborted a su particulièrement bien s’entourer :
Alex Erian (DESPISED ICON), Johnny Ciardullo (CARCOSA / ANGELMAKER), Ben Duerr (SHADOW OF INTENT), Francesco Paoli (FLESHGOD APOCALYPSE) parmi tant d’autres se sont joint à cette jolie et violente fête du macabre.

Chaque chanson dresse le portrait d’un célèbre monstre du cinéma mondial. Et chaque morceau n’a rien en commun avec le suivant ou le précédent, si ce n’est l’incroyable violence qui s’en dégage.

Côté musique, le chanteur Sven de Caluwé offre une palette de voix tout à fait inédite, et semble bien plus assuré, ce qui fait plaisir à entendre : peu de chanteurs ont la volonté de travailler sur eux-même et sur leurs voix dans le but, simple, d’évoluer et de tester de nouvelles choses ! Ken Bedene devient complètement dément derrière les futs tant son jeu de jambe va à une vitesse inhumaine ! Stefano Franceschini à la basse n’est pas en reste et se charge de mettre encore plus en avant l’aspect primitif de la musique d’Aborted ! Enfin, Ian Jekelis se fait plaisir avec des solos à la guitare stridents et incisif, puissant et rocailleux à la fois.

Un tel déchaînement de violence est entrecoupés de moments plus calme, non pas pour faire une pause mais pour instaurer une vraie atmosphère glauque qui vient vous prendre par les orteils, histoire de vous glisser sous le lit. Les monstres, il faut dire, ne prennent pas de vacances !

On sent que ce « Vault Of Horrors » a été élaboré avec grande passion et minutie par les gars d’Aborted. On se surprend à voguer à travers tous ces profils dressés par les belges tant les morceaux, par leur violence mais aussi et surtout par leur côté ultra-glauque, sont immersifs. Et le tout est couronné par une splendide production, la meilleure jusqu’à ce jour des Aborted. « Vault Of Horrors » est un must-have du brutal death Metal, bien trop sous-côté.

10/10

[CHRONIQUE] Judas Priest – Invicible Shield (coup de coeur)

Comme un pied de nez à la vie, la maladie ou encore à la vieillesse, les Judas Priest sortent en cette fin d’hiver pluvieuse un nouvel album au titre évocateur, « Invicible Shield ». Une œuvre variée qui démontre qu’il faudra encore compter sur eux dans les années à venir malgré l’âge !

C’est certainement d’ailleurs grâce à cette maturité grandissante que le groupe démontre un grand souci du détail : certainement pour prouver (et peut-être même se prouver) qu’ils sont au niveau attendu par leurs fans.

L’entrée d’ailleurs surprend avec un son de synthé tout droit sorti des années 1980 sur « Panic Attack » : un parti pris risqué, mais qui paie puisque désormais, les Judas Priest ont toute notre attention.

Le reste de l’album est d’une telle diversité, qu’on a du mal parfois à suivre le rythme : oscillant entre l’agressivité et le groovy sur « The Serpent And The King », passe par du Doom bien senti sur « Escape »… Niveau techniques, Rob Hardford, toujours aussi en voix (impressionnant pour son âge !) place ses notes hautes à la perfection. Les solos sont tous aussi variés, passant même par le mid-tempo.

Bien évidemment, les hymnes à la Priest ne sont pas oubliés, et on se met à entonner de bon cœur « Gates Of Hell » et « Crown Of Horns ».

Bref c’est un grand Judas Priest que nous avons là avec cet « Invicible Shield » qui saura contenter les fans de la première heure comme les newbies. Le groupe s’inscrit dans la modernité, et réussit à se renouveler sans renier ses origines. Une belle prouesse, qui tournera longtemps sur nos plateformes ou dans nos lecteurs.

10/10

[CHRONIQUE] The Gems – Phoenix

Né en 2023 suite à leur départ mouvementé de Thundermother, The Gems s’introduit début 2024 au monde avec un premier album, au titre formidablement bien trouvé, « Phoenix ». Une galette hard rock qui sent bon les eighties, et pour laquelle on ne pensait vraiment pas craquer.

« Il n’y a qu’un oiseau qui se renouvelle et se redonne à lui-même la vie; les Assyriens l’appellent phénix. » Cette citation d’Ovide, issue des Métamorphoses, pourrait décrire la trajectoire des The Gems de ces derniers mois : Guernica Manicini (chant), Emlee Johnsson (batterie) et Mona Demona » Lindgren (guitare et basse) étaient, jusqu’à il y a encore peur, membres du groupe Thundermother. Et une énorme brouille entre la fondatrice de ces derniers Filippa Nässil et Mancini a conduit à une séparation.

Et si les jeunes femmes avaient tout de suite annoncé la création d’un nouveau groupe à trois, il n’était pas gagné qu’elles se fassent remarquer, au vu de la popularité de leur désormais ancien groupe. Pourtant, désormais libre de tout joug, quel qu’il ait été, The Gems nous livre un album sans concession, bluffant de maîtrise.

L’album est construit tel un voyage initiatique, avec en fil rouge, une rage de vivre, une puissance associée à un sentiment de liberté dominant toute la fin de l’album.

Les guitares sont lourdes, ravageuses, incisives. Le chant de Mancini est, comme à son habitude, de haute volée. Par ailleurs, niveau paroles, elle s’en tire bien mieux que Nässil, donnant une belle valeur ajoutée à cet album. Seule Johnsson se contente de faire le job derrière les futs. S’il est bien loin d’être mauvais, on aurait aimé peut-être un peu plus de fantaisie de sa part.

Les trois musiciennes de The Gems démontrent donc avec cet album qu’il faudra toujours compter sur elles, même sans l’aura qu’a Thundermother. L’album résume à lui seul ce qu’on aime dans le heavy : de la puissance, des riffs à n’en plus finir, et un chant qui viendra juste vous faire frémir de plaisir. Le Phénix renaît de ses cendres et est prêt à tout ravager sur son passage. La belle surprise de ce début d’année.

9,5/10

[CHRONIQUE] Weapons Of Mass Seduction – Lord Of The Lost

On sait l’amour que porte les Lord Of The Lost, en particulier son chanteur Chris Harms, pour la pop. D’ailleurs, le dernier album en date du groupe, « Blood And Glitter », faisait déjà dans les jolies covers (on pense à cette reprise de « The Look » de The Roxette qui a fait l’objet, dernièrement, d’un clip déjanté). Cette nouvelle galette, « Weapons Of Mass Seduction », vient à point nommé pour les fêtes, comme un petit bonbon à savourer délicatement.

Car oui, l’album de reprises est, en tout cas de notre côté, notre petit plaisir coupable de ce début d’année. On apprécie toutes les saveurs de cet album, aux sonorités très eighties, y compris pour les morceaux plus récents (« Unstoppable » en tête). Les Lord Of The Lost se réapproprient parfaitement l’ensemble des chansons, leur insufflant une vibe glam rock, parfois même indus, chère au groupe.

Seul la reprise de Keane est en deçà du reste de l’opus : elle reste trop proche de l’original, et la comparaison entre Harms et Tom Chaplin semble inévitable, alors que les deux frontmen ont une voix et un chant diamétralement opposés. Au contraire, la reprise de « Smalltown Boy » est merveilleuse car sonne complètement différente, tout en gardant l’âme du morceau originel.

On notera aussi un travail inverse sur la chanson de Judas Priest, pour le coup plus « popisé » contrairement au reste de l’album.

Bref, en ce début d’année, on a certes un album de reprises, mais ce bonbon très bien produit, hyper-divertissant, (mais aussi que Lord Of The Lost montre tout le plaisir qu’il a pris en faisant cette galette) ne peut que vous mettre en joie. Et en cette période sombre et morose, une telle éclaircie est plus que bienvenue.

9/10

(CHRONIQUE) STUBORA – Ecorché Vif

Un peu moins de trois ans après la sortie de leur dernier EP « Vision Obscure », les Stubora reviennent aux affaires avec un nouvel album cette fois, « Ecorché Vif », qui ne va pas que reprendre les mêmes recettes que ces prédécesseurs, mais plutôt faire évoluer sa mixture. 

Alors qu’ils nous avaient habitué au sombre et à une vision incertaine de l’avenir, Stubora vient nous surprendre avec ce nouvel album : si la noirceur est toujours d’actualité, le ton, plus rageur et violent, assorti à des textes plus vindicatifs mais aussi et à notre grande surprise, plus positifs. Incitant les jeunes à se révolter, à se battre pour un avenir meilleur, le groupe se fait plus positif et lumineux qu’à l’accoutumée. 

On peut le voir comme une évolution, une continuité par rapport aux deux précédentes galettes, l’album « Horizon Noir » et l’EP « Vision Obscure » : l’avenir y était alors dépeint de manière très sombre, très noire. Sauf qu’aujourd’hui, l’avenir on y est, on ne peut plus s’échapper, et il faut se battre désormais pour avoir un meilleur futur, et trouver, pour sa santé mentale, son propre équilibre. Une évolution qui fait sens, en adéquation avec les questionnements actuels de la société (et plus particulièrement des jeunes)…

Côté musique, on reste sur les bases qui font le succès de Stubora : rythmique hard rock à la Lynyrd Skynyrd, passant même carrément à des moments la frontière avec le Doom (« So Sad » en tête), solos bien agencés typique de la fin des années 1980/début des années 1990, le tout toujours avec la voix rocailleuse qu’on aime tant de Mick ! Une chose majeure change en revanche : le mix et la qualité du son, nettement supérieurs aux précédents albums … on voit que plus de moyens ont été mis dans ce nouvel opus studio. 

C’est un album surprenant que nous offre les Stubora cet automne – dans le bon sens du terme – puisque le groupe s’offre une jolie évolution, tout en gardant leur aspect hard rock noir qui fait tant leur charme. Un opus original, qui vous fera secouer mes tiffs, et qui ne pourra que vous faire réagir. A découvrir, encore et encore tant l’opus regorge de petits détails. 

9,5/10