Archives de catégorie : Chronique

Wardruna – Birna (Coup de coeur)

Quatre ans après l’immense succès de « Kvitravn » qui a assis la notoriété de Wardruna, le groupe, toujours mené par Einar Selviklt et Lindy Fay Hella , sort une nouvelle oeuvre, « Birna », tout aussi somptueux que les précédents efforts.

Si un mot pouvait décrire « Birna », ce serait « Diversité ».

Il est effectivement difficile quand on évolue dans le milieu du pagan/folk de trouver matière à se renouveler, tant certaines sonorités peuvent se ressembler. C’était le défi de Wardruna sur cet album, amplement réussi.

Aucun morceau ne ressemble à un autre : le doux chant acoustique de Selviklt sur « Hibjornen » juste accompagné de son talhar (si je ne me trompe pas), des choeurs de femmes sur « Lyfjaberg », « Himindotter » ou encore « Ljos Til Jord » (construit en miroir avec un autre morceau, « Jord Til Ljos » cette fois avec un choeur d’hommes). Ce dernier a d’ailleurs un son plus « médiévalisant » qui surprend l’auditeur, tant le son se détache du reste de l’album.

Alors qu’on se rassure, les beaux et longs morceaux ambiants sont toujours présents : « Hertan » mais aussi le très épique « Birna » jouent des coudes en tête de peloton, mais les autres titres sont tout aussi marquant et envoutants (comme notre petit chouchou, « Dvaledraummar ». On notera aussi le morceau « Skuggehesten », bien moins long que tous les autres (trois minutes au lieu des six-sept minutes réglementaires) et qui a un potentiel dansant (oui dansant) absolument irrésistible.

Une petite déception de mon côté, c’est la grosse mise en retrait de Lindy Fay Hella, j’aurai aimé avoir l’occasion de l’entendre bien plus qu’ici.

Adoubés fers de lance de neo-folk metal, les fans de Wardruna, tout comme ceux qui les découvrent ne seront pas perdus, même si on notera une belle évolution vers des hymnes plus calmes, plus lyriques, mais bien plus épiques. Une belle pépite.

10/10

[CHRONIQUE] The Halo Effect – March Of The Unheard

Alors que le supergroupe originaire de Göteborg, en Suède, ne pensait pas dépasser le stade préliminaire du premier album, le succès de The Halo Effect fut tel qu’un deuxième opus a réussi à voir le jour en ce début 2025. Un album bonbon, qui s’adresse à tous les nostalgiques des débuts de la scène Death Melo suédoise, et qui fait un bien fou au moral !

Imaginez un groupe rassemblant la crème de la crème des musiciens Metal suédois ? The Halo Effect a été conçu pour que la scène death mélo de Göteborg puisse s’exprimer, et, on s’en doute, regrouper et fédérer les milliers de fans du genre autour d’une seule et même formation prolifique. Et même si nous ne sommes pas très fervents du concept de « supergroupe », force est de constater que The Halo Effect marche du tonnerre.

Ce nouvel opus, « March Of The Unheard » reste dans la continuité du premier album « Days Of The Lost » en venant chatouiller une corde sensible, celle de la nostalgie : tous les morceaux sont entre un Dark Tranquility époque « Fiction » (2007) et un In Flames des grands jours (« Come Clarity » sorti à la même époque) avec quelques passages plutôt violents qu’on aurait plus vu sur un album d’Arch Enemy (« Between Directions » et « Forever Point » notamment).

Alors certes, cela ne révolutionne pas le genre, mais les sons, servis par une belle production à l’américaine , nous renvoie tout droit vers les douces décennies 2000-2010, au moment de l’explosion de la scène suédoise, à une époque où beaucoup d’entre nous trouvaient de l’espoir et du bonheur dans leurs morceaux, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Et ça, ça nous fait le plus grand des biens par les temps qui courent.

9/10

[COUP DE GUEULE] C’est quoi le problème avec Ultra Vomit ?

Voilà un sujet qui fera parler tant il est clivant au sein de la scène française et, vous l’aurez compris, nous avons choisi notre camp. Chronique à charge contre l’un des plus célèbres groupes de Metal français, et son dernier opus « Le Pouvoir De La Puissance ».

« Le Pouvoir De La Puissance » donc, dernier né des Ultra Vomit, est sorti à la rentrée des classes, sous les acclamations générales. Depuis leurs débuts en 2000 et plus particulièrement depuis le beau succès de « Objectif: Thunes » (qui les a propulsé au rang de groupe culte), chacun des albums annoncés des nantais créé une attente palpable auprès d’un large public.

Néanmoins, et sur cet album… nous n’allons pas, pour une fois, rejoindre l’emballement général autour de la sortie.

Tout d’abord en terme de production : je pensais, très sincèrement, que le son brouillon était l’apanage des groupes de black. Blague à part, on a l’impression que le tout a été mixé en grande vitesse, quitte à s’en faire ressentir sur la qualité d’écoute, qui n’est clairement pas à la hauteur, même pour du Ultra Vomit : grésillements, le chant très (trop) en retrait sur la plupart des morceaux, guitare omniprésente… L’ensemble n’est absolument pas équilibré et il a fallu s’accrocher pour écouter l’ensemble de la galette.

Vient ensuite les sujets des paroles : si le précédent album d’Ultra Vomit, « Panzer Surprise » était pleins de bonnes idées, avec une belles évolution sur des morceaux un peu plus complexe, de l’humour, une belle production et avec seulement une chanson sur le sujet qu’on s’apprête à évoquer, ici, on a quatre morceaux sur le thème très prisé du « Prout caca fesses ». Nous personnellement, ça nous ennuie et nous horripile – Mais on comprend que cela puisse trouver un public avide de blagues de ce genre.

Mais nous trouvons d’autres morceaux assez mauvais – quand ils ne sont pas trop quelconque : par exemple, « Doigts de Metal » bascule dans la caricature la plus totale dans cette grossière imitation d’Orelsan qui n’était pas nécessaire, tant le morceau perd en impact et en intensité. Nous, on hésite entre rire jaune et se taper la tête contre la table. La simpliste « Mouss 2 Mass » (« Je suis Mouss 2 Mass avec Masse de Mousse »… Sérieusement les paroles ?) est toute aussi horripilante malgré la présence prestigieuse de Mouss (qui aurait pu être bien mieux utilisé ). « Auto-Thunes » et « Tikawahukwa » sont de pâles copies d’autres morceaux du groupe, qui grossiraient les principaux traits de leurs personnalités d’origine pour que ça ne se voit pas. Nous avons la désagréable impression qu’Ultra Vomit se caricature lui-même.

Bien évidemment, nous avons quelques morceaux qui ont retenu positivement notre attention : « Dead Robot Zombie », bel hommage à qui-vous-savez, « Patatas Bravas » ou encore l’hilarante « GPT (à l’instant) » nous ont arraché des sourires et quelques mouvements de tête.

Mais cela ne va pas changer notre déception face à un album que nous attendions de pied ferme. Nous avons non seulement l’impression que les Ultra Vomit ne font que se caricaturer eux-mêmes. Nous avons aussi l’impression que le groupe n’y croit plus, que cet album a un goût de contraint et forcé. Ces messieurs veulent-ils encore faire de la musique ensemble ?

Si, bien évidemment, le groupe n’a pas vocation de faire des albums du calibre, par exemple, d’Opeth ou de Mass Hysteria, ce n’est pas parce qu’il s’agit de Metal parodique qu’on ne doit pas s’attendre à quelque chose de bon. La débilité, oui, mais de la débilité de qualité.

Pour conclure, nous ne vous encouragerons pas à ne pas vous procurer l’album, mais plutôt à l’écouter pour vous faire votre propre avis. Nous, nous avons passé notre tour, en espérant que La FLAMM… Pardon la passion sera de nouveau au rendez-vous, sur ce qui sera, on l’espère en tout cas, un prochain album.

2024 – Notre bilan d’une année pas si morose que ça !

Chers lecteurs (pour ceux qui sont encore là)

Malgré le peu d’activité de notre plateforme cette année (la faute à une année plus qu’occupée, à défaut d’accompagnants, et parfois de motivation), les albums les plus attendus cette année ne m’ont pas échappé, mais j’ai pu aussi faire quelques découvertes surprenantes qui auront su me transporter, à une époque ou l’amateur de musique est constamment sollicité par l’amas de nouvelles sorties qui s’accélèrent d’année en année. Je vous propose de revenir sur les galettes qui ont marqué 2024 !

Au niveau des groupes les plus rôdés de la scène internationale, certains, que nous n’attendions plus nous ont complètement surpris par la densité et la complexité, et l’originalité d’un album dont on n’attendait absolument rien. C’est le cas des Judas Priest, avec un « Invicible Shield » qui réussit à faire du hors-piste tout en gardant à l’esprit qu’il ne faut pas perdre les motards de la première heure qui s’accroche toujours au peloton. A 70 ans passés, les britanniques, emmenés par le Metal God Rob Hardford ont encore, nous l’espérons, de beaux jours devant eux. Niveau black metal, les Nile aussi ont réussi à surprendre avec un album, « The World Awaits Us All« , toujours aussi emprunt de riffs lourds, d’ambiances menaçantes et de voix graves saturés. Une ambiance glauque, pesante, et géniale : on attend juste de voir le dieu égyptien Seth s’élever en plein concert du groupe (Oui, on va vous le répéter, mais allez les voir en concert (Bordel))… Kerry King, enfin, prend littéralement son envol des années après l’arrêt de Slayer avec un premier album aussi prenant que divin (et qui prend tout son sens quand vous connaissez un tantinet la vie du gaillard) « From Hell I Rise ». Des morceaux complexes et variés, soulignés par une belle production, ce premier jet du guitariste impressionne. Nous n’avons qu’une hâte : voir ce que Kerry King nous réserve encore dans sa besace.

Nous les attendions au tournant, et ils n’ont pas déçus, bien loin de là, les Borknaggar nous ont encore une fois enchanté avec « Fall », un album plein de dualités et de complexités, nous offrant des vagues d’une beauté violente. Les Solstafir, eux, surprennent en opérant un retour à leurs origines black tout en gardant tout de même leur son d’aujourd’hui. Un savoureux mélange, qui pourra faire revenir les fans de la première génération. Swallow The Sun surprend aussi avec un album moins doom, plus atmosphérique avec même quelque chose d’assez inattendu : une pointe d’espoir et même un peu de réconfort. Ce petit changement s’en ressent jusqu’au titre plus qu’évocateur, « Shining ». Ils auront plus que confirmé, alors que leur précédent album « Veleno » avait placé la barre très haute : Fleshgod Apocalypse a signé l’album de la fin de l’été avec un « Opera » grandiloquant, puissant, féérique et violent qui emportera tout le monde sur son passage. Un des plus grands albums de 2024 !

Il y a eu les vraies surprises, celles qui nous ont pris de court : nous avons assisté au grand retour de The Old Dead Tree, qu’on pensait mort et enterré, et qui nous ont pris par surprise avec un nouvel album, le premier en 17 ans, le bien nommé « Second Thoughts ». Inespéré pour beaucoup, le groupe réussit le tour de force de frôler encore une fois l’excellence tout en explorant des pistes plus progressives, structurées au possible part cet incroyable clavier, d’une infinie douceur et d’un piquant incisif, pour nous donner juste un formidable retour, et un autre des disques de cette année 2024.

Enfin, on aura eu le droit à de belles découvertes : les Kalandra avec « A Frame Of Mind », ou nos chouchous français Hrafngrimr, dont l’album « Nifleims Auga » est notre coup de cœur de cet été, côté pagan. Nous avons aussi découvert avec joie Houle et son « Ciel Cendre et Misère Noire » qui n’a absolument rien à envier à un des plus grands noms du genre, Céleste. La scène black Metal française a encore de beaux jours devant elle.

2024 aura été une année dense. Ces années le sont de plus, les sorties étant bien plus fréquentes, tellement il y a une demande en nouveauté et en surprises. Beaucoup de groupes arrivent à tirer leurs épingles du jeu en produisant une musique de qualité, loin parfois de certains standards attendus, et qui va nous surprendre, tout en arrachant un sourire de nos lèvres et quelques headbangs bien sentis.
Ouais elle était chouette en fait cette année.

(Chronique) Solstafir – Hin Helga Kvöl

Les géants islandais osent-ils enfin sortir des sentiers battus, dans lesquels ils évoluent sans se soucier du lendemain ? C’est en tout cas le constat qu’on fait avec la sortie du nouvel album des Solstafir, « Hin Helga Kvöl ». Si la traduction littérale, « Seul » donc, pouvait laisser présager un opus aussi dans l’atmosphère mélancolique qu’habituellement, le rendu, pourtant, nous indique tout le contraire.

Car enfin, après quelques albums, certes, somptueux, mais à une redondance exécrable, Solstafir ose enfin prendre quelques risques en ajoutant plus de diversité à son registre, sans pour autant perdre la patte atmosphérique qui fait tant leur charme.

A commencer par un curieux retour aux sources : si vous suivez le groupe depuis ses débuts, vous n’êtes pas sans savoir que Solstafir faisait dans le Black Metal plutôt strident. Et on assiste, particulièrement avec le morceau-titre et « Nu Num Ljosi Deyja », à un retour aux plus noires de leurs racines, (mais, on vous rassure, avec l’absence du côté strident).

« Blakkrakki  » et surtout « Vor Ar » sont plus déroutant encore par un côté très … glam rock (oui, oui !) (surtout vers la fin de ce deuxième morceau cité au-dessus!), renforcé par la présence de la chanteuse invitée sur le morceau, Erna Hrönn Olafstadir. Sur « Kume », on a, cette fois, un petit côté jazzy qui transparaît, mais rend malheureusement le morceau très mauvais par l’abondance du saxophone, ce qui donne un côté « Musique d’ascenseur », voir musique de série de dernière zone.

Et tout cela à côté de morceaux plus classiques et aériens, comme « Salumessa », ou encore « Freygatan », qui aurait pu figurer sur un album des Pink Floyd tellement l’influence est omni-présente.

Il est difficile de qualifier ce nouveau jet des islandais de Solstafir tellement il en devient déroutant par sa pluralité et ses multiples facettes. Cet album, « Hin Helga Kvöl » reste curieux et se pose, pour nous, comme la pierre d’un carrefour pour le groupe, dans lequel il devra aller vers une direction pour marquer davantage une évolution, qui serait la bienvenue. On ressent, outre la brièveté de ces morceaux (chose qui se faisait plus rare chez Solstafir), la volonté de diversification afin de garder un auditeur alerte, prêt au moindre changement. Si bien qu’on ne cesse de revenir à l’écoute de cet album, tant on ressent qu’on a encore beaucoup à découvrir. Curieux donc, mais assez pour faire monter une attente et attiser notre attrait pour ce groupe. A faire découvrir aux rabats-joies.

8,5/10

[CHRONIQUE] Devin Townsend – Powernerd

Composé en un temps record (11 jours), ce nouvel album de Devin Townsend, « PowerNerd » surprend pourtant par son côté abouti et aérien, même s’il ne va pas révolutionner son répertoire en soi.

« PowerNerd » aurait pu avoir ce sentiment d’inachevé, quand on pense que Devin Townsend l’a composé en 11 jours, et, de base (et selon ses mots) pour ses fans. Effectivement, du morceau titre à « Jainism » (sur lequel on voit l’inspiration directe de l’album « Terria » (2001), en passant par « Dreams Of Light » (qui aurait pu figurer sur l’album du Devin Townsend Project « Epicloud » (2016)), l’album se pose en véritable rétrospective sans le vouloir de la carrière de l’artiste .

De ce point de vue, tout le monde, y compris les curieux occasionnels, y trouveront leur compte. Il ne faut pas se buter à la rapidité de la composition, puisque la qualité est bien là, avec, en prime, des sentiments décuplés (ce magnifique « Falling Apart » !).

« Powernerd » constitue une parfaite introduction au monde de Devin Townsend tant son côté généraliste de sa carrière est présent. Une petite rétrospective fun, sans prise de tête, mais toujours avec la virtuosité de Mr Townsend, saupoudrée d’une pincée de vécu personnel. Une belle mise en bouche qui conviendra à tout le monde, avant d’attaquer le deuxième volet d’une toute nouvelle quadrilogie qui promet de changer. Même pour Devin Townsend.

9/10

[CHRONIQUE] Fleshgod Apocalypse – Opera (coup de coeur)

Sixième album des maestros du Death Metal lyrique – FleshGod Apocalypse – « Opera » n’est pas seulement un hommage à cet art né à Florence, en Italie, mais aussi un opus thérapeutique pour son chanteur, Francesco Paoli, alors en très longue convalescence après un grave accident d’alpinisme. Nous pensions par ailleurs, après le départ de Paolo Rossi et l’immense succès de la dernière galette du groupe, « Veleno » (2019) que ces derniers ne produiraient plus rien de significatif. On se trompait lourdement.

Se jouant des frontières des genres – musicaux ou non – Fleshgod Apocalypse se permet des tempos différents, des sonorités différentes, des atmosphères différentes, allant bien au-delà du Death Metal : loin d’être un album linéaire et indigeste – que peut apporter l’orchestration à outrance (n’est-ce pas Nightwish ?), chacun des éléments est dosé avec sagesse et permet d’équilibre le tout pour livrer à la fois un ensemble robuste, puissant, mais aussi dramatique et grandiloquent, à l’image de nos italiens. On ressent même une immense dose d’épisme dans chacun des morceaux d’ « Opera », ce qui ne s’entendait pas autant sur les précédents opus du groupe.

Les morceaux alternent donc entre des moments plus calmes et des chevauchées entraînantes. Une basse, jouée par Francesco Paoli (qui a repris le flambeau depuis le départ de son collègue) est complètement mise à nu sur « Pendulum », donnant un air doom totalement inattendu à la chanson. La divine Veronica Bordacchini, désormais complètement intégrée et de plus en plus impliquée dans Fleshgod Apocalypse, royale avec sa voix de soprano sur « Ode To Art » qui vire plus rock sans problème dès le morceau suivant « I Can Never Die ». Mais ce sont surtout des textes forts (« Matricide 8.21 » et « Morphine Walz » en tête) qui vont, avec la puissance de l’orchestration, complètement vous transcender (on vous met au défi de ne pas vous lever sur « Morphine Walz » pour tout détruire autour de vous d’ailleurs). « Per Aspera Ad Astra » est une pépite qu’on aime d’amour et de violence !

On a donc ici, alors qu’on pensait que le groupe avait atteint son apogée, un album exceptionnel : Fleshgod Apocalypse nous prouve qu’ils en ont encore dans le bide en nous livrant quelque chose d’épique et de majestueux, un poil trop grandiloquent certes, mais on s’y attendait de la part des italiens. Une belle pépite qui nous aidera à passer le cap de la rentrée. L’album de cette fin d’été.

9,5/10

[CHRONIQUE] Hrafngrimr – Niflheims Auga (coup de coeur)

Originellement un collectif d’artistes fondé par Mattjö Haussy en 2020, à la sortie de Skàld, Hrafngrimr a finalement su évoluer, pour non seulement, devenir un groupe à part entière, mais aussi s’éloigner du pagan folk à la Skàld justement. Retour sur un premier album « Niflheims Auga », qui nous aura très agréablement surpris.

Il faut dire que nous nous attendions, forcément, à une copie conforme de la désormais célèbre formation française. Que nenni ! Si on ressent une immense influence des Heilung, le groupe fait preuve d’originalité en y intégrant des rythmes, plus groovy, plus « organiques », voire même plus oriental ! Et quand ce dernier s’accompagne d’un chant grave qui peut aussi bien s’apparenter au chant du nord qu’au chant maghrébin, cela donne une fusion tout à fait unique et originale.

La voix de Mattjö, venant racler le fond de la gorge, offre un chant typique qui vous fera instantanément voyager. Le chant de Christine, qu’on n’aurait pas pensé, à première vue, qu’il conviendrait aussi bien à ce genre, mais présenterait aussi une large palette de tonalité – jusqu’à nous sussurrer parfois à l’oreille une étrange litanie – offre un contraste fascinant, et colle parfaitement à cet univers pleins de mélanges que nous offre Hrafngrimr. Des voix féminines atypiques, le folk en est très friand : des plus particulières comme celle de Lindy Fay Hella (Wardrunna) et Maria Franz (Heilung), des plus mielleuses comme Laura Fella (Faun), des plus douces ou même des plus puissantes, comme les deux chanteuses qui se sont succédés dans un groupe que j’ai connu il y a une bonne dizaine d’années maintenant, O An Thar.

Car au-delà d’être un groupe de « neo-folk » comme se plaisent certains médias à les appeler, les français ont une seule mission pour nous : nous faire voyager, nous transporter, et il y arrivent avec grand succès, par un son original, une patte qui désormais leur appartient, chose rare dans un milieu où tous les morceaux ont tendance à se ressembler.

C’est un fantastique retour que nous fait aujourd’hui Hrafngrimr : se retrouvant en comité réduit mais renforcé, le groupe nous sert un premier album d’une majesté totale qui vient titiller de très très près les plus grands noms du folk. Une formidable redécouverte qui nous a fait voyager, le sourire aux lèvres, et oublier le quotidien. Une excellente galette, que nous vous conseillons impérativement?

10/10

[CHRONIQUE] Pain – I Am

Huit ans … L’attente pour ce nouvel album de Pain a été très longue pour de nombreux fans. En cause, peut-être un manque d’implication et une certaine lassitude de Peter Tägtgren, préférant se consacrer à d’autres projets comme Hypocrisy ou encore Lindemann. Parti de ce dernier, et après quelques concerts de chauffe en 2023, le patron semble vouloir revenir aux affaires avec un opus assez vindicatif « I Am ».

D’ailleurs, peut-on y voir le signe que cet opus a été pondu dans la douleur ? En tout cas, cet « I Am » est un album fort, où le chanteur y fait sa propre introspection, sa propre analyse de soi, en tout cas sur les deux dernières années (selon ses dires).

Des textes puissants, parfois incitant à la rébellion, qui pourront parler à certains d’entre vous et qui donne un caractère plus sérieux à un projet musical qui n’était au départ, qu’un passe-temps, un jouet du suédois pour souffler entre deux périodes d’Hypocrisy.

Mais rassurez-vous, si l’album semble plus personnel, le reste ne change pas ! On retrouve tous les éléments qui ont fait et font toujours le succès de Pain : le côté indus techno dansant et groovy qui fait le charme et l’identité du groupe, alliés à de puissants riffs. On retiendra surtout l’excellent « Party In My Head », déjà sorti en 2021 (et on vous met au défi de ne pas chantonner l’air après l’écoute), le puissant « Push The Pusher » qui vous fera tellement tourner la tête qu’il vous en brisera les cervicales, ou le groovy « I Just Dropped By (To Say Goodbye) » sur lequel vous pourrez caler les mouvements de danse que vous n’aviez jamais osé faire jusque là.

Nous aimons tout particulièrement aussi « Don’t Wake The Dead » faisant presque sauter la frontière avec du death mélodique et venant nous titiller le coeur. Le très eightie’s « Go With The Flow » par son ambiance electro pop qui nous ramène à une époque pas si lointaine, quoi qu’en dise les médisants sur ce morceau qui aura pas mal fait parler de lui parmi les fans.

D’ailleurs, le maître Peter Tägtgren se montre en grande voix, et fait preuve d’une belle tonalité comme à son accoutume !

Nous avons été surpris de trouver de nouveau le titre « My Angel », en collaboration avec la française Cécile Siméone, sur un album de Pain, près de 13 ans après sa sortie initiale. Pourquoi remettre ce morceau sur un album, sans, d’autant plus, le rebosser derrière ? Parce que son propos colle avec les dernières actualités ? Mystère. Idem mais autre cadre pour « Fair Game » qui est, en fait, un morceau proposé par Peter Tägtren à un autre groupe qui l’avait refusé. Ce dernier, au ton hyper larmoyant ne colle pas à l’album, et même à la musique de Pain, nous sortant définitivement du cadre. Heureusement qu’elle termine l’album.

C’est donc un excellent et fort album – mais un brin inégal – que nous sert Pain avec « I Am ». Souligné par une excellente production, l’album saura vous ravir et vous divertir. Un très bon cru, encore une fois, signé Peter Tägtren !

9/10

[CHRONIQUE] Feuerschwanz – Warriors

Histoire de fêter en toute beauté les vingt années d’existence du groupe, les teutons de Feuerschwanz sortent une compilation, sobrement intitulée « Warriors » et comprenant les reprises en anglais de titres comme Highlander et Memento Mori. Une façon aussi de s’ouvrir à l’international.

Il est loin le temps où je découvrais Feuerschwanz sur la grande scène du Summerbreeze, en plein milieu d’une belle après-midi de l’été… 2013 !

Bon, je dois vous avouer, chers lecteurs, que j’ai pris un beau coup de vieux en apprenant la formidable évolution de ce groupe, de base folk moyen-âgeux allemand teinté d’un contour rock, qui était – je le pensais alors – voué à rester dans les frontières de son propre pays.

Pourtant, le groupe a su évoluer, et plus récemment avec un tournant plus rock en 2015, bien plus metal en 2020 avec la sortie de l’album « Das Elfte Gebot » qui aura conquis le coeur de nombreux fans sur cette planète – oui, on reste persuadé que chanter en allemand ne va pas être un frein à faire une belle carrière internationale (sauf aux Etats-Unis, on conçoit). C’est après une belle tournée – à guichet fermée que la décision de sortir « Warriors » a été prise.

Alors sur les morceaux en eux-mêmes, nous n’auront pas grand chose à dire – il s’agit des reprises en anglais des standards allemand de Feuerschwanz. Le groupe aura tout de même mis deux inédits, notamment – et encore – une reprise de « Valhalla Calling » (décidément on l’aura entendu à toutes les sauces celle-là) mais sur un thème folk entraînant ce qui en fera une parfaite réussite.

Car voilà tout l’intérêt de cette compilation : la production particulièrement soignée sur chacun des morceaux ! Nous les redécouvrons avec une puissance et une qualité de son merveilleuse. Et rien que pour cela, la galette vaut son pesant de cacahuètes.

De plus, on a une pléiade d’invités ! Chris Harms (Lord Of The Lost), les Saltatio Mortis, Dominum, Orden Ogan,
Francesco Cavalieri (Wind Rose) … De quoi donner un nouveau souffle à des morceaux qu’on connait déjà, mais qu’on se surprend à les redécouvrir avec passion.

Alors certes, on regrette que le groupe soit passé sur de l’anglais sur cet album, surtout dans le but de faire une percée à l’internationale. Ils sont tellement bourrés de talents nos petits teutons de Feuerschwanz qu’ils n’ont pas besoin de ça. Mais nous vous conseillons, par sa merveilleuse production et son incroyable qualité de son, de vous penchez dessus si vous êtes un néophyte du groupe. Et si vous êtes collectionneur ou fan invétéré du groupe, cette compilation de « Warriors » saura également vous satisfaire car il s’agit d’un objet beau et particulièrement bien soigné, qui sera du meilleur effet dans vos étagères.

9/10