C’est en plein coeur de Paris que je retrouve Greg, chanteur de Wild Dawn. Ce groupe, nous venant tout droit d’Orléans, nous présente son nouvel EP, « Bloody’s Jane Shore », une bonne petite galette à base de potes, de spontanéité et de plaisir selon le sieur Greg.
Entretien le 9 avril 2015 en face à face.
Metal-Actus : Comment avez-vous travaillé sur cet EP ? Aviez-vous une quelconque pression ?
Greg (chant/guitare) : Cela fait six ans que Wild Dawn existe et là, c’est notre deuxième EP, « Bloody’s Jane Shore ». On a choisi de passer sur un format EP car on est longtemps resté sur la promo de « Pay Your Dues » et on a estimé qu’ il nous fallait donc du nouveau son et rapidement. C’est pour ça qu’on est parti sur un format plus court. Et puis ça nous semblait plus en adéquation avec comment les gens consomment de la musique : les gens téléchargent maintenant, ont 100 GO dans leurs IPOD…. cela permettra donc aux gens de se les approprier plus facilement. Et c’est beaucoup plus rapide pour nous, et plus facile de s’organiser pour faire un EP : les studios pros, c’est chouette mais ça a un certain coût. Et comme nos studios étaient dispos tout le temps on s’est dit qu’on allait le faire là, à notre rythme et se servir du studio comme d’un laboratoire pour réaliser des expériences musicales. Et c’était plus fun car on était entourés de potes. Ouais, c’est un EP à base de potes !
Vous avez décidé de la jouer spontané dans cet EP ? On note beaucoup de choses, notamment beaucoup de stoner…
C’est le cas, et si ça s’est ressenti, c’est que c’est plutôt réussi (rires). On a travaillé sur les autres albums avec des personnes qui ont une
approche de la musique assez puriste, des gens qui nous conseillait sur notre musique, comme doubler à la guitare une partie … Alors après, ça donne un résultat « à l’ancienne » puisqu’on se retrouve avec un bon son, mais cette fois on s’est dit qu’on le ferait à notre sauce, et que si on avait envie de tripler voir quadrupler la guitare, et bien on le fera. Bon on ne l’a pas fait parce qu’au final, ça aplatit vachement le son quand même (rires). De mon côté, j’avais décidé de doubler mes parties de voix sur les refrains pour que ce soit un peu plus « catchy ». Et on a testé des choses, ce qu’on ne pouvait pas faire forcément avant quand on arrivait en studio car on n’avait parfois plus le temps de s’occuper de ces « expérimentations » mais comme on avait le studio à notre disposition, on y allait à notre rythme. Même si on a bouclé cet EP assez rapidement (rires)
Quels sont les « potes » qui vous ont entourés ?
On a travaillé avec Nicolas Sarda, ami de longue date, qui bosse dans le son et qui voulait travailler avec nous depuis longtemps. Mais, à chaque fois, nous n’avions pas forcément l’opportunité de le faire. Cette fois, il était disponible pendant l’enregistrement. Et il a fourni un travail de dingue. C’était une de ses premières productions en studio. Et on est super contents du résultat.
C’est l’un des avantages d’être avec des potes : tu communiques vachement bien. Si à un moment, ça ne te plaît pas, tu peux leur dire. Il n’y a pas de barrière. Et puis, il y avait de l’ambiance en studio, on avait tous la banane.
Vous l’avez enregistré en combien de temps ?
En cinq jours ! On faisait de grosses journées, de 7 à 9h de studio.
Au niveau des paroles, est-ce que leurs écritures a été aussi spontanée ou est-ce que cela t’a pris un peu plus de temps ?
Vu que j’écris tout seul les paroles de Wild Dawn, j’ai essayé de changer mes habitudes : j’écris en anglais, car je trouve que ça chante mieux que le français. Comme j’avais tendance à écrire avec mon anglais à moi, j’ai fait un effort pour améliorer mon niveau, faire en sorte que mes paroles soient plus profondes, soient dotées d’un double sens. Et puis, je suis passionné par la langue (sourire). Sinon, j’écris en fonction de mes humeurs : ça peut être des thèmes plus sombres, des thèmes plus festifs.
Cet EP fait 9 titres. D’où vous ait venu l’idée d’y incorporer 3 titres acoustiques ?
On a eu les six nouvelles compos qu’on avait décidé d’enregistrer, et on avait trois titres en acoustique qu’on avait enregistré durant la promotion de notre précédent album, « Pay Your Dues ». On avait fait le tour des radios et sur les stations, ils sont très friands de groupes jouant en live. Sauf que jouer de manière amplifié dans un studio de radio est toujours compliqué, donc ils nous avaient demandé si on ne pouvait pas faire de l’acoustique. Donc on a décidé d’arranger trois titres de notre album . On les avait enregistré par la suite, et on les avait mis sur youtube, envoyé en pâture, comme ça (rires). Et du coup sur cet EP, on s’est dit qu’après tout, pourquoi ne pas les inclure ? Après, pour nous, c’est juste des bonus tracks, qui montre une autre facette du groupe, même si c’est marqué sur la cover en gris, sur fond gris.
Les envoyer « en pâture » comme tu dis, il n’y a pas plus rock’n’roll comme attitude …
Je pense que dans le rock’n roll, il ne faut pas trop se prendre la tête, il ne faut pas oublier que ce n’est que de la musique.
On n’est pas investit d’une mission quelconque. On ne se prend pas au sérieux, même si on essaie d’avoir une certaine
rigueur au niveau du travail : on passe du temps sur les morceaux, à les peaufiner en studio, à écrire les paroles, ça demande
énormément d’implication. C’est vrai que les morceaux sont spontanés, ça rentre dedans, les trois titres acoustiques, on
les a mis, ça fait matière à parler dans les chroniques (rires). C’est une autre manière d’aborder un opus : ce sont des morceaux qui donnent du plaisir
Et justement, que pense-tu de ces personnes, artistes ou fans, qui se prennent justement la tête sur le rock’n roll et la musique ?
Chacun nettoie le pas de sa porte. Certains veulent se donner une image sérieuse. Nous, justement, on essaie de désacraliser un peu ce truc-là car je pense qu’on a tous commencé la musique avec des potes dans un garage, dans un studio…et ça me ferait mal d’entendre le contraire ! Quand tu propose de la musique aux gens, ça ne peut pas plaire à tout le monde. Mais voilà, c’est ce qu’on propose ! Si t’aimes, tant mieux, si t’aimes pas, bah tant pis et passe. Il faut garder cette spontanéité, sinon, ce n’est plus du rock.
Qui a fait la couverture de votre EP ?
C’est également un pote, Pierre Lazarévic, qui nous a fait cette cover. A chaque fois, on se prend la tête sur les artworks, on n’est jamais d’accord sur ce qu’on veut. J’ai demandé à Pierre de nous faire la cover, en disant que ça nous ferait plaisir, et il a accepté. Quand il m’a demandé quelques pistes, je lui ai dit que j’imaginais, quand j’ai écrit le morceau « Bloody’s Jane Shore », une histoire post-apocalyptique dans le désert, un peu à la Mad Max. Et je lui ai laissé carte blanche. Et le pote, il a bien géré ! Il a su garder l’esprit de Wild Dawn : pas trop de couleurs, du rouge, du blanc, quelque chose de catchy avec le côté comics qu’on aime bien. Il y a un petit côté « Steal This Album! » de System Of A Down dans le concept. Et puis une cover, il faut quand même que ce soit joli à regarder (rires). On soigne particulièrement nos objets, parce que des gens font l’effort de l’acheter.
Du coup, vous êtes prêts à balancer ces nouveaux morceaux sur scène ?
On l’a toujours été (rires). Pour l’instant, en fait, notre délire en ce moment est d’aller en studio, d’enregistrer des choses. Pour ne rien te
cacher, dans deux semaines on retourne en studio enregistrer car on a des choses pleins la tête et qu’il faut qu’on les mette à plat. Après on a quand même une date de concert le 24 avril à Orléans, qui fera office de release party, puisqu’on joue à la maison. Ce sera avec Dagoba, Sticky Boys, et Impureza. On attend beaucoup de monde sur ce concert.
On aimerait bien aussi franchir un cap avec cet EP et franchir les frontières : on a des possibilités de concert au Japon et en Russie. Ce serait marrant d’aller tourner là-bas même si, pour l’instant, il n’y a rien de fait. Mais on aimerait bien voir comment on serait accueilli autre part. D’après d’autres groupes, les japonnais sont très friands de ce que proposent les français, en terme de musique amplifiée.
Que souhaites-tu pour le futur de Wild Dawn ?
On veut avant tout continuer à prendre le maximum de plaisir, de faire le maximum de date de concert … Il y a quelque chose d’unique, de pouvoir jouer ta musique sur scène. Quelque part, on compose pour partager notre musique et pour le live. Wild Dawn, c’est une expérience qui se vit avant tout sur scène : on a un crew (équipe) qui nous suit, on travaille vraiment un show avec la lumière, le son. C’est une quelque chose qui se doit d’être vécue dans sa vie métallienne. Donc pour résumer, faire des dates, continuer à faire des morceaux et prendre un maximum de plaisir. Et puis quand ça me saoulera, j’arrêterai tout simplement.
Un dernier mot ?
Continuez à partager et à faire vivre cette musique, le rock, dans sa globalité, continuez à vous déplacer en concert, continuez à supporter les groupes que vous aimez. Pour ce qui est de Wild Dawn, achetez notre Ep « Bloody’s Jane Shore, piratez-le (rires), ou en tout cas écoutez-le, peu importe la façon, et on attend avec impatience vos retours.