Six ans ! C’est le temps qu’ont pris les suisses d’Eluveitie pour pondre un nouvel album, sobrement nommé « Anv ». Un album sombre et captivant avec lequel Eluveitie retrouve de sa superbe et fait oublier les déboires passés. Car malgré un opus folk prometteur, les années qui ont suivi le premier tremblement de terre line-upien du groupe de metal celte (à savoir les départ d’Anna Murphy, Merlin Sutter et Ivo Henzi en 2016) n’ont pas été toutes roses, le groupe ayant eu le plus grand mal à rebondir et à imposer ses nouveaux membres aux fans du monde entier. Mais l’eau coulant sous les ponts, et les gens oubliant, Eluveitie a pu prendre le recul nécessaire pour se travailler et revenir bien plus forts.
« Anv » est moins accessible que ces deux grands frères, mais va également être un album « old school », sans avoir un concept fort et précis : mais ce n’est pas pour autant un album fait à la va-vite, mais, au contraire, c’est un objet soigné, avec un son d’une clarté à en faire pâlir les plus grand groupes actuels – et ce n’est pas rien quand vous faîtes un truc aussi compliqué à enregistrer que du celtic folk metal – des paroles puissantes, des morceaux qui vont vous faire dresser les poils comme des I (mon dieu, cette fin de « Premonition » avec ces cris de Chrigel Glanzmann (chant/mandoline).
Anv prend différentes couleurs et va s’imposer comme l’ultime voyage sensoriel pour tout fan du genre celtic folk qui se respecte : des influences death mélo à la suédoise sur les deux premiers morceaux (particulièrement « Taranoias ») à quelque chose de plus agressif et noir sur « Premonition » ou encore « Awen », qui revêt d’ailleurs une personnalité néo-metal surprenante, qu’on ne pensait jamais entendre de la part d’Eluveitie, mais qui pourtant marche à la perfection.
Bien évidemment, la douceur n’est pas oublié avec les morceaux menés par Fabienne Erni (Chant/harpe) : « Anv » avec ses chœurs aériens, la très entêtante « All Is One » (qui n’arrive pourtant pas à la cheville de « A Rose For Epona » dans la catégorie des morceaux les plus gnangnan des suisses), ou encore la sublime « Aeon Of The Crescent Moon », une ballade noire au groovy endiablé à vous en faire péter les cervicales. Enfin, nous avons un final en apothéose avec « The Prophecy », morceau complètement fou ou chacun des membre du groupe semble habité par une force mythique.
Alors qu’en penser de cet « Anv » ? L’album est un superbe objet qui va se placer entre un son passé glorieux et un avenir réussi fait de risques et d’expériences sur de nouvelles sonorités, et qui permet, enfin, à Eluveitie de se renouveler (et bordel, ce n’était pas trop tôt). Un album varié, raffiné, noir, violent, qui touche parfois au sublime, mais aussi, et malheureusement, à un pathos qu’il faudrait que les suisses oublient (oui, la balade Power Metal n’était vraiment pas nécessaire). Un beau voyage sensoriel qui conviendra à la plupart des métalleux, qu’ils écoutent ou non Eluveitie.
9/10
